Pour lutter contre le réchauffement climatique, changeons notre système alimentaire

Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut changer notre façon de produire de la nourriture et de nous alimenter, et réduire en particulier la part des produits d’origine animale. Telle est la recommandation du nouveau « rapport spécial » remis par le  Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ce jeudi 8 août.

Il faut changer de modèle. Le GIEC le dit, les français le veulent.

Le modèle agro-industriel actuel n’est pas viable : de 25 à 30% des gaz à effet de serre produits sur terre le sont aujourd’hui par la production alimentaire. Et ce sont les produits de l’exploitation animale qui ont l’impact le plus lourd : chaque année, l’élevage produit à lui seul 14,5% des émissions totales de gaz à effets de serre, il consomme massivement l’eau potable, il impose la déforestation et entraine la destruction de la biodiversité ; dans les océans, la surpêche détruit les écosystèmes. Maintenir et étendre ce système, quand la croissance démographique implique une augmentation de 56% de la production alimentaire d’ici 2050, serait une fuite en avant, tout simplement climaticide. Si la consommation de viande et de produits laitiers se maintenait au niveau actuel, il faudrait, pour nourrir les plus de deux millions d’être humains supplémentaires qui peupleront alors le globe, convertir en terres agricoles un espace d’une superficie deux fois supérieure à celle de l’Inde. 

Il est urgent de changer de modèle. Le GIEC le dit, qui constate qu’il sera impossible de maintenir les températures mondiales à des niveaux sûrs sans faire évoluer la production et la consommation de nourriture, et préconise le passage à des régimes végétariens, dans lesquels il voit « des opportunités majeures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ». Les français sont conscients de l’essoufflement d’un modèle qui détruit l’environnement, fait souffrir les animaux, et impose aux travailleurs une exploitation économique et une précarité toujours plus aigüe : 83% des sondés interrogés par l’IFOP en février dernier déclaraient ainsi vouloir en finir avec l’élevage intensif.

Emmanuel Macron, président de l’agrobusiness

Cependant, Emmanuel Macron et son gouvernement, n’ont, eux, toujours pas pris la mesure de ce défi. Le futur président, alors en campagne ne déclarait-il pas en mars 2017 devant le congrès national de la FNSEA qu’ « il doit y avoir de l’intensif » ? Les orientations suivies depuis traduisent fidèlement cette volonté de tout faire pour complaire aux grands intérêts de l’agro-industrie.

En témoigne la pâle loi Agriculture et alimentation (Loi EGalim), vidée de toutes les dispositions susceptibles de déplaire au lobby de l’élevage intensif. Ou encore les nouveaux accords de libre-échange conclus par Bruxelles et avalisés par le gouvernement et les députés de la République En Marche, qui impliquent l’augmentation des échanges de viande. Après le CETA conclu avec le Canada et ratifié par la majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale le 23 juillet dernier, la presse annonçait le 2 août que la commission européenne a conclu avec les États-Unis un accord qui prévoit une augmentation des exportations de bœuf états-unien vers l’Union européenne, de 46% en un an puis de 90% sur les sept prochaines années. A quelques jours seulement du nouveau rapport du GIEC, quel meilleur exemple de la folie de ceux pour qui l’intérêt général et l’avenir de la planète comptent moins que les profits de l’agrobusiness ?

Par la loi comme dans nos assiettes : une autre politique est possible

Une autre politique est nécessaire. Et elle est possible.

Par la loi, il faut réguler, mettre un terme à la course infinie à la « compétitivité », permettre la sortie d’un système productiviste agro-industriel devenu fou, et organiser le passage à une agriculture paysanne.

Et il faut modifier nos propres habitudes. Réduire notre consommation de protéines carnées – c’est en outre une question de santé publique, quand les européens consomment aujourd’hui 4,5 fois plus que la quantité de viande rouge recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Et promouvoir des régimes alimentaires sains et durables.

La lutte pour une véritable transition écologique commence dans nos assiettes.