Suppression d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences

Question écrite au gouvernement

M. Bastien Lachaud interroge Mme la ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sur la suppression des places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Le Gouvernement a érigé l’égalité entre les femmes et les hommes grande cause des deux quinquennats d’Emmanuel Macron. Pourtant, ce bel affichage entre en contradiction directe avec les agissements réels de l’État. Déjà le budget ne suit pas, la fondation des femmes a publié une étude montrant que depuis le Grenelle des violences conjugales, le budget dépensé par femme victime de violences, a baissé de plus de 25 %. Le budget total a certes augmenté, mais les besoins ont augmenté beaucoup plus vite (+ 83 % de plaintes pour violences conjugales en 5 ans, + 100 % de plaintes pour violences sexuelles en 10 ans) et la prise en charge est moins bonne. En effet, une directive a demandé aux services du 115 de limiter le nombre de nuitées hôtelières d’urgence notamment pour les femmes victimes de violences. Ces nuitées sont déjà des solutions précaires face au manque de place structurel des foyers d’hébergement d’urgence. Les préfets ont appliqué les consignes pour réduire le nombre de places accordées dans les hôtels, arguant préférer les hébergements stables aux hébergements précaires. Mais ceux-ci sont insuffisants et supprimer les nuitées d’hôtel revient à refuser toute prise en charge d’urgence. Ainsi des femmes peuvent rester plusieurs années dans des hébergements à l’hôtel, alors que ce devait être une solution temporaire. Par exemple, à Toulouse, la préfecture a mis fin à l’hébergement de 33 femmes victimes de violences, sans proposer de solution alternative. Selon les informations publiées dans la presse, si les femmes victimes de violence sont prioritaires, dans certains départements il leur est demandé de porter plainte si elles veulent être hébergées plus de deux semaines. Faute de pouvoir être prises en charge, les femmes victimes sont en grand danger et doivent soit rester exposées à la violence, soit accepter des hébergements inappropriés trop loin de leur travail par exemple, soit des solutions très précaire, voire se retrouvent à la rue. Faute de pouvoir proposer des solutions, les travailleurs sociaux sont en grande difficulté et le risque est grand de ne plus pouvoir suivre certaines victimes qui perdent toute confiance dans l’institution. Aussi, il souhaite savoir quand enfin le Gouvernement mettra les moyens humains et financiers suffisants pour lutter contre les violences faites aux femmes, quand le milliard d’euros réclamé par les associations sera enfin affecté à cette supposée « grande cause ».