Crise du crack : démanteler les dispositifs de réduction des risques ne résoudra rien

La maire d’Aubervilliers s’en prend à la politique de réduction des risques

Ce 14 décembre 2021, j’ai été alerté par plusieurs associations dont le travail est reconnu dans la réduction des risques liés à l’usage de drogues. Elles s’alarment sur la décision prise par la maire d’Aubervilliers, Karine Franclet, de procéder à l’enlèvement des 3 distributeurs de matériel d’injection et d’inhalation implantés sur le territoire de la commune depuis de nombreuses années. Le démantèlement du distributeur de matériel d’inhalation situé à proximité de la Porte de la Villette serait prévu dès ce mercredi 15 décembre à 10h30. Je ne peux que m’opposer à une telle décision, qui ne résoudra rien et ne fera qu’accroître les problèmes sanitaires et sociaux liés à l’usage de drogue, qui pèsent lourdement sur le quotidien des albertivillariens et des albertivillariennes.

La réduction des risques a fait ses preuves et est plus nécessaire que jamais aujourd’hui

Ces distributeurs permettent aux personnes qui consomment des drogues d’avoir accès à du matériel propre et stérile. Ils ont fait la preuve de leur efficacité dans le cadre d’une politique de réduction des risques. Ils réduisent considérablement le danger de transmission des virus type VIH, VHC et VHB, ainsi que d’infections bactériennes. Implantés depuis de nombreuses années sur le territoire de la commune d’Aubervilliers, dans le cadre d’une collaboration étroite entre les acteurs associatifs et la municipalité, ils font partie intégrante d’une politique de réduction des risques et de santé publique. A l’heure où la décision du préfet de police de Paris de déplacer vers la Porte de la Villette les consommateurs de crack précédemment situés dans le XIXème arrondissement de Paris accroît le risque sanitaire auquel est confrontée la commune d’Aubervilliers, ces dispositifs sont plus nécessaires que jamais.

L’emplacement des dispositifs peut évoluer, les démanteler purement et simplement ne résoudra rien

Il faut bien entendu écouter la parole des riverains, confrontés aux situations parfois intolérables engendrées par la présence d’usagers de drogue dans l’espace public. Si l’emplacement actuel du distributeur de pipe à crack est source de tensions particulières, il pourrait être possible de déplacer sa localisation, en le rapprochant du square de la Porte de la Villette, où sont concentrés le plus grand nombre d’usagers du crack. Mais démanteler purement et simplement ces dispositifs ne fera qu’exposer les usagers de drogue à des risques sanitaires supplémentaires, sans apporter aucune solution durable aux problèmes sociaux et à l’insécurité que subissent les riverains. Au contraire, une telle mesure ne fera qu’aggraver les problèmes qui pèsent déjà lourdement sur le quotidien des albertivillariens et des albertivillariennes.

Soignez-les ; protégez-nous : santé et tranquillité publiques ne s’opposent pas

« Soignez-les ; protégez-nous » : c’est sur ce mot d’ordre que les riverains de la Porte de la Villette confrontés à la crise du crack se sont mobilisés depuis le mois de septembre dernier. Un mot d’ordre qui souligne que politique de sécurité et de tranquillité publique et politique sanitaire et sociale ne peuvent être dissociées. Les riverains ont le droit à la sécurité et à un environnement apaisé. Les personnes dépendantes au crack doivent être traitées humainement, elles ont besoin d’être accompagnées et soignées. Priver aujourd’hui la commune d’Aubervilliers d’un dispositif sanitaire d’utilité publique va à contresens des besoins, là où il conviendrait au contraire d’unir toutes les bonnes volontés et de conjuguer l’ensemble des politiques publiques pour œuvrer résorber la crise du crack.

J’interpelle les pouvoirs publics

C’est dans ce sens que j’ai interpelé la maire d’Aubervilliers, Karine Franclet, pour relayer la parole des associations et lui demander de revenir sur une décision qui ne peut qu’être contreproductive. J’ai également adressé un courrier au ministre de la santé, Olivier Véran, pour que l’Etat garantisse la continuité de la politique de réduction des risques à Aubervilliers. Il serait grand temps qu’il intervienne et cesse d’abandonner les municipalités et les habitants d’Aubervilliers et Pantin face à un problème que l’État doit traiter en priorité. C’est ce que je lui ai demandé à l’Assemblée Nationale. Les semaines passent. Où est l’Etat ?