La contraception masculine est la grand absente des annonces d’Olivier Véran. En croyant régler un problème social, les difficultés financières d’accès à la contraception, il promeut l’idée selon laquelle la contraception est une affaire de femmes.
Or, c’est une affaire de partenaires. Les femmes ne doivent pas porter seule la charge mentale et les conséquences physiques de la contraception. Il faut promouvoir la contraception masculine, au lieu de faire comme si cela n’existait pas.
L’accès à la contraception doit être gratuite, et les modes de contraception adaptés à la personne, non à ses moyens financiers.
Question au gouvernement posée le 28/09/2021 :
M. Bastien Lachaud interroge Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances sur la question de la contraception masculine, et plus largement sur les politiques de promotion de l’égalité entre les partenaires vis-à-vis de la contraception.
Le ministre de la Santé a annoncé le 9 septembre 2021 que la contraception hormonale serait gratuite pour les femmes jusqu’à 25 ans. Cette décision, allant en apparence dans le bon sens, est pourtant un vrai recul pour l’égalité. S’il est vrai que des femmes doivent renoncer à prendre une contraception faute de moyens, la mesure annoncée ne résout que partiellement le problème.
D’abord parce qu’elle est limitée jusqu’à 25 ans. Or, les difficultés financières peuvent advenir à tout âge de la vie. Si l’accès à la contraception est un droit, il doit être gratuit à tout âge. Personne ne doit avoir à prendre le risque d’une grossesse non désirée faute de pouvoir payer un moyen de contraception.
Ensuite parce qu’elle concerne principalement la contraception hormonale. Pourtant, celle-ci est loin de convenir à toutes les femmes, et a souvent des effets secondaires physiologiques comme psychologiques. Toutefois, tous les modes de contraception, même hormonales ne sont pas concernées par la gratuité, ainsi les pilules de troisième et quatrième générations, ou encore l’anneau vaginal restent payants. Le préservatif féminin, le patch, les spermicides et la contraception définitive (ligature des trompes) ne sont pas concernés. Or, le choix du type de contraception devrait revenir à la personne, compte tenu de ses besoins, des effets secondaires indésirables, et des risques compte tenu des antécédents personnels et familiaux, et non de ses revenus. Pourquoi le principe fondamental de la sécurité sociale — de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins — ne s’appliquerait-il pas en matière de contraception ?
Par ailleurs, la HAS recommande comme traitement hormonal oral pour l’endométriose une pilule de 3e génération qui n’est pas remboursée.
Surtout, cette annonce élude totalement la contraception masculine. Elle déresponsabilise les hommes d’une éventuelle grossesse non désirée de leur partenaire. Elle entérine par une discrimination selon le sexe, que ce serait aux femmes, et à elles seules, de supporter la charge mentale et les conséquences physiques indésirables de la contraception. Elle oblige les partenaires qui n’ont pas les moyens d’utiliser un autre type de contraception payante, à faire reposer la charge de la contraception sur la femme, puisque c’est surtout la contraception hormonale féminine est remboursée.
Cette annonce accrédite l’idée selon laquelle la contraception est une affaire de femmes. Or, c’est une affaire de partenaires. La légalisation de la contraception qui s’est surtout développée sous la forme de la contraception hormonale féminine, a grandement amélioré le droit pour les femmes à disposer de leur corps, en leur permettant de décider si et quand elles souhaitent envisager une grossesse. Mais cela a eu aussi pour conséquence que les hommes, qui avaient auparavant une responsabilité dans le contrôle des naissances, ont moins eu à s’en préoccuper. Ainsi, la société a progressivement acté que c’était une question de femmes, ce qui était moins le cas des générations précédentes.
Aussi, M. Bastien Lachaud souhaite-t-il savoir ce que la ministre compte faire pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes sur le sujet de la contraception. Il souhaite également savoir quand sera menée une campagne de promotion des différentes méthodes de contraception masculines (préservatif, contraception hormonale, thermique, vasectomie, etc.) et de sensibilisation la nécessité de discussion entre les partenaires sur la méthode de contraception utilisée, y compris sur la question du consentement, à destination du grand public. Il souhaite également apprendre quels dispositifs sont prévus à destination des personnels de santé afin de les sensibiliser à la question de l’égalité entre les femmes et les hommes au regard de la contraception proposée. Il souhaite apprendre quelle politique interministérielle la ministre compte promouvoir afin que soit développée la recherche en matière de contraception masculine. Il souhaite enfin savoir quand le gouvernement entend établir la gratuité de tous types de contraceptifs, sans discrimination d’âge ou de sexe.
Image par Hans Braxmeier de Pixabay