VIDEO – La crise du Covid-19 a menacé le droit à l’avortement

Le 9 juin 2020 , Bastien Lachaud est intervenu dans l’hémicycle pour dénoncer le recul du droit à l’IVG durant la pandémie du coronavirus. Il est inacceptable qu’en France, des femmes soient entravées dans leur accès à l’IVG face à une grossesse non-désirée. L’accès effectif à l’avortement était déjà menacé

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Le 9 juin 2020 , Bastien Lachaud est intervenu dans l’hémicycle pour dénoncer le recul du droit à l’IVG durant la pandémie du coronavirus. Il est inacceptable qu’en France, des femmes soient entravées dans leur accès à l’IVG face à une grossesse non-désirée.

L’accès effectif à l’avortement était déjà menacé avant la crise, du fait de la fermeture des centres IVG, et l’éloignement du service public hospitalier. Pèsent encore sur les femmes de lourds préjugés sociaux, quand elles ne doivent pas affronter des prières de rues illégales devant les centre où elles se rendent pour mettre un terme à leur grossesse.

Le gouvernement doit garantir la liberté de disposer de son corps pour toutes les femmes, y compris en tant de crise.

Lire le texte intégral :

Madame la Présidente, Madame la Ministre, mes chers collègues,

Toujours, quand la société perd le contrôle de son avenir, réaffirme son contrôle sur ce qu’elle peut contrôler. Et celui-ci porte toujours en premier lieu sur le corps des femmes. Cela n’a pas manqué, avec la crise du Covid-19, le droit à l’avortement a reculé, y compris en France.

La situation avant le confinement n’était pas brillante : le droit à l’avortement est effectif depuis 1975, mais son accès effectif n’est toujours pas garanti à toutes les femmes.

Car encore faut-il trouver une structure capable de faire une IVG, trouver un médecin qui accepte de le faire. Ils ne sont pas si nombreux, et il existe une double clause de conscience permettant de s’y soustraire. 130 structures pratiquant l’IVG ont fermé entre 2001 et 2011, et sur les 10 dernières années, 8% des centres ont fermé. Une femme a plus de difficultés à avorter si elle vit en zone rurale ou périurbaine, qu’en grande ville, si une grossesse non désirée advient en été, plutôt qu’à une autre saison. D’une région à l’autre, les taux de recours varient du simple au double. 9% des IVG sont faits hors du département de résidence.

Il faut parfois faire plus de 100 km pour faire une IVG, ce qui la rend d’autant plus complexe pour les jeunes femmes, les femmes victimes de violences conjugales, ou qui subissent une surveillance au quotidien de leur entourage.

Il faut ensuite affronter le regard de la société, y compris des praticiens, qui tentent de dissuader les femmes d’avorter, se mêlent de leur vie privée ou de leurs aspirations personnelles.

Certaines doivent même subir les pressions terribles des fous de dieux qui se rendent devant les centres d’avortement, pour s’adonner à des prières de rue illégales, et tenter d’empêcher des femmes d’user librement de leurs corps.

Pendant le confinement, la situation s’est aggravée. De nombreuses femmes ont dépassé le délai légal pour pratiquer un avortement, malgré l’allongement de 2 semaines pour une IVG médicamenteuse. Des témoignages terribles sont publiés dans la presse. C’est cette trentenaire, qui s’était juré de ne jamais avoir d’enfant. Quand elle découvre sa grossesse au début du confinement, elle consulte un gynécologue pour une IVG. Il la décourage, la renvoie en lui conseillant de réfléchir, « à son âge ».

« Elle est rentrée chez elle, a pleuré tous les jours et, quand elle est venue nous voir, c’était trop tard ». C’est aussi cette jeune femme qui désirait, elle, avoir un enfant et s’est au départ réjouie de la nouvelle. Sauf qu’avec la grossesse sont arrivés les premiers coups de son conjoint. « Elle décide alors de le quitter et d’avorter, mais ils sont enfermés ensemble. A son arrivée chez nous, elle découvre qu’elle a dépassé le terme. » Voilà des personnes qui sont arrivées à la Maison des Femmes à Saint-Denis.

Mais il y a aussi des mineures, qui n’avaient pas d’autre prétexte pour sortir de chez elles

pendant le confinement, se sont retrouvées dans l’impossibilité d’en parler à leur familles, ni à qui que ce soit, et qui ont laissé passer le délai. Les frontières fermées ne permettent même pas à celles qui auraient les moyens de se rendre en Belgique ou en Espagne pour pratiquer un avortement. Reste alors le terrible choix entre garder un enfant non-désiré, avec toutes les conséquences que cela aura sur sa vie et celle de l’enfant, ou recourir à un avortement clandestin.

 Si nous ne faisons rien, nous préparons un retour des faiseuses d’ange, avec leurs cortèges de malheurs, de mortes, de stériles à vie,

de traumatisées et les souffrances impensables qui étaient celles des femmes avant l’autorisation de l’avortement.

Face à cette situation, nous devons garantir l’effectivité du droit à l’avortement, et adapter les délais à la période de confinement qui a empêché les femmes d’y recourir.

Il faut augmenter le délai de 12 à 14 semaines. Mais plus généralement, il faut suppression de la double clause de conscience des professionnels de santé ; un moratoire sur la fermeture des centres IVG ; le développement de l’offre de proximité ;

l’attribution de moyens conséquents pour l’activité d’IVG avec la garantie de moyens nécessaires pour accéder à des locaux. Le groupe de la France insoumise avait proposé d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, afin qu’aucune crise ne puisse le remettre en cause. Ces mesures sont indispensables pour garantir que les femmes puissent librement disposer de leur corps.

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