Face au chaos de Macron, l’harmonie du « phi »

Ce qui caractérise la politique de Macron, tant sur le fond que sur la forme, c’est la brutalité et le désordre. D’abord, son arrivée à l’Élysée est en grande partie due à l’immense pagaille qu’il a semée pendant plusieurs années aux côté de François Hollande. Secrétaire général adjoint de l’Élysée

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Ce qui caractérise la politique de Macron, tant sur le fond que sur la forme, c’est la brutalité et le désordre.

D’abord, son arrivée à l’Élysée est en grande partie due à l’immense pagaille qu’il a semée pendant plusieurs années aux côté de François Hollande. Secrétaire général adjoint de l’Élysée puis ministre de l’économie, Macron n’a pas eu à assumer le terrible bilan de Hollande ; en revanche, il a habilement profité du chaos qu’ensemble ils avaient semé. La politique de droite de gouvernement avait parfaitement brouillé les pistes ; dans un paysage politique où presque plus personne ne savait qui était l’ami ou l’adversaire, il a eu beau jeu d’apparaître au centre, pratiquer le « en même temps » et finalement de faire autour de sa seule personne l’union de ceux qui voulaient continuer comme avant : baisse des salaires, mise en concurrence, privatisations, baisse d’impôts aux plus riches…

C’est justement cette politique, pratiquée depuis des années et poursuivie par Macron d’une façon radicale qui sème le désordre. Alors que la société et les individus aspirent à l’harmonie, les coups de force de Macron brisent tous les équilibres, toutes les solidarités.

Les ordonnances travail ont été un révélateur des aspirations profondément destructrices du gouvernement. En refusant au parlement de travailler selon la voie normale et en privilégiant les ordonnances, Macron a taillé en pièce l’équilibre des pouvoirs – très relatif, il est vrai – prévu par la constitution. Dans le fond, il a cassé tout le système qui donnait un semblant d’équilibre dans les relations entre patron·ne·s et salarié·e·s. La subordination des salarié·e·s à « l’employeur·se » était jusqu’alors reconnue par la loi mais impliquait certaines compensations. Je n’idéalise pas évidemment ; c’était loin d’être parfait, mais par exemple, l’abus de pouvoir d’un licenciement injustifié pouvait trouver aux prud’hommes une sanction. Désormais, les indemnités sont plafonnées et celles et ceux qui abusent savent déjà qu’ils·elles ne seront pas sanctionné·e·s en proportion.

Autre genre d’aggravation des problèmes : le projet de loi immigration discuté en ce moment-même à l’Assemblée nationale. Sans entrer dans le détail du texte, ignoble de part en part, je veux souligner combien il brise toute idée d’équilibre. Je donne un seul aspect exemplaire : alors qu’il pourrait exister un consensus parmi les député·e·s pour interdire que les enfants séjournent en centre de rétention, le gouvernement a refusé que la majorité accepte cette idée de bons sens. Comme la plupart de mes collègues de La France insoumise, en prévision de ce texte, j’ai visité un centre de rétention administrative il y a quelques mois à Marseille : les mots sont trompeurs, la vie y est aussi dure que dans une prison. Que peuvent bien avoir à faire des enfants dans une prison ? Dans le monde de Macron, il n’y a pas de règle ; il n’y a que des apparences.

La même chose pourrait être dite des frappes en Syrie. En disant que l’action militaire est légitime, Macron joue avec les apparences et nous fait frôler le chaos. La question n’est pas de savoir si Bachar el Assad est un gentil ou non. La question est de savoir si les États-Unis, le Royaume-Uni et la France avait le droit d’utiliser des moyens guerriers. Nous ne sommes pas dans une cour de récréation où la cohue peut finir sans grand dommage. En disant, ce n’est pas légal mais c’est légitime Macron crée un précédent dangereux. N’importe qui, demain, pourrait décider qu’une action militaire contre tel ou tel pays, et pourquoi pas contre la France, serait légitime même en étant illégale. Macron pourra-t-il protester sérieusement ?

