Vendre des logements sociaux au privé, dans une ville où le secteur immobilier se trouve déjà soumis à une forte pression. Dénaturer un quartier à l’architecture remarquable, clôturer des espaces ouverts et verts, dans une ville qui souffre de la bétonisation à outrance. Cela semble absurde, impensable. C’est pourtant ce qui risque d’arriver aujourd’hui, à Aubervilliers.
Il faut une réhabilitation urbaine…
Dans le cadre du Nouveau Projet National de Renouvellement Urbain (NPNRU) mené par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU), des opérations de rénovation doivent être menées sur les quartiers Maladrerie, Émile Dubois, et Villette. Il est évident que ces quartiers ont besoin d’une vaste opération de réhabilitation, afin d’améliorer le cadre de vie des habitants de ces quartiers. Les habitants ne demandent pas autre chose, eux qui pointent depuis des années les besoins d’interventions sur le bâti, de ravalement, de mise aux normes électriques ou de réfection du chauffage.
…mais pas pour privatiser, gentrifier, et dénaturer
Mais pour la maire et présidente de l’OPH d’Karine Franclet, la réhabilitation semble surtout prétexte des opérations qui risque de dénaturer les quartiers concernés. Or, c’est précisément le sens des orientations prises aujourd’hui : selon les premiers éléments divulgués, sur le quartier de la Villette, 50 à 150 logements seraient concernés par des opérations de vente et de privatisation. Sur celui de la Maladrerie, la démolition de 2 à 7 pavillons serait envisagée, la clôture d’espaces verts, tout comme la vente de plus 300 logements à des bailleurs sociaux et de plusieurs dizaines à des acteurs privés.
…et sans consulter les habitants
Pire, ces orientations sont décidées…sans consulter les habitants ni même leur donner l’ensemble des éléments du projet. L’OPH d’Aubervilliers et la municipalité ne donnent des informations qu’au compte-goutte. L’impératif de concertation est pourtant une obligation légale : la politique de la ville et les projets de rénovation urbaine doivent être débattus avec les habitants, à chaque étape du processus (diagnostic, orientations, réalisation de la programmation). L’avenir des logements serait donc tranché…sans l’avis de celles et ceux qui vivent !
Karine Franclet s’attaque au patrimoine social d’Aubervilliers
Au moment même où une exposition retrace l’histoire du logement social à Aubervilliers, Karine Franclet semble s’apprêter à liquider cette histoire de progrès et de solidarité, en passant en force pour amplifier le processus de gentrification que bien des habitants d’Aubervilliers craignent depuis les annonces en grandes pompes des travaux du Grand Paris. A terme, ceux qui habitent dans ces quartiers depuis toujours devraient plier bagages et laisser place à de nouveaux habitants plus aisés, après avoir enduré l’insalubrité de ces quartiers et le désintérêt des pouvoirs publics.
Je soutiens la mobilisation des habitants
Comment ne pas partager le sentiment de nombreux habitants qui craignent que les opérations de vente aujourd’hui envisagées n’ouvrent la voie à une éviction des catégories populaires ? Comment ne pas comprendre les craintes des habitants de la Maladrerie, attachés à un quartier si particulier, au plan urbanistique, autant que culturel et écologique, ce que traduit son classement au label « Architecte Contemporaine Remarquable » ?
Je soutiens la mobilisation des associations de riverains, qui ont manifesté et manifesteront encore devant le conseil d’administration de l’OPH d’Aubervilliers et devant le conseil municipal. Ce sont eux, habitants de la ville qui sont le plus à même de définir leurs besoins. Mes camarades de La France insoumise Aubervilliers sont à leurs côtés pour manifester. La transparence, la concertation, et une rénovation qui préserve le patrimoine et les habitants, au lieu de s’attaquer à eux : leurs revendications sont justes et saines. C’est dans ce sens que j’ai interpellé la maire d’Aubervilliers et l’ensemble des acteurs du NPNRU, jusqu’à la ministre du logement. J’attends leurs réponses. Il faut défendre le logement social à Aubervilliers.