Tests covid : il faut planifier !

J’ai présenté la stratégie d’alternative au confinement de la France insoumise, fondée sur une stratégie de test planifiée, et un roulement dans la vie quotidienne, pour diminuer les contacts.


Mais il ne suffira pas de répondre à l’urgence sanitaire : la 3e vague sera une vague économique et sociale.

Lire le texte du discours :

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Mes chers collègues,

La crise du coronavirus a commencé en France depuis de longs mois, nous sommes encore en période de confinement. La France déplore plus de 52 000 décès du covid-19. L’hôpital public a été en tension extrême, et les personnels soignants sont épuisés par cette deuxième vague. Les mesures de confinement ont fait plonger le pays dans une crise économique brutale, qui s’est muée en crise sociale. Les files d’attentes aux banques alimentaires s’allongent. Et cela va continuer.

Les plans sociaux se multiplient. Ils sont maintenus malgré les aides publiques, alors que les dividendes sont versés aux actionnaires. Souvent, la crise sanitaire a bon dos.

Dans l’incapacité de limiter les contaminations, nos libertés ont été confinées : la liberté de se déplacer, suspendue ! la liberté de se réunir, suspendue ! la liberté d’avoir une vie privée et familiale, suspendue !

Il faut en finir au plus vite avec cette crise sanitaire, pour que nos vies puissent reprendre leur cours ordinaire.

Pour que la société puisse se reconstruire, et engager la transition écologique et solidaire.

Pour cela, il est essentiel de mettre en place une stratégie nationale de dépistage du covid-19, avec pour principe essentiel la planification. Aussi, l’initiative du groupe Les Républicains, même si nous ne partageons pas l’ensemble de ses conclusions, est la bienvenue.

L’OMS l’a dit depuis le début : tester, tester, tester ! Pourtant, la stratégie de test mise en place en France a été particulièrement poussive au printemps dernier.

Difficultés d’organisation, retards, les capacités de test ont très vite été débordées. Le rapport de la commission d’enquête parlementaire détaille les différents manquements graves.

Avec l’été et la décrue de l’épidémie, on aurait pu penser que les leçons de la première vague avaient été tirées. Mais non. En voulant tester tout le monde, on n’a testé personne. L’annonce ronflante du million de test a eu pour effet une saturation du système : les résultats tombaient en moyenne 7 jours après le prélèvement. Inutile pour casser les chaînes de contamination.

Le refus de la planification a amené le gouvernement à réagir à la situation sanitaire par des restrictions de libertés toujours plus grandes. Un deuxième confinement du pays a été décidé par un Conseil de défense en toute opacité. Mais même ce confinement comporte de nombreux manques qui nuisent à son efficacité. La plupart des lieux de contaminations restent ouverts sans protocole sanitaire sérieux : travail, école et transports. La fermeture arbitraire de l’ensemble des petits commerces, pour lesquels une jauge aurait pu être mise en place va provoquer leur effondrement.

A présent que l’épidémie décroît à nouveau, nous ne devons pas retomber encore dans les mêmes erreurs.

Nous ne sommes que trop endeuillés. La France se relèvera difficilement de la crise économique, surtout avec un plan de relance indigent.

Le groupe de la France insoumise a présenté des propositions pour une alternative au confinement. Pour la vie ordinaire, il faut organiser des roulements dans les écoles, dans les transports, dans les entreprises. C’est possible par la maîtrise collective du temps.

Nous nous sommes appuyés notamment sur des exemples dans des pays étrangers ainsi que sur l’expertise de professionnels de divers secteurs : éducation nationale, enseignement supérieur, santé publique, culture, transports publics.

Oui, les exemples étrangers doivent nous inspirer, mais pas les exemples autoritaires et liberticides, qui aboutissent à toujours plus de contrôle de la population. L’État indien du Kerala a été exemplaire dans sa réponse à la pandémie. Il y a beaucoup moins de contaminations et de morts. Une grande partie de sa stratégie repose sur la solidarité sociale.

En même temps que des quarantaines strictes et le traçage des cas contacts, l’État mettait en place des livraisons gratuites de repas, a construit des hébergements, prononcé un moratoire sur les crédits à la consommation. La réponse sociale est essentielle à la lutte contre la pandémie, car il est impossible aux gens de se confiner, quand ils ont besoin de sortir pour travailler. Il est impossible aux gens de s’isoler, quand leur logement est déjà surpeuplé ou insalubre.

Le vaccin donne un espoir, mais son efficacité doit être assurée, et ne sera pas un remède miracle. Là encore, il faut planifier.

L’étude des eaux usées permet d’anticiper la reprise épidémique, et est utilisée à Marseille. On le sait depuis l’été. Pourquoi n’avoir pas généralisé cette surveillance ?

Une expérimentation de test de masse est mise en œuvre à Saint-Étienne, Lille et au Havre. D’autres pays l’ont déjà fait à l’échelle de leur population, comme la Slovénie. C’est la technique utilisée par la Chine pour résorber les dernières poches de l’épidémie. Pourquoi seulement maintenant ? A-t-on prévu comment isoler les personnes malades ? Car s’il s’agit de tester sans planifier la réponse sanitaire, le gouvernement perd encore son temps.

Il faut donc une réponse globale à la pandémie : sanitaire, économique, sociale, et démocratique. Tout l’inverse de ce que fait le gouvernement.