Gaza meurt de faim : la France doit ouvrir un pont aérien humanitaire

La situation humanitaire à Gaza est critique, avec des millions de personnes sans eau, nourriture ni médicaments. Ce drame résulte d’une stratégie de destruction d’Israël, qui utilise la faim comme arme. La France doit agir, car des gestes tardifs ne suffisent plus. Il est temps de créer un véritable pont

Partager

Une situation humanitaire sans précédent

La situation humanitaire à Gaza atteint un niveau de gravité sans précédent. Une population entière est laissée sans eau, sans nourriture, sans médicaments, sans abri. Les hôpitaux sont détruits, les civils ciblés, et la famine, méthodiquement organisée par Israël, frappe d’abord les enfants, les personnes âgées et les malades.

Une stratégie assumée de destruction

Ce drame n’est pas un accident de guerre. C’est le résultat d’une stratégie assumée : le blocus illégal de la bande de Gaza. Depuis des mois, l’armée israélienne utilise la faim comme arme : en détruisant les cultures, en bloquant les convois, en bombardant les infrastructures civiles, en empêchant toute reconstruction. En cela, Israël agit en tant que puissance colonisatrice et coupable de génocide. Car, la Cour internationale de justice, qui a reconnu dès janvier 2024 un risque plausible de génocide, a ordonné l’arrêt des opérations militaires à Rafah, et exigé un accès humanitaire sans entrave. Ces ordonnances, contraignantes, ont été ignorées et Israël a continué son entreprise de destruction totale de la bande de Gaza, avec la complicité des puissances occidentales.

Une diplomatie française longtemps silencieuse

Et qu’a fait la France face à cette horreur ? Pendant des mois, notre diplomatie est restée muette et aveugle. Le gouvernement a criminalisé les soutiens à la Palestine, sans cesse refusé de prononcer le mot « génocide », écarté toute sanction de la France à l’égard d’Israël, maintenu intact l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne, et refusé de reconnaître l’État de Palestine.

Des gestes tardifs et dérisoires

Ce n’est que sous la pression du puissant mouvement de solidarité internationale qu’Emmanuel Macron s’est enfin décidé à réagir. Le 24 juillet, Paris a annoncé soutenir l’acheminement d’aide humanitaire dans la bande de Gaza via le point de passage de Kerem Shalom, en coordination avec l’ONU et les États-Unis. La France a aussi promis des largages aériens de 40 tonnes de nourriture et de matériel humanitaire, après que l’Angleterre et même Israël s’y soient déjà engagés. Elle s’est également dit déterminé à reconnaître l’État palestinien en septembre.

Mais ces gestes sont bien en deçà de l’urgence humanitaire face au génocide. 

Un contraste accablant : 40 tonnes pour 2 millions de vies

Reconnaître l’État palestinien en septembre ? Pourquoi encore attendre, alors que les images du drame nous parviennent chaque jour ? Larguer 40 tonnes de vivres alors que deux millions de personnes meurent de faim ? C’est dérisoire. À titre de comparaison, durant le blocus de Berlin Ouest en 1948-49, les Alliés livraient jusqu’à 12 000 tonnes par jour. À Gaza, 40 tonnes, c’est l’équivalent d’un seul des nombreux camions bloqués par Israël à l’entrée du territoire.

Des largages inefficaces, voire dangereux

Et ces largages sans coordination au sol, sont dangereux : des personnes peuvent mourir écrasées par les palettes, des mouvements de foule font des blessés, tandis que la famine, elle, se poursuit. Ce n’est donc pas une véritable politique humanitaire, c’est une simple opération de communication, destinée à apaiser les consciences, à répondre symboliquement à la pression de l’opinion. L’ONU ne s’y trompe pas et dénonce fermement ces largages aériens.

Une alternative : une vraie opération humanitaire

Face à cela, la France peut et doit faire davantage. Elle doit d’abord agir concrètement, sur les plans diplomatique et économique, en recourant aux mécanismes de sanctions pour obtenir la levée du blocus de la bande de Gaza, en violation flagrante du droit international et des droits humains les plus fondamentaux. Mais l’urgence de la situation, conjuguée à l’absence totale de volonté du gouvernement israélien d’atténuer la catastrophe humanitaire, nous interdit d’attendre et de nous laisser distraire par la diversion des largages aériens. La France doit initier une véritable opération humanitaire multilatérale, fondée sur le droit international, mobilisant ses capacités logistiques et portée par le courage politique de sa diplomatie. Un gouvernement insoumis saurait mettre en œuvre une stratégie à la hauteur de la situation. Nous établirions un pont humanitaire permanent vers Gaza.

Un pont humanitaire permanent : la France en a les moyens

La France en a les moyens. Elle dispose des avions cargos A400M, capables d’assurer un pont aérien massif. Elle possède une base militaire en Jordanie qui peut servir de hub logistique à l’opération. Elle peut mobiliser ses unités du génie militaire, aptes à être parachutés dans la bande de Gaza pour créer les infrastructures nécessaires : zones de distribution sécurisées, hôpitaux de campagne, pistes d’atterrissage pour permettre aux avions cargos des livraisons régulières et sûres. L’ONU et les ONG pourraient alors assurer la distribution de l’aide humanitaire sur place. Notre marine, stationnée dans les eaux internationales à proximité des opérations, pourrait garantir la sécurité de l’opération en tant que force de dissuasion. Enfin, ce pont humanitaire s’inscrirait dans le cadre du droit international : la résolution 2417 du Conseil de sécurité de l’ONU condamne explicitement l’usage de la famine comme arme de guerre, et la doctrine de la responsabilité de protéger légitime une intervention humanitaire face à un génocide.

Créer une brèche dans le blocus

La France n’a pas les moyens logistiques de faire cesser à elle seule le génocide en apportant cette aide humanitaire, mais elle saurait créer une brèche dans le blocus illégal. En montrant au monde qu’il est possible de mettre en place un pont humanitaire à Gaza, les États qui refusent de rester inertes face au génocide sauraient se rassembler pour faire de même. Une telle opération ne serait pas qu’un symbole. Elle enrayerait la mécanique du génocide. Elle forcerait Israël à choisir. Soit s’attaquer à une coalition humanitaire internationale portée par une puissance comme la France, soit accepter la fin des massacres et négocier un cessez-le-feu, première étape vers la paix. Elle mettrait enfin Benjamin Netanyahou au pied du mur. 

Refonder le rôle de la France dans le monde

En agissant ainsi, la France affirmerait son indépendance vis-à-vis des États-Unis et d’Israël, et retrouverait ce qui devrait toujours être son rôle : faire respecter le droit international et faire émerger la paix. Ce serait un moment diplomatique de la même ampleur que le refus de la guerre en Irak, en 2003.

L’histoire jugera : soit la France reste dans l’ombre, complice passive d’un génocide.

Soit elle ouvre une voie, et se présente au monde comme la nation qui, face à l’horreur, a refusé de détourner le regard.

Recherche
Contactez-moi

Écrivez-moi un message dans la boîte contact ci-dessous !