Dernier aspect essentiel de l’harmonie, c’est la solidarité : un ensemble harmonieux, ce sont plusieurs parties bien ajustées, bien articulées entre elles. Si bien que lorsqu’une de ces parties est affectée par un choc, c’est le tout qui est capable de l’absorber et qui évite la cassure. Dans le domaine social, c’est exactement la même chose. Deux exemples : les allocations en tout genre, chômage, retraite, maladie font partager par un groupe plus vaste un choc que les personnes seules subiraient avec de graves dommages ; le groupe, lui, est capable de l’absorber. En diminuant les cotisations sociales, Macron diminuent la part de ces allocations et donc la capacité de la société à absorber les chocs que la vie inflige parfois aux personnes. La situation dramatique dans laquelle est placée le système hospitalier en est un douloureux exemple. Que dans la 5e puissance du monde des personnes puissent mourir aux urgences faute de personnel pour les soigner montre bien les effets du désordre libéral à l’œuvre. La destruction méthodique des services publics ne peut pas avoir d’autres conséquences.

Deuxième exemple : la privatisation de la SNCF. La mise en concurrence dans le domaine du rail va fractionner les services entre différentes lignes, différentes compagnies, différents services (le fret, le transport de voyageur·se sur les grandes et petites lignes, l’entretien des lignes, l’entretien des gares…). Alors qu’un grand groupe peut absorber les chocs quand dans tel ou tel secteur l’activité ralentit, le fractionnement va conduire immanquablement à la dégradation des services, au prix de la sécurité des voyageurs·ses.

En fin de compte, dans tous les domaines où le gouvernement a agi, il a détruit l’équilibre souvent précaire qui existait. Il organise avec méthode le désordre. Le symbole d’harmonie qu’est le « phi » (φ) de La France insoumise montre bien que notre projet est l’exact opposé de celui de Macron.

Il faut rendre à chacun·e la possibilité de vivre en harmonie avec les autres. Pour ça, il ne faut pas permettre l’accumulation démente de richesses par un petit groupe d’individus. Cette disproportion monstrueuse est comme une véritable tumeur pour la société. En plus de l’injustice que cela constitue, cette accumulation nuit à l’économie réelle, et surtout représente une menace pour la démocratie. Cet argent n’est plus un moyen de subvenir à des besoins ou même de satisfaire quelques envies mais il devient un instrument de pouvoir aux mains d’une minorité.

L’harmonie à laquelle tout le monde aspire implique bien d’autres choses : que chacun·e puisse vivre de son travail, que celles et ceux que la vie brutalise puissent s’appuyer sur l’ensemble plus large de la société pour rebondir. A la concurrence qui est généralisée à tous les domaines de la vie, nous préférons la solidarité et l’émulation qui existe entre les personnes soucieuses de bien faire.

Il faut également parler du souci constant que nous avons de vivre « en bonne intelligence » avec tous les êtres vivants. A ce sujet, l’instinct et la raison se fortifient : tout le monde sent bien qu’il y a quelque chose de détraqué dans la façon dont nos sociétés maltraitent les animaux et anéantissent l’écosystème compatible avec la vie humaine. En vérité qui veut vivre dans un monde sans oiseau, tel que nous le préparent les fanatiques des pesticides et tous ceux qui défendent l’agro-business ?

Enfin, cette harmonie doit pouvoir se comprendre entre les peuples : c’est l’objectif de la paix que nous ne devons pas quitter des yeux. Tout acte qui menace le droit international perturbe son équilibre. Les rapports entre les nations deviennent dramatiquement conflictuels, alors que nous devrions œuvrer au contraire à des fins plus urgentes, comme faire face au changement climatique.

Au milieu de ce chaos, nous cherchons à replacer des objectifs humains dans la politique. Nous ne voulons pas nous limiter à voir le monde à travers des chiffres ; voilà notre objectif : rendre la vie plus humaine, plus conforme au désir universel d’harmonie.

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