Le 29 juin 2020, Bastien Lachaud prenait la parole lors du débat sur le projet de loi relatif aux élections sénatoriales.
Il a rappelé que la forte abstention lors des élections municipales est une forme de dégagisme politique. Les Français ne croient plus aux institutions de la 5e République et désertent les urnes.
Face à l’aggravation de cette crise sociale et démocratique, Bastien Lachaud a défendu la nécessité d’une constituante pour que le peuple refonde ses institutions pour une 6e République.
Lire le texte intégral :
Le second tour des élections municipales ayant eu lieu hier, les conséquences sur l’élection sénatoriale seront moindres qu’initialement escompté, et le périmètre de cette loi semble raisonnable.
Aussi, je pense que ce projet de loi organique sera adopté dans une grande unanimité. Toutefois, je ne crois pas d’ajouter ma voix au concert de l’unanimisme.
Car le résultat des élections d’hier doit nous interroger profondément, et puisque le calendrier nous fait débattre de ce texte le lendemain du second tour, nous devons parler du contexte démocratique.
Nous l’avons vu hier : le peuple français est entré dans une grève civique froide. L’abstention atteint des niveaux records pour une élection municipale, pourtant réputée comme étant l’élection favorite des français. Les maires ont été élus avec 40% des inscrits sur les listes électorales.
Cela doit nous interpeller sur l’organisation générale de notre démocratie : les français n’y croient plus. Ils désertent les urnes. La crainte sanitaire a joué pour beaucoup, mais il ne faut pas négliger la tendance longue de l’augmentation de l’abstention. La soirée électorale hier était terrible, avec les partis traditionnels qui fanfaronnaient de ce qu’ils considéraient comme des victoires. Ils oublient la colère sourde du peuple ! De plus en plus d’abstentionnistes font de leur geste un geste militant : je ne vote pas pour qu’ils comprennent. Je ne vote pas pour les délégitimer.
L’abstentionnisme est une forme du dégagisme politique. Mais il n’obtient aucun résultat. Va-t-il se transformer en dégagisme plus violent ? C’est à craindre. Et la réaction du pouvoir sera renforcer l’autoritarisme déjà très fort de nos institutions.
Or, l’élection sénatoriale est l’élection antidémocratique par excellence. Le peuple n’y participe pas directement, il n’en connait ni les enjeux, ni le calendrier, ni globalement ce qui s’y passe. Au lendemain d’une telle débâcle pour la démocratie française, nous constatons la rupture qu’il y a entre le peuple, le souverain très théorique, et les institutions de la Ve République.
Je crois qu’il est plus que jamais temps de changer nos institutions de fond en comble, et pas se contenter d’une modification cosmétique.
Il faut convoquer une assemblée Constituante, pour que le peuple refonde lui-même les institutions de sa souveraineté. Nous avons besoin de répondre à la crise démocratique qui éclate devant nous. Nous devons redéfinir des institutions politiques pour une 6e République démocratique, écologique et sociale.
Et dans cette redéfinition des institutions, il faudra s’interroger sur la pertinence d’une telle assemblée. Le bicamérisme n’a rien d’une évidence. Les deux premières républiques françaises, celles de 1792 et de 1848, comportaient une chambre unique. L’instauration d’une chambre haute est historiquement et systématiquement une concession faite au camp de la réaction.
Le Sénat de la III° République, qui perdure actuellement, ne fait pas exception à cette règle. Depuis 1958, il est censé représenter les territoires. Avec quels résultats tangibles ? Aucun ! je ne crois pas que quelque citoyen que ce soit ne se sente représenté territorialement par ses sénateurs.
Quels résultats sur l’amélioration de la loi ? quand l’Assemblée nationale tranche en dernier recours, et que c’est en fait la version du gouvernement qui est adoptée, peu ou prou, vu le peu de cas que fait le gouvernement et sa majorité du travail parlementaire.
Si, en vertu de la théorie rousseauiste, la volonté générale est unique, comment peut-elle être représentée par deux assemblées aux avis divergents ? Nous sommes opposés à ce qu’une chambre « haute » élue par des notables locaux tempère les décisions d’une assemblée élue de manière directe, par le peuple.
Aussi, votons cette loi en attendant, mais interrogeons-nous : n’est-il pas plutôt temps de supprimer le Sénat ?