Covid-19, Outre-mer, Cuba

La propagation de l’épidémie de covid-19 dans nos territoires et collectivités d’outre-mer pourrait tourner à la catastrophe sanitaire si rien n’est fait. Mais là encore, le gouvernement semble dépassé. À la suite de notre demande, l’adoption, mardi 31 mars, du décret permettant l’envoi de médecins cubains dans les Antilles est bienvenue. Mais

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La propagation de l’épidémie de covid-19 dans nos territoires et collectivités d’outre-mer pourrait tourner à la catastrophe sanitaire si rien n’est fait. Mais là encore, le gouvernement semble dépassé. À la suite de notre demande, l’adoption, mardi 31 mars, du décret permettant l’envoi de médecins cubains dans les Antilles est bienvenue. Mais elle ne suffira pas à combler le manque de moyens.

Le soutien des juges de proximité

Face à l’incompétence du gouvernement, la justice est devenue le seul moyen pour les soignants de diffuser leurs appels au secours. Heureusement, certains juges de proximité semblent disposer à faire entendre raison aux autorités administratives. Le tribunal administratif de Guadeloupe a ainsi condamné l’ARS et le CHU à commander 200 000 tests, des masques et des doses d’hydroxy chloroquine.

C’est une première, et nous nous en réjouissons. Mais nous déplorons que ce gouvernement contraigne la justice à se substituer au politique.

Cette décision du tribunal de Guadeloupe n’a rien d’exceptionnel. Elle ne fait qu’enjoindre le gouvernement à respecter les recommandations de l’OMS. Raison pour laquelle, nous soutenons le collectif réunionnais ayant déposé une requête similaire au tribunal administratif de Saint-Denis.

Les juges du fond contre le Conseil d’État

La décision des juges guadeloupéens démontre que les juges de proximité sont plus ouverts aux revendications populaires que ceux des juridictions d’appel. En comparaison, les recours des soignants devant le Conseil d’État ont été rejetés, hormis ceux qui soutenaient les mesures restrictives adoptées par le gouvernement. Cette divergence entre les juges n’est pas nouvelle. Elle résulte de la collusion qui existe entre les conseillers d’État et le gouvernement. Comme son nom l’indique, la juridiction suprême de l’ordre administratif « conseille » le gouvernement. Il est donc, à de rares exceptions, particulièrement complaisant à l’égard de l’action du gouvernement, contrairement aux juridictions de première instance plus au fait des réalités du terrain.

L’appel honteux du gouvernement

C’est cette complaisance du Conseil d’État qui a incité le gouvernement à faire appel de la décision du tribunal guadeloupéen et qui explique qu’il n’hésitera pas à faire remonter l’affaire jusqu’à lui. Il est persuadé d’être disculpé devant cette juridiction suprême.

Pourquoi faire appel ? Pourquoi refuser d’appliquer les préconisations de l’OMS ? Si ce n’est car il n’en a pas les moyens faute de préparation et de planification sanitaire pour faire face à l’épidémie.

Merci Cuba !

Le gouvernement accepte par décret l’arrivée de médecin cubain aux Antilles. Mais quel cynisme ! Nous n’acceptons pas l’aide de Cuba, nous la demandons. Car le gouvernement n’est pas en mesure de répondre à l’épidémie seul. Quelle honte pour la 5e puissance économique mondiale ! La richesse sans la planification et un État fort ne peut rien. Remercions donc Cuba et ses habitants. Car en dépit de l’ostracisme dont ce pays fait l’objet de la part de la communauté internationale, il n’a pas hésité à proposer l’aide de ses médecins à l’ensemble des États en difficulté face à l’épidémie.

L’ironie du sort

Ceux qui vilipendaient ce pays et qui critiquaient notre attitude à l’égard de ce régime mis au ban de la communauté internationale par la décision unilatérale des États-Unis en sont pour leurs frais. Cuba dispose d’un système de santé particulièrement développé avec un nombre de médecins par habitant plus de 2 fois supérieur à celui de la France. Et la compétence de ses médecins est réputée comme l’a démontré l’OMS à de multiples reprises.

La fin de l’embargo américain

Cuba est donc en mesure aujourd’hui d’apporter son aide à la quasi-totalité des pays touchés par l’épidémie. Mais cette aide ne doit pas rester sans retour. Nous condamnons depuis longtemps l’embargo que subit cet État en violation du droit international. Et nous considérons que cette crise et la leçon de solidarité que nous donne le gouvernement cubain doivent être l’occasion de contraindre les États-Unis à abroger leurs mesures d’embargo sur Cuba.

Où est la planification ?

Que le gouvernement de Macron soit contraint d’accepter l’aide cubaine démontre qu’il est aux abois. Dans les outre-mer, plus encore qu’ailleurs, leur insularité (pour certains) ou leur éloignement de la métropole rendent la planification sanitaire essentielle pour faire face à l’épidémie, et la préparation au déconfinement essentiel. Que peut nous dire le gouvernement sur ces deux aspects ? Pas grand chose, malheureusement.

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