La police dont nous ne voulons pas. Et celle que nous voulons.

Une enquête de « Loopsider » nous révèle aujourd’hui les images immondes, sidérantes, de violences policières survenues ce 21 novembre dans le 17ème arrondissement de Paris. La victime ? Michel, producteur de musique. Son crime ? Avoir été quelques instants sans masque de protection, avant de rentrer dans son studio. S’en suit un déchaînement de violence inouï, où Michel et plusieurs jeunes artistes sont passés à tabac par des policiers. Au commissariat, les policiers accusent faussement Michel d’outrage et de rébellion. Les images de vidéo surveillance de studio montrent aujourd’hui la vérité : une véritable ratonnade.

Ces images sont le symptôme d’une dérive violente et raciste qui gangrène la police. De la répression brutale des manifestations gilets jaunes à celle des migrants place de la république ce lundi, les scènes innommables sont devant nos yeux, jour après jour. Le Ministre, l’ IGPN, les préfets, la hiérarchie, ont failli. Ils ont toléré et rendu possibles de tels actes. Ils ont laissé faire, quand ils n’ont pas couvert, les agissements quelques organisations syndicales policières en déshérence où les idées et les pratiques d’extrême-droite règnent maitresses. Ils ont laissé certains policiers se comporter comme des nervis. Ils ont laissé ceux qui doivent être les gardiens de la paix semer la terreur. Avec la « loi sur la sécurité globale » ils voudraient maintenant leur donner carte blanche, leur donner un véritable permis de tabasser. Ce faisant, ils ont discrédité l’institution policière et suscité la défiance de la population.

Cette police-là, nous n’en voulons plus. Il faut une enquête et des sanctions immédiates et implacables contre les coupables. Surtout, il faut refonder entièrement l’institution policière. Purger la police de ses éléments malades. Donner une formation complète aux nouveaux. Restaurer les principes républicains et ne tolérer aucune entorse.

Donner aussi à cette police refondée les moyens de travailler, d’être présente là où il le faut. Car la même police qui réprime de façon brutale et insensée des innocents n’est souvent pas là où elle devrait être et n’agit pas là où elle devrait agir. Ce 23 novembre par exemple, elle n’était pas là, à Saint-Denis, quand les habitants d’un immeuble ont voulu dénoncer les agressions d’une trentaine de dealers : la police n’a pas pris la plainte des habitants, puis est arrivée trop tard quand ceux-ci ont été attaqués, qu’un locataire a été défenestré. Une scène beaucoup trop courante dans certains quartiers populaires où l’État a renoncé à remplir ses missions. Ça aussi, nous n’en voulons plus.

Le Préfet républicain Maurice Grimaud, dont la lettre aux policiers du 29 mai 1968 est restée célèbre pour sa condamnation de tout emploi injustifié de la force, écrivait : « être policier n’est pas un métier comme les autres ; quand on l’a choisi, on en a accepté les dures exigences mais aussi la grandeur. » Voilà la police que nous voulons : une police respectée par les citoyens parce qu’elle les respecte, une police de proximité dotée de moyens suffisants pour assurer la paix civile. Une police républicaine.