Réduire l’empreinte écologique du numérique

J’ai défendu la planification écologique en matière numérique : les outils numérique génèrent une pollution considérable, pour extraire les matériaux pour leur fabrication, pour produire l’électricité nécessaire à leur fonctionnement, pour faire tourner les centre de données dont ils se servent en permanence.

La numérisation de la société se fait à 2 vitesse : la fracture numérique s’accroit à mesure que les services essentiels sont « dématérialisés », entre ceux qui ont accès, et ceux qui en sont dépourvus. La disparition des guichets de proximité des services publics cause de très grandes difficultés pour nombre de personnes.Il faut un débat démocratique sur les technologies numériques, quels choix de société faisons-nous sur ces outils.

Lire mon intervention :

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues,

La COP 26 vient de s’achever sans qu’il ne soit pris de réelles mesures contraignantes pour réduire l’augmentation globale des températures, et la cantonner à + 1,5°C. Si nous ne prenons pas des mesures contraignantes, nous courrons à la catastrophe climatique à horizon 2100.

Aussi, cette proposition de loi va-t-elle dans le bon sens, mais son manque d’ambition la rendrait presque dérisoire.

Nous ne pouvons qu’approuver le renforcement de la collecte des informations sur l’empreinte environnementale du numérique, et qui complète les capacités de sanction en cas de manquement. Ce texte complète la première proposition de loi que nous avions examinée pour réduire l’empreinte du numérique, qui déjà n’allait pas assez loin.

Nous n’avons plus le temps de petits pas. Nous devons procéder à la planification de la transition écologique de nos moyens de production, et de nos modes de vie, et cela passe notamment par le numérique. On ne peut pas attendre qu’ils se modifient petit à petit sous l’effet des choix de consommation. Il faut pouvoir proposer des outils qui sont produits dans des conditions sociales et environnementales soutenables. La « dématérialisation » du numérique est un leurre : le numérique nécessite de grandes quantités de matériaux pour pouvoir fabriquer les terminaux. Et l’extraction de ces métaux génère des gaz à effet de serre, et nécessite de grandes quantités d’énergie : les grands fonds marins sont menacés par un extractivisme sauvage qui détruirait des écosystèmes entiers.

Si on vise la neutralité carbone en 2050 à l’échelle planétaire, cela nécessitera « six fois plus d’intrants minéraux en 2040 qu’aujourd’hui », sans mesure de sobriété énergétique. Cela est insoutenable.

 Or, les mises sur le marché ont augmenté de 48,5% entre 2017 et 2020 ! Il faut donc des mesures contraignantes pour la réparabilité des terminaux, et contre l’obsolescence programmée.

En 2019, le numérique représentait 2% des émissions de gaz à effet de serre en France. En 2040, le numérique pourrait représenter 6,7% de ces émissions. A politique constante, il y aurait donc une croissance de +60% des émissions de gaz à effet de serre du numérique en 2040.

Certaines technologies, comme la 5G, sont particulièrement énergivores : il faut un débat démocratique sur les technologies, car ce sont de véritables choix de société. De même nous devons avoir un débat démocratique pour savoir comment l’électricité nécessaire au fonctionnement du numérique sera produite. Au lieu de ça, le président vient annoncer à la télévision qu’il a décidé tout seul de mettre du nucléaire partout.

Il faut planifier : le numérique n’est pas la solution magique pour la réduction des gaz à effet de serre, au contraire, les conditions de sa production sont particulièrement polluantes. Le numérique ne doit pas non plus être le prétexte de reculs des services publics : créer des sites internet ne doit pas remplacer les guichets de proximité.

La planification écologique et le débat démocratique sont nécessaires, pour faire face au changement climatique. Tout le contraire de ce que fait Macron.