Espace : Stop au pillage !

Pour une politique spatiale française ambitieuse !

Retrouvez mon discours sur la proposition de résolution européenne sur l’espace. Je dénonce les dangers de la marchandisation de l’espace et j’appelle à une politique spatiale française ambitieuse et cohérente.

La logique prédatrice du capitalisme est une menace pour l’espace qui n’est accessible et convoité que par les plus grandes puissances du monde.

Je pointe également du doigt les insuffisances de la politique spatiale actuelle et j’appelle à une augmentation des investissements dans ce domaine crucial pour la défense, la recherche scientifique, etc.

L’espace est un bien commun à toute l’humanité, il doit être un exemple de coopération pacifique.

Mon discours

Madame la Présidente, Madame la rapporteure, Chère Cécile, Mes chers collègues, 

Aujourd’hui, l’espace devient accessible, des centaines de satellites artificiels sont mis en orbite chaque année. Mais paradoxalement l’espace devient invisible depuis la terre. L’espace infini s’est rapproché, mais le fracas des hommes s’y est propagé, par la transposition du modèle prédateur, destructeur et pollueur du capitalisme. Il menace de tout saccager là-haut comme sur terre. L’espace devient le terrain de jeu de puissance d’Etats, ou de milliardaires, qui y imposent une compétition sans limite.

La France est une grande nation spatiale. 

Nous avons des outils magnifiques, une base technologique et industrielle solides, ainsi que des ingénieurs, techniciens, ouvriers, femmes et hommes remarquables.

Nous devons faire entendre notre voix dans les instances internationales. Agir en faveur de grands projets scientifiques, de développement, de lutte contre la crise climatique. Nous devons rassembler les peuples francophones au sein d’une université de l’espace. L’espace appartient à l’humanité toute entière. Nul ne doit en être exclu. Nous devons œuvrer à une utilisation pacifique et soutenable de l’espace, pour l’intérêt général, par la coopération. 

Nous sommes capables de rompre le statu quo que tentent d’imposer les superpuissances. 

Nous sommes capables de très belles réussites. Rappelons le lancement avec une précision extraordinaire du télescope James Webb, par le lanceur Ariane, qui a permis des clichés spectaculaires et des avancées scientifiques majeures. Nous pouvons nous en féliciter collectivement, mais ces réussites ne doivent pas engourdir notre vigilance. Notre pays est menacé de déclassement. 

Malgré son importance politique et industrielle pour notre pays, les débats sur la politique spatiale sont rares. Ce texte a pour grand mérite de permettre le débat parlementaire. 

Il traite de la régulation du trafic spatial. C’est indispensable. Il le fait à l’échelle européenne, ce peut être pertinent. Mais dans ce cas, comment saluer la politique spatiale européenne, et passer sous silence les difficultés auxquelles elle fait face aujourd’hui.

Loin de la coopération, c’est aujourd’hui la compétition qui fait rage. L’Allemagne cherche à conquérir la première place pour détrôner la France. Elle vise au développement d’une industrie spatiale allemande au détriment de l’industrie spatiale française. Déjà, elle a pris une place prépondérante au sein de l’ESA. Face à cela, que fait la France ? 

Elle annule les crédits, déjà insuffisants, accordés aux politiques spatiales ! 

Le 18 février, c’est presque 200 millions d’€ de crédits pour financer la recherche spatiale qui ont été annulés, c’est-à-dire 10% du budget initial. Un comble quand le budget était censé répondre au caractère stratégique et supposément « ambitieux » de la politique spatiale française. Le gouvernement parle de « renforcement de l’engagement de l’État dans la politique spatiale » ! Mensonge !

La stratégie française peine à apparaître clairement faute de politique cohérente, ventilée entre les questions industrielles, les questions scientifiques, et les questions de défense. Sans pilotage clair, le spatial ne doit pas être abandonné à une pure logique de marché concurrentiel pour des start up

Cette logique conduit à un saupoudrage incohérent de l’argent public, qui ne nous permettra pas de garantir notre souveraineté dans un domaine essentiel. 

France 2030 n’est pas la réponse appropriée pour l’industrie spatiale. S’en contenter est un leurre qui nous conduit au désastre.

Notre nation doit avoir une politique spatiale cohérente et ambitieuse. Il nous faut une véritable stratégie spatiale française : il faut sortir l’espace de la logique de marché. Il faut une planification sur le temps long, pour nous doter des outils dont nous avons besoin. 

L’espace a des usages commerciaux, et des services que nous utilisons quotidiennement, oui. 

Mais l’espace est aussi un outil au service de notre défense, dans lequel nous devons rester souverains. L’espace est aussi et surtout un terrain de la recherche scientifique indispensable pour la compréhension du climat, et de ses bouleversements. Nous avons besoin de ces données plus que jamais pour servir le bien commun de l’humanité.

Ces enjeux sont prioritaires, et aucun marché commercial ne permettra d’y répondre. 

Aussi nous faut-il aborder la question d’une réglementation spatiale européenne sans naïveté. En défendant les intérêts de notre nation, comme le font tous nos partenaires. 

Nous refusons l’appropriation marchande de l’espace comme certaines nations l’envisagent. Nous voulons au contraire promouvoir la coopération dont l’ESA est un modèle depuis cinquante ans.

Nous appelons la diplomatie française à prendre des initiatives pour préserver l’espace tant des logiques guerrières que commerciales. L’espace est un bien commun à toute l’humanité, il doit être un exemple de coopération pacifique.