Réduire l’empreinte environnementale du numérique

Le 10 juin 2021, Bastien Lachaud a défendu le principe de l’écologie populaire pour réduire l’impact environnemental du numérique.

Il faut prendre des mesures résolues et contraignantes, et agir au niveau de la production, pas des consommateurs.
Il a défendu la réduction de la fracture numérique, afin que tous aient accès au numérique dans de bonnes conditions économiques et écologiques.
Au lieu que certains polluent avec un mode de vie high tech jetable, pendant que d’autres sont relégués sans accès au numérique, ni aux services publics.

Lire le texte de l’intervention :

Il y a urgence ! Le dérèglement du climat est commencé. Il faut prendre des mesures résolues pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et la destruction du seul écosystème compatible avec la vie humaine. Nous ne pouvons pas nous contenter de belles déclarations d’intention, et de mesures non contraignantes. Nous n’avons plus le temps !

En matière de lutte contre l’empreinte environnementale du numérique, comme pour le reste, il faut traiter les causes, et non pas les conséquences. Il faut agir au niveau de la production, et pas faire des incitations aux consommateurs, qui ne peuvent pas choisir des options que la société ne leur propose pas.

Cette proposition de loi apporte des avancées, concernant l’éducation à la sobriété numérique, l’obsolescence programmée et notamment l’obsolescence logicielle. Elle met en place une cosigne sur les éléments numériques, promeut le réemploi pour les équipements publics, apporte des avancées pour le reconditionnement, et crée des obligations d’affichage de l’empreinte numérique. Tout ceci est sans doute très utile et important. Mais le passage en commission a enlevé des éléments contraignants et normatifs qui était déjà peu nombreux. Il a également enlevé l’allongement de la durée de garantie légale.

En somme, ce texte va apporter quelques avancées, et surtout servir à se donner bonne conscience.

Évidemment, le cœur du sujet réel du texte ne peut pas être abordé par voie d’amendement, puisque les ciseaux rageurs de LREM pour décréter hors sujet tout et n’importe quoi ont encore frappé. Artificialisation des sols pour construire des serveurs ? Hors sujet ! Pollution lumineuse et spatiale de Starlink, alors qu’une collision grave s’est déroulée sur l’ISS il y a peu ? Hors sujet ! Indice de durabilité ? Hors sujet ! Extension de l’indice de réparabilité à tous les objets électriques et électroniques ? Hors sujet !

La question des émissions importées n’est pas abordée, alors que celles-ci ont augmenté de 78% entre 1995 et 2018. Nous délocalisons les pollutions numériques, et elles ne seront pas concernées par cette loi !

L’amendement sur le moratoire sur la 5G, recevable en commission irrecevable en séance – décidément avec l’arbitraire en marche, allez comprendre. La politique écologique du numérique doit être une politique sociale ! Car pour les personnes modestes, habitants des zones rurales, âgées, ces critères étant cumulatifs, c’est la double peine : non seulement ils n’ont plus accès aux guichets des services publics, parce qu’ils n’existent plus, et ils n’ont pas accès aux guichets numériques non plus. Faute d’internet, faute de savoir s’en servir, parce que ça coute trop cher. Résultat : des personnes sont exclues de tout accès au service public ! 13 millions de Français sont touchés par l’illectronisme.

Selon le défenseur des droits, 15 % de la population n’a pas d’accès à internet de bonne qualité ! High tech polluant pour les uns, relégation sociale et galère pour les autres. Voilà le résultat d’une écologie anti-sociale !

La « dématérialisation » est un leurre : les gens n’ont plus accès à un guichet physique, c’est vrai, mais le guichet numérique demande une grande quantité de matière première et d’énergie. Il est loin d’être écologique. La fabrication des terminaux a un coût environnemental et social important, et représente 70% de l’empreinte carbone du numérique. Mais là, on ne fait rien ! Les mises sur le marché ont augmenté de 48,5% entre 2017 et 2020.     

La moyenne de renouvellement d’un téléphone est de 24 mois en France : elle devrait être de au moins 5 ans si on veut pouvoir vivre sur une seule planète Terre.

Les métaux lourds et leur extraction ont des conséquences très graves sur l’environnement, l’extraction de ces métaux génère des gaz à effet de serre et nécessite de grandes quantités d’énergie, elle contribue également à la pollution de la ressource en eau à cause des produits utilisés, et leur recyclage est très limité. Leur extraction pose au demeurant des problèmes de souveraineté.

Sur la redevance copie privée pour les appareils reconditionnés, nous y reviendrons dans le débat, mais je pose comme préalable que comme dans toute chose il ne faut pas opposer la culture et l’écologie. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Oui, il faut préserver la culture et donner des moyens à ce secteur, et oui il faut planifier la bifurcation écologique, notamment en réduisant la création de terminaux neufs. Le gouvernement dans l’embarras veut proposer une nouvelle usine à gaz avec un chèque de 10€ pour tenter de faire plaisir à tout le monde. Ce dispositif complexe présente l’assurance du non-recours. Nous défendrons donc l’exonération de la redevance pour les produits reconditionnés.

Le groupe de la France insoumise a défendu la création d’un domaine public commun pour garantir une protection sociale à tous les travailleurs de l’art, nous avons proposé la création d’un centre national des artistes-auteurs et la un fonds d’aide à la création. Les alternatives existent ! Vous les avez refusées !

En somme, ce texte revient à vider l’océan à la petite cuillère, nous n’avons pas le temps, et ça ne sert à rien. Nous sommes pour une écologie populaire, et la planification écologique des emplois du numérique, comme du reste de l’économie. Faisons la bifurcation écologique de nos modes de production : c’est urgent !