Avec l’affaire Benalla-Macron, c’est l’État lui-même qui est attaqué. Parce qu’à cause de cette usurpation des insignes de l’autorité publique, le doute est possible sur la légitimité des personnes portant le brassard « police ». Cela risque de rendre plus difficile la tâche de celles et ceux qui sont authentiquement dépositaires de l’autorité publique. Parce que la confusion des rôles remet en cause le monopole de la violence légitime. Parce que l’instauration d’un copinage malsain, depuis le plus haut sommet de l’État, jusqu’à créer des hiérarchies parallèles, des polices politiques sous l’autorité de l’Elysée et non du ministère de l’Intérieur. Parce qu’il a fallu un scandale d’État, révélé au grand public par la presse, pour que de réelles poursuites soient engagées contre un membre du cabinet du Président de la République qui allait, jusqu’alors impunément, tabasser des opposants. Or, la confiance dans les institutions est cruciale pour que l’État fonctionne. Déjà, la confiance dans son fonctionnement démocratique est de plus en plus faible, en témoigne des taux d’abstention record, et un désintérêt croissant pour ce qui est de plus en plus perçu comme une mascarade.
Pourtant, l’État devrait être le bien des français·es. Le garant de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité. L’État devrait organiser les institutions et user de l’argent public collecté par l’impôt en vue du bien commun, de l’intérêt général. Les services publics sont le seul bien de celles et ceux qui n’ont aucun patrimoine. Ils et elles ont le patrimoine public. Leurs enfants sont éduqués à l’école public, ils et elles sont soigné·e·s grâce au service public de santé et à la sécurité sociale, protégé·e·s, etc.
Mais les ressources de l’État, et la puissance publique sont été accaparées par une petite caste, qui détourne ces pouvoirs à son propre profit. Les services publics sont laminés, leur financement réduit à peau de chagrin, pour faire des cadeaux à celles ceux qui sont déjà si riches.
On pourrait croire que puisqu’il y a plus de personnes au détriment desquelles ces politiques sont décidées, que de bénéficiaires, les institutions démocratiques permettraient de changer la donne, en changeant de gouvernement. Mais on ne peut pas faire du neuf avec les institutions de la Ve République. Tout est fait pour que le pouvoir soit concentré dans les mains d’une seule personne, irresponsable constitutionnellement. Si l’argent ne ruisselle pas, l’impunité, elle, semble ruisseler sur les sbires du Prince qui se croient tout permis, en toute impunité. Y compris de menacer cela même qui fonde leur pouvoir usurpé.
La confiance dans les institutions était déjà faible avant cette triste affaire. Elle sera sans doute pire maintenant. Car non seulement le doute est semé sur l’institution policière. Mais dans leur défense, des fonctionnaires ont été mise en cause, au lieu que le pouvoir politique assume ses décisions.
Il faut trouver une issue positive à cette grave crise de régime. La seule solution en démocratie est de s’en remettre au souverain, le peuple lui-même. Il faut que le peuple se refonde, en rénovant de fond en comble ses institutions, par une assemblée Constituante populaire et souveraine. C’est seulement ainsi la confiance dans de nouvelles institutions pourrait être retrouvée.
A l’heure actuelle, puisque la proposition de Constituante a été rejetée, la censure du gouvernement est notre seule option. Car dans cette constitution, le Président de la République, dont il dit lui-même qu’il est le seul responsable de cette affaire, est irresponsable des actes qu’il a commis en tant que Président. Le parlement contrôle l’action du gouvernement. Or, il est évident qu’il a failli, en refusant de venir s’expliquer sur ses actions devant la représentation nationale. La confiance dans le gouvernement est rompue, car il ne respecte pas le pacte républicain défini par la Constitution.
Je voterai la censure du gouvernement.