Benalla, le sbire du roi Macron ?

Avec l’Affaire Benalla, nous vivons un séisme politique d’ampleur exceptionnelle. Je rappelle rapidement les faits : le 1er mai, un homme travaillant comme chef de cabinet adjoint du président de la République, s’est fait passer pour un agent de police et a profité de cette confusion pour frapper très violemment

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Avec l’Affaire Benalla, nous vivons un séisme politique d’ampleur exceptionnelle. Je rappelle rapidement les faits : le 1er mai, un homme travaillant comme chef de cabinet adjoint du président de la République, s’est fait passer pour un agent de police et a profité de cette confusion pour frapper très violemment plusieurs personnes et les faire interpeler. Ces faits auraient dû être très sévèrement sanctionnés par sa hiérarchie, et immédiatement transmis à la justice. C’est le cœur de l’État républicain qui est ébranlé. La République s’est justement constituée avec la Révolution française pour être le rempart des citoyens contre l’arbitraire. En République, le recours à la force n’est pas l’effet d’un caprice, mais l’exécution d’une loi que le peuple, par ses représentants, a élaborée, et à laquelle il consent. L’usage de la force est strictement encadré. Il est crucial que l’Etat ait le monopole de la violence légitime, et qu’elle soit employée à bon escient, pour que le peuple consente à l’autorité de l’Etat. Pourquoi consentir à un pouvoir brutal et arbitraire ?

Si cela avait été fait, l’ensemble n’aurait été qu’un délit commis par un individu isolé ; qui usurpant les prérogatives de l’État, se serait fait justement sanctionner, par sa hiérarchie, et par la justice.

Mais tel n’a pas été le cas ! La justice n’a pas été informée : elle n’a été saisie ni par le cabinet d’Emmanuel Macron, ni par le ministère de l’Intérieur. Au contraire, ils ont cherché à étouffer l’affaire. Cette omission est une violation de la loi. L’article 40 du code de procédure pénale dispose que « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ». Puisque ces actes n’ont pas été dénoncés, il est évident que Monsieur Benalla a été protégé. D’autant qu’une enquête de l’Inspection Générale de la Police Nationale, commandée le lendemain des faits, a été classée sans suite. Comment ? Pourquoi ?

C’est bien entendu le cœur du problème. Si la presse n’avait pas révélé les faits, Monsieur Benalla n’aurait jamais été sanctionné. Tout a été fait pour empêcher la diffusion de cette information. Le cabinet d’Emmanuel Macron a infligé à Monsieur Benalla une sanction disciplinaire qui manifestement n’est que symbolique : une mise à pieds de 15 jours. Mais après celle-ci, le même individu emménage dans un logement de fonction dans un immeuble particulièrement prestigieux, dans le VIIe arrondissement ! Voilà qui ne ressemble guère à une sanction…

Pourquoi donc protéger cet individu si ce n’est pour dissimuler des faits plus graves encore ? Pourquoi avoir laissé salir l’image de la police nationale ? pourquoi avoir préféré laisser circuler les images de ce qui paraissait une bavure policière plutôt que d’exclure cet individu ? Dans ce cas, tout le monde aurait pu croire que Monsieur Benalla n’était qu’une brebis galeuse.

Dès lors plusieurs hypothèses s’imposent : premièrement, être proche d’Emmanuel Macron donne tous les droits, l’impunité du Prince ruisselle sur ses amis ; deuxièmement, les agissements de Monsieur Benalla ne sont pas exceptionnels. Une chose est sûre, ce n’est pas la première fois qu’il s’arroge des pouvoirs qu’il ne détient pas. Combien d’autres l’ont fait ? Dans quel but cela a-t-il eu lieu ? Les nombreuses violences essuyées par les manifestants ces derniers mois étaient-elles le fait de véritables policiers ou de voyous à la solde du pouvoir ?

À l’heure où j’écris, le gouvernement refuse pourtant de s’expliquer devant le parlement. L’action du pouvoir exécutif doit être contrôlée : c’est le rôle des représentants du peuple, devant lesquels le gouvernement est responsable. Cela répond à l’impératif d’équilibre des pouvoirs. Ce principe de responsabilité est défini par l’article 20 de la Constitution.

Mais pour Macron, la loi ne s’applique pas vraiment à ceux qui gouvernent. Surtout, elle ne s’applique pas au président de la République que le gouvernement protège. Voilà jusqu’où a dégénéré la République après un an de pouvoir personnel d’Emmanuel Macron, véritable monarque républicain. Le président des riches est bel et bien devenu le roi des riches.

Il faut en tirer toutes les conclusions. Arrivé à ce stade de la monarchie présidentielle, il ne peut pas y avoir de faux-fuyant, c’est le monarque Macron qui doit séance tenante rendre des comptes au peuple. Si le référendum révocatoire existait, Macron aurait dû justifier de ses actes. Il est plus urgent que jamais de rebâtir de fond en comble les institutions ! C’est d’une assemblée constituante du peuple dont désormais nous avons besoin.

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