Contre la faim en Seine-Saint-Denis : l’État doit agir !

Depuis le début de la Pandémie de Covid-19, la Seine-Saint-Denis est particulièrement touchée. Les injustices accumulées depuis tant d’années et que nous n’avons cessé de dénoncer aggravent l’impact de l’épidémie. La pauvreté, la précarité, le manque de moyens des services publics, tuent. Et dans tout le département, la crise sanitaire se double d’une urgence sociale. Les inégalités, la précarité insoutenables qui touchent déjà en temps normal un grand nombre d’habitants des villes et quartiers populaires ne cessent de s’aggraver. Au point que la faim fait son retour, en France, dans la 6ème puissance économique mondiale ! Je reviens ici sur ce scandale, et sur les solutions que nous proposons.

La crise sanitaire se double d’une urgence sociale : « les gens ont faim »

Je recueille chaque jour les témoignages alarmants et déchirants d’habitants de ma circonscription, à Aubervilliers, à Pantin. »Les gens ont faim » disent les bénévoles. Partout, nombre de nos concitoyens éprouvent des difficultés à faire face aux dépenses du quotidien. Partout, le nombre demandes d’aide auprès des Centre Communaux d’Action sociaux ont plus que doublé. Partout, les files d’attente s’allongent devant les points de distribution alimentaire. Comme de nombreux autres élus, je ne cesse de tirer la sonnette d’alarme.

Le pouvoir lui-même avoue la gravité de la situation

Le préfet de la Seine-Saint-Denis, dont la presse a rapporté les propos, estime que 15 à 20 000 personnes risquent d’avoir du mal à se nourrir. Il en vient même à dire qu’il craint des « émeutes de la faim ». Propos peut-être excessif. Ce n’est sans doute pas la violence d’hypothétiques « émeutes » qu’il faut pointer, mais celle, insidieuse mais insoutenable, que subissent chaque jour celles et ceux qui souffrent : la peur, la stigmatisation, la solitude. Quoi qu’il en soit, pour qu’un haut représentant de l’Etat tire ainsi la sonnette d’alarme, c’est que la crise alimentaire qui menace est grave.

Le peuple répond par la solidarité

Qu’aujourd’hui, dans un pays riche comme la France, la faim menace des milliers de personnes: c’est insupportable ! Et que tant d’autres encore vivent dans la précarité : c’est inacceptable ! L’urgence et le refus instinctif des injustices ont réveillé le profond sentiment de solidarité qui anime notre peuple : A Aubervilliers, à Pantin, et dans toutes les villes du département, les initiatives de solidarité se multiplient, transcendant les divergences politiques, les conditions sociales, les origines diverses. Nombreux sont les associations, les collectifs, les bénévoles, qui font des dons, qui collectent des produits de première nécessité, qui distribuent des paniers repas. Fidèles à notre volonté de nous mettre au service du peuple, mes camarades insoumis s’ investissent dans ces différentes initiatives au côté de citoyens de tous horizons.

L’État doit prendre ses responsabilités, mais la réponse qu’apporte Macron n’est pas à la hauteur

Cependant, cette mobilisation populaire et cet engagement admirable ne peuvent à eux seuls suffire. L’État doit plus que jamais prendre ses responsabilités en se faisant le garant de l’égalité. Car seul lui a les moyens suffisants pour protéger l’ensemble de nos concitoyens les plus modestes. Mais Macron et son gouvernement, s’ils ont été contraints de reconnaître l’urgence de la situation, ne sont pas à la hauteur. Ils n’ont annoncé que des mesures ponctuelles – une aide exceptionnelle de 150 € et 100 € supplémentaires par enfant à charge, automatiquement versée aux foyers les plus modestes, et un dispositif exceptionnel de distribution de « chèques services ». Des dispositions dramatiquement insuffisantes.

Nous proposons des solutions

C’est un véritable plan d’urgence et une action massive qui sont aujourd’hui nécessaires. Ce 23 avril, j’ai donc adressé un courrier au Premier Ministre, Édouard Philippe, pour l’interpeler et les soumettre les solutions que propose La France insoumise :

  • Encadrer les prix des produits alimentaires de première nécessité ;
  • Doubler la prime de 150 euros et de 100 euros par enfant versée automatiquement aux ménages les plus modestes, et la pérenniser en la transformant de prime exceptionnelle en une prime mensuelle versée jusqu’à la fin de la crise ;
  • Augmenter le dispositif de « chèques services » à destination des personnes sans domicile fixe et familles précaires ;
  • Mettre en place un soutien financier exceptionnel de l’Etat à la région, aux départements et aux communes pour renforcer la politique des bons alimentaires ;
  • Renforcer les dispositifs de distribution de l’aide alimentaire, à travers une coopération accrue entre les services de l’Etat, les collectivités et les acteurs associatifs. Si nécessaire, recourir à l’aide logistique des armées ;
  • Porter à 100% du salaire net la prise en charge par l’État du chômage partiel, dans la limite de 4,5 fois le SMIC. La même logique doit s’appliquer aux employés à domicile et aux stagiaires (maintien des revenus à 100%) ;
  • Toute personne qui perçoit des revenus inférieurs au SMIC doit recevoir un chèque qui couvre la différence.

Les plus modestes ne doivent pas payer la crise sanitaire par davantage de précarité ! Par la faim ! L’Etat doit agir garantir à chacun la protection et une vie décente.