Loi maltraitance animale : En Marche soumis aux lobbies

🐾L’Assemblée nationale a voté hier une proposition de loi visant officiellement à lutter contre la maltraitance animale.


La loi présente effectivement des avancées notables pour la condition animale :

🦁 interdiction des spectacles d’animaux sauvages, dans les cirques, dans les boites de nuit et soirées privées

🐬 fin des delphinariums

🐻 fin des spectacles itinérants d’ours et de loups.

❌ certains spectacles fixes pourront perdurer.

🦡 interdiction de l’élevage des visons pour leur fourrure, et plus largement de tout animal dans le but exclusif d’obtenir sa fourrure. C’est une bonne chose, et les débats ont permis de raccourcir les délais. Une telle interdiction est urgente au vu des enjeux sanitaire : il est probable que les élevages intensifs de visons soient à l’origine des dernières mutations du coronavirus en Europe.
🐶 renforcement des sanctions contre la maltraitance des animaux domestiques, leur abandon

🐱 mesures pour la stérilisation des chats errants
Mais cette loi est incohérente et incomplète, parce que ce qu’elle interdit pour certains animaux, parce que c’est de la maltraitance, elle le permet pour d’autres animaux, même si c’est de la maltraitance.

– rien sur les pratiques cruelles de l’élevage intensif et industriel hormis les visons : rien n’a pu même être débattu sur le broyage des poussins vivants, l’élevage en cage des poules ou des lapins, ou encore les fermes usines

– rien sur les pratiques cruelles de chasse, comme la chasse à courre, la vénerie sous terre, la chasse à la glu et autres chasses dites traditionnelles.
C’est une loi d’opportunisme politique, pour que LREM se donne bonne figure, mais qui refuse d’affronter le lobby de la chasse et de l’agrobusiness.
La France insoumise a voté la loi, mais déplore le fait qu’elle abandonne des millions d’animaux à une maltraitance quotidienne.

Revoir la discussion générale du texte

Revoir l’examen du texte en commission

Revoir la réponse au ministre Denormandie

Lire le discours intégral :

Nous finissons l’examen d’une proposition de loi qui se donnait l’ambition de lutter contre la maltraitance animale. Nous avons bien vu qu’il s’agissait de lutter contre la maltraitance de certains animaux, et de continuer de permettre de maltraiter des millions d’animaux en France.

Nous aurons renforcé les peines contre la maltraitance des animaux domestiques, soit. Lutté espère-t-on contre l’abandon d’animaux. Interdit les spectacles d’animaux sauvages, enfin dans une certaine mesure. Et interdit l’élevage des visons pour leur fourrure, et des autres animaux sauvages pour leur fourrure.

Ce sont des avancées pour la condition animale, bien sûr.

Mais cette loi passe terriblement à côté de son objet. A cause du manque de courage politique de la majorité, des millions d’animaux continueront à être martyrisés en France.

L’enfer de l’élevage industriel et intensif ne sera même pas un tant soit peu amoindri. Nous n’avons même pas pu en parler.

Madame la Rapporteure disait en commission que « les élevages de visons créent une réelle souffrance pour les animaux : les cages sont insuffisamment grandes, les animaux développent des comportements stéréotypés répétitifs et l’on assiste à des phénomènes de cannibalisme dans les cas les plus extrêmes. »

Mais c’est la même chose pour les lapins élevés en cages ! Et les poules élevées en cage ! et de façon générale de tout animal qui est élevé exclusivement dans une cage et n’a aucune opportunité d’exprimer les caractéristiques biologiques de son espèce.

Pourquoi ce qui vaut pour les visons ne serait pas valable pour les autres animaux ?

Nous n’avons pas pu parler non plus des pratiques de chasse cruelles. Ainsi, il est formellement interdit de tuer un animal domestique à coup de barres de fer, mais un renard oui.

Il est formellement interdit de coller les pattes d’un chat à une branche et de l’y laisser agoniser de faim et de soif, parce que ce serait de mauvais traitements et de l’abandon d’animaux, mais un oiseau sauvage, fût-il protégé, oui.

Il est formellement interdit de broyer vivant un chiot nouveau-né pour s’en débarrasser, mais un poussin dans un élevage, oui.

Il est formellement interdit d’arracher les poils de son lapin à vif pour en faire de la fourrure, mais un lapin d’élevage, oui.

Cette loi est donc une loi que la majorité a inventée pour se donner bonne figure, et donner l’illusion de se préoccuper de la condition animale. Mais en refusant catégoriquement de s’affronter aux lobbies de la chasse et de l’agrobusiness, la majorité a produit une loi incohérente.

Certains animaux sont jugés suffisamment proches des préoccupations du grand public, notamment les animaux des particuliers, pour être protégés, mais ceux qui en sont éloignés ne seront pas protégés contre la maltraitance.

Raison pour laquelle on s’escrime à tenir les pratiques de la chasse et de l’élevage industriel hors de la vue du grand public : traque des lanceurs d’alerte, création de la cellule Déméter. Et même récemment une communication édifiante d’une mission d’information parlementaire pilotée par Les Républicains et La République en marche demande de « renforcer l’arsenal pénal » contre « les militants antiglyphosate, véganes ou antichasse ».

Au lieu de protéger les animaux contre la maltraitance, on criminalise ceux qui cherchent à donner une information légitime et importante pour le débat public : on ne peut pas avoir un véritable débat démocratique éclairé sans informations exactes. Et la majorité fait tout pour qu’on ne débatte pas de ces sujets, et qu’on ne puisse pas en débattre en empêchant de faire la lumière sur les véritables pratiques de ces élevages industriels.

Nous devons faire une bifurcation dans notre façon de considérer les animaux, et notre environnement de façon générale. Nous dépendons d’un écosystème fragile, que nous avons fragilisé. Il est plus que probable que la pandémie que nous subissons actuellement soit une des conséquences des actions de l’homme sur son environnement.

La déforestation, le saccage des espaces naturels, sont autant d’occasions où les hommes côtoient des animaux que normalement ils ne côtoient pas. C’est de cette façon que des virus peuvent passer la barrière de l’espèce. Les élevages intensifs sont aussi des lieux privilégiés de naissance et de propagation de virus de plus en plus dangereux. L’ère du peuple dans lequel nous vivons se caractérise par la dépendance accrue des hommes aux réseaux de la société, du fait de l’augmentation de la population humaine. Et ces réseaux sont ceux de la propagation rapide et massive des animaux.

Il faut mettre un terme à cette folie. La pandémie de coronavirus n’est sans doute que la première de ce siècle, et nous devons mettre un terme aux conditions de l’apparition de ces épidémies mortelles.

Nous devons œuvrer à l’harmonie entre les hommes, et à l’harmonie entre les hommes et la nature.