Blessés psychiques de guerre : entretien avec l’Insoumission

Les blessés psychiques de guerre ? Vous n’entendez pas souvent parler. Et pourtant les conséquences sont souvent dévastatrices. Entretien exclusif de l’insoumission avec le député insoumis Bastien Lachaud, rapporteur d’une proposition de loi visant une meilleure reconnaissance des blessés psychiques de guerre dans le cadre de la niche parlementaire des insoumis qui aura lieu ce 6 mai 2021.

Ce mercredi 14 avril 2021, vous présentez un projet de loi en faveur de nos militaires blessés. Quel est l’objet de cette proposition de loi ?

Cette proposition de loi vise à rendre automatique l’ouverture de tous les droits (pension et décoration) des blessés psychiques de guerre une fois le diagnostic établi par le service de santé des armées. Bien sûr, ce ne serait pas instantané : les administrations devront travailler mais au moins les blessés ne devraient plus avoir à les solliciter. Ce qui est déjà pénible pour les blessés physiques devient quasiment impossible pour les blessés psychiques : c’est une souffrance en plus et le risque est grand de les voir renoncer à leurs droits. D’ailleurs, dans 93% des cas diagnostiqués, les demandes qui font suite reçoivent une réponse favorable. On peut donc simplifier le processus.

La blessure psychique est un sujet dont j’ai conscience depuis longtemps et sur lequel je voulais avancer. J’appartiens à une formation politique qui accorde une très grande place à la question de la paix : c’est parce que nous avons bien conscience des réalités et des conséquences de la guerre.

Ces dernières années, la question de la blessure psychique s’est aussi rappelée à moi plusieurs fois. Le fils d’une collègue en a été victime ; comme pour beaucoup, le film Le souffle du canon a aussi été un aiguillon. Et puis, il y a un an, mes collègues de la commission de la défense, Anissa Khédher et Laurence Trastour-Isnart ont rédigé un rapport très complet sur le suivi des blessés.

Un an après, j’ai voulu apporter une contribution concrète à l’amélioration de la situation et aussi donné aux députés l’occasion de faire le bilan de l’action du gouvernement sur le sujet. Les rapports des parlementaires sont très souvent sous-exploités par l’exécutif.

Qui avez-vous auditionné dans le cadre de cette proposition de loi ?

Les conditions de travail ne sont pas optimales du fait de la situation sanitaire mais aussi parce qu’il faut rappeler que la Vème République ne donne pas beaucoup de moyens aux députés. Nous avons donc dû travailler dans un temps très court et je remercie d’autant plus sincèrement les personnes qui se sont rendues disponibles pour cela.

En fin de compte nous aurons auditionné le DRH du ministère, le vice-amiral d’escadre Hello, l’ONAC-VG, le SSA, et deux associations, L’Union des Blessés de la Face et de la Tête (UBFT) et Soutien et Protection pour les Troupes – SPT. Cette dernière nous a permis d’entendre les témoignages de six blessés qui ont fait un immense effort pour partager leur expérience. Je leur en suis particulièrement reconnaissant.

La Commission de la Défense et des forces armées dont vous être membre devrait soutenir ce projet en faveur des militaires blessés de la nation, aurez-vous son soutien ?

Je ne peux pas présumer de la position de mes collègues. J’espère sincèrement que nous saurons trouver une position de consensus sur ce sujet. En discutant avec Laurence Trastour-Isnart, qui a co-rédigé le rapport que j’évoquais plus haut, nous avons décidé d’améliorer ensemble le texte.

Nous déposons des amendements semblables et la secrétaire de la commission Marianne Dubois fait de même : cela compte beaucoup pour moi. Je crois qu’au sein de la majorité, il pourrait aussi y avoir des soutiens : espérons que la REM ne refusera pas ce texte au motif qu’il est issu de l’opposition, en l’occurrence la France insoumise, comme ils en ont trop souvent l’habitude.