Nous commémorions aujourd’hui le 8 mai 1945, la victoire sur la barbarie nazie

Avec la capitulation du régime hitlérien après six années de souffrance, l’ombre des années noires était enfin chassée par la lumière de la victoire. Cependant, ce même 8 mai 1945, la même France qui fêtait la victoire de la liberté se rendait coupable d’un crime innommable et écrivait une page sombre de son histoire : les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata.

Ce jour-là, dans l’Algérie sous domination coloniale, des cortèges parcouraient les rues pour saluer la victoire et la liberté. Pour un peuple qui souffrait depuis plus de cent ans sous la domination coloniale, la liberté, cela voulait forcément dire : l’appel à la fin du colonialisme, l’indépendance, que marquaient les drapeaux algériens dans les cortèges. Mais le colonisateur ne l’entendait pas de la sorte : les manifestations furent réprimées dans le sang, des jours et des semaines durant, par l’armée, la police et la gendarmerie française. Un bilan effrayant, difficile à chiffrer aujourd’hui encore : des milliers, peut-être des dizaines de milliers de morts. Il faudra encore plus de quinze ans de lutte et une guerre meurtrière pour que cesse l’oppression coloniale et que peuple algérien conquière enfin sa liberté.

Nous ne devons jamais oublier ce crime, et ce qu’il nous dit. La victoire sur l’oppression nazie, sur l’autoritarisme, sur le racisme, portait en elle un message universel d’égalité et de liberté. La Charte de l’Atlantique, proclamée par les alliés en 1941, ne proclamait-elle pas du droit des peuples à choisir librement leur gouvernement et à exercer leur souveraineté ? Mais au même moment, des millions d’hommes et de femmes subissant le colonialisme, le racisme, étaient privés de cette égalité et de cette liberté. Cette liberté, ils ne la doivent qu’à eux mêmes, qu’à leur lutte. Aujourd’hui encore, sous des formes différentes, l’oppression et le racisme hérités de la colonisation exercent toujours leur emprise, en France, et partout dans le monde. La liberté n’est jamais acquise. Le combat n’est jamais achevé.

Notre pays doit regarder ce passé en face. Reconnaître ce crime. Rendre hommage à ses victimes. Enseigner cette histoire. C’est un devoir moral. C’est une nécessité civique.