Il y a 80 ans aujourd’hui, le 15 août 1944, les forces alliées débarquaient en Provence, pour achever la libération de la France de l’occupant nazi.
2000 navires, 350 000 hommes. Parmi eux, 250 000 soldats des troupes françaises de l’Armée B. Une armée composée dans sa grande majorité de soldats issus des colonies et des outre-mers : 130 000 soldats d’Algérie et du Maroc, 15 à 20 000 tirailleurs d’Afrique subsaharienne, des milliers de soldats ultramarins, originaires de Tahiti, de Nouvelle-Calédonie, des Antilles, de la Guyane, de La Réunion et de Saint-Pierre et Miquelon.
Des « indigènes » comme on disait alors. Des hommes qui n’avaient jamais vu la France et à qui la France n’avait réservé que la violence et le mépris de sa domination coloniale. Des hommes à qui, après la victoire encore, la France ne devait réserver que le même mépris et la même violence : relégation avec le « blanchiment » des troupes dès 1944 puis l’effacement de leur mémoire, oppression coloniale renouvelée avec l’écrasement sanglant des mouvements de libération et d’indépendance nationale dès 1945 – que l’on songe aux massacres de Sétif, Guelma et Kherrata.
Des hommes qui, malgré, tout cela, ont donné leur sang et leur vie pour la France et pour sa libération. Sans eux, la libération de la France, la victoire sur l’Allemagne nazie, n’auraient pas été possibles. Nous leur devons notre liberté. Nous nous devons de saluer et d’honorer leur mémoire. Gloire à nos combattants du 15 août 1944.
Mais les paroles ne suffisent pas. Il faut des actes. Aujourd’hui encore, le refus de nombreux chefs d’Etat africains de participer à la commémoration, sur fond de relations tendues avec la France, témoigne de ce que la décolonisation n’est pas encore réellement achevée. Nous avons beaucoup à faire pour en finir avec les vestiges de la Françafrique et nouer des relations vraiment égalitaires avec l’ensemble des anciennes colonies. Aujourd’hui encore, le racisme systémique dont sont victimes en France des millions de nos