Censure, pouvoir d’achat : Face à Borne et ses complices LR et RN, nous tenons le cap de l’opposition

Je reviens ici sur les enjeux de cette deuxième semaine de la nouvelle législature, marquée par le vote sur la motion de censure contre le gouvernement Borne et l’examen de la loi sur le pouvoir d’achat présentée par les macronistes. Le paysage politique se clarifie. Macron et son gouvernement avancent tête baissée, sans dévier de leur programme destructeur. L’austérité est à l’ordre du jour pour les cinq prochaines années. Leur loi sur le pouvoir d’achat, c’est de l’enfumage ! Comme leur façon d’en appeler sans cesse à des « compromis », alors même qu’ils n’écoutent rien, et que la première ministre refuse même un simple vote de confiance de l’Assemblée nationale. LR et le RN laissent faire. Les masques tombent : ils partagent en vérité la même orientation économique que Macron. Nous ne sommes pas dupes. C’est pour cela que nous avons voté la censure. C’est pour cela que nous continuerons à défendre un autre projet économique et social, pour améliorer vraiment le quotidien de toutes et tous, et à nous opposer. Nous sommes la seule opposition qui tient parole.

Le vrai programme de Macron, c’est l’austérité !

Le porte-parole du gouvernement Macron – Borne, Gabriel Attal, l’a déclaré dans un entretien à la presse ce dimanche 10 juillet : le « quoi qu’il en coûte », c’est fini ! Place au « combien ça coûte ? ». Outre qu’il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce prétendu « quoi qu’il en coûte » qui a beaucoup trop bénéficié aux profiteurs de crise et pas assez à nos concitoyens les plus modestes, même ça, c’est fini. Autrement dit : leur programme, c’est de couper, couper et encore couper dans la dépense publique. Attal le dit clairement : il faut rembourser la dette et il faut continuer à réduire chaque année le déficit des comptes publics pour atteindre 3% en 2027. Le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire avait déjà entonné cette petite musique, le 27 juin dernier, sur une radio : « Nous avons atteint la cote d’alerte ! sur la dépense publique, il est temps de réduire le déficit et l’endettement. »

Et dire que les macronistes hurlaient aux « fake news » pendant la campagne des élections législatives, quand Jean-Luc Mélenchon dénonçait le plan d’austérité de Macron pour les cinq années à venir. Le verdict est tombé : LREM mentait, Mélenchon avait raison.

De fait, conformément à ce que prévoit la coordination des politiques économiques des États de l’Union européenne, le gouvernement a transmis en avril 2021 à la commission européenne un programme de stabilité budgétaire qui prévoit une baisse de 80 milliards des dépenses publiques d’ici 2027, pour réduire le déficit public à 3%.

En avril 2022, le gouvernement a transmis un programme de réformes qui maintient cet objectif, et à aucun moment Elisabeth Borne n’a indiqué avoir changé d’orientation. En bref : le vrai programme de Macron, c’est l’austérité ! Et une dose de cheval : 80 milliards en 5 ans, c’est l’équivalent du budget de l’Éducation nationale et de l’Intérieur réunis.

L’escroquerie de la « loi sur le pouvoir d’achat »…qui fait perdre du pouvoir d’achat !

On entend déjà l’argument des macronistes : mais comment osez-vous parler d’ « austérité », comme osez-vous vous opposer, quand le gouvernement engage au contraire des mesures exceptionnelles et des dépenses record pour « protéger les Français » ? C’est le récit que racontent Macron, Borne et leurs porte-paroles au sujet de la « loi sur le pouvoir d’achat » que nous examinons cette semaine à l’Assemblée Nationale.

Or, c’est une belle escroquerie que cette loi…à tel point que l’on devrait plutôt l’appeler la « loi de perte du pouvoir d’achat ». Le journaliste économique Romaric Godin en a livré un décorticage sans concession. Jugez plutôt.

Ils parlent de revalorisations des retraites et des prestations sociales…mais celles-ci seront inférieures à l’inflation sur l’année 2022, ce qui se traduit en définitive par une perte de pouvoir d’achat ! Ils parlent de revaloriser le point d’indice des fonctionnaires et d’augmenter le traitement de certains d’entre eux de 1,5%. Mais là encore, si l’on compare les hausses annoncées à l’inflation annuelle, l’on aboutit à une perte de pouvoir d’achat de 2,25% sur l’année.

Et si l’on se place sur la longue durée, le résultat est plus vertigineux encore : le point d’indice n’a été revalorisé que de 1,2% entre 2010 et 2021, tandis que l’inflation atteignant 14% sur la même période, ce qui en dit long sur la paupérisation des fonctionnaires depuis une décennie ! Ils parlent de revaloriser les APL de 3,5%…mais cette hausse est à mettre en perspective des mesures précédentes de baisse et de gel, et de la hausse des loyers, que le gouvernement a « plafonné » à 3,5% pour l’année 2022 : ce n’est même pas un rattrapage.

On pourrait continuer la liste des mesures en trompe-l’œil ou insuffisantes. Au-delà, c’est la logique même de cette politique qu’il faut contester. Celle qui consiste à multiplier les coups de pouce ponctuels, « primes », « chèques », comme si cela suffisait pour vivre, et pour mieux refuser d’augmenter réellement les salaires, à commencer par le SMIC.

Celle qui consiste à faire financer ces primes par l’État et le contribuable, en subventionnant ainsi en quelque sorte la grande distribution et les producteurs, au lieu de taxer les profiteurs de crise et les spéculateurs et de bloquer réellement les prix des produits de première nécessité, de l’énergie, et les loyers.

Celle qui en somme ne change rien à un système économique aujourd’hui dans l’impasse, alors qu’il faudrait au contraire redistribuer vraiment les richesses, pour relancer la consommation populaire, créer ainsi de l’activité et de l’emploi, et rééquilibrer du même coup les comptes publics. En définitive, vous l’aurez compris : la « loi sur le pouvoir d’achat » de Macron et Borne est à l’antithèse de ce que nous avons proposé dans le programme de Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) et dans la loi d’urgence sociale que nous avons déposée la semaine dernière…la loi des macronistes, c’est une loi libérale et une loi de perte de pouvoir d’achat pour la grande majorité des français !

La communication de Borne, c’est de l’enfumage sans bornes !

On l’aura compris, tout le discours de la Première ministre Borne et des macronistes en cette rentrée parlementaire, n’est qu’une vaste manœuvre de communication politicienne. Ils invoquent sans cesse le « compromis ». Ils mettent à l’ordre du jour une « loi sur le pouvoir d’achat ». La ficelle est grosse. Leur intention est simple : parler de « compromis » pour mieux nous accuser de le refuser et de « bloquer » l’Assemblée nationale. Se présenter en défenseurs du pouvoir d’achat pour mieux nous accuser de refuser des mesures qui bénéficieraient aux plus modestes, et essayer de diviser les différents groupes de la NUPES sur leur positionnement à adopter. Nous ne sommes pas dupes.

Derrière les artifices rhétoriques des macronistes, la réalité est toute autre. Où est le « compromis » quand la Première ministre Borne refuse de se soumettre à un simple vote de confiance ? Où est le compromis quand ils ne font que dérouler le programme destructeur de Macron, sans changer une virgule ? Où est le compromis quand les membres du gouvernement multiplient les déclarations qui nous mettent sur le même plan que le RN et nous taxent d’ennemis de la République ?

De quel « pouvoir d’achat » parle-t-on quand leur loi est très loin d’être à la hauteur des besoins des Français ? Quel pouvoir d’achat quand leurs mesures insuffisantes reviennent au contraire à accepter des pertes de pouvoir d’achat pour une grande partie de la population ? De quel « blocage » parle-t-on ?  a-t-on vu que l’Assemblée nationale soit à l’arrêt ? Non.

En réalité, LREM continue à gouverner comme avant ; comme si Macron n’avait pas été élu par défaut pour faire barrage à Le Pen ; comme s’ils n’avaient pas été battus aux élections législatives ; comme s’ils avaient tout seuls la majorité absolue et la légitimité pour appliquer l’intégralité de leur programme ; comme si Macron n’était pas discrédité par le scandale Uber Files, qui révèle le deal caché qu’il avait passé avec la multinationale états-unienne quand il était ministre de l’économie, pour aider celle-ci à s’implanter en France et déréguler le marché de travail. La communication de Borne n’est que de l’enfumage pour mieux cacher tout cela, un enfumage sans bornes.

LR et le RN ou l’opposition en carton

Macron et son camp se sont trouvés de nouveaux alliés : LR et le RN, qui se prétendent opposants, mais sont surtout occupés à jouer les auxiliaires de la majorité macroniste. La motion de censure contre le gouvernement d’Elisabeth Borne, que nous avions déposée avec 150 députés des quatre groupes composant la NUPES, et qui a été débattue ce lundi à l’Assemblée nationale, a permis en ce sens une clarification politique.

Nous avions pris soin de rédiger notre motion de censure pour qu’elle mette en avant non pas tant nos divergences de fond avec la politique proposée par Elisabeth Borne, mais surtout la question du déni de démocratie que constitue l’attitude d’un gouvernement minoritaire, qui se refuse à passer le test d’un vote de confiance du parlement, et entend ne tirer sa légitimité que de la décision du Président de la République.

Chacun pouvait donc la voter, qu’il partage ou non notre programme. Le résultat a été sans appel : les députés LR et RN n’ont pas pris part au vote, volant ainsi au secours de la majorité macroniste et permettant à Elisabeth Borne de rester en place.

Marine Le Pen n’était même pas présente à l’Assemblée nationale…elle avait piscine, sans doute.

La collusion de la droite et de l’extrême-droite avec les macronistes va plus loin. En commission des finances par exemple, les députés RN ont voté contre notre proposition de blocage des loyers. Sur ce sujet comme sur la motion de censure, ils ne cessent de reprendre – volontairement ou non – les mêmes éléments de langage que la macronie : il ne faut pas être « irresponsables », « irréaliste » (comme nous, la NUPES, le serions), il faut garantir la « stabilité ».

Au-delà des jeux de positionnement tactique – Marine Le Pen croit pouvoir s’acheter une respectabilité dans la bonne société en apparaissant au-dessus de la mêlée et en ne s’opposant pas à la politique économique de Macron –, la réalité est toute simple : LR, lepénistes et macronistes partagent la même vision libérale, antisociale et autoritaire. LR et le RN, c’est l’opposition en carton !

Avec la NUPES, nous sommes la seule véritable opposition qui tient parole !

Face à cette tambouille indigeste, nous sommes les seuls à tenir bon notre cap, dans l’opposition à Macron et à sa politique. Nous avons déposé une motion de censure et voté la défiance au gouvernement Borne, parce que nous n’acceptons pas la dérive autoritaire du pouvoir et que nous défendons les prérogatives du parlement, représentant du peuple.

Nous proposons un autre projet de loi sur le pouvoir d’achat, parce que nous jugeons celui des macronistes très insuffisant, et erroné dans sa logique économique elle-même. En somme, nous ne faisons que notre travail de parlementaires d’opposition.

Faire le contraire, ce serait trahir la confiance de nos électeurs, comme le fait le RN, qui vocifère et se dit « antisystème » le temps des élections, pour mieux s’aplatir inconditionnellement devant Macron ensuite. Nous ne le ferons jamais, car nous, seuls, nous tenons parole ! Nous continuerons à nous battre, fidèles au mandat que nous a confié le peuple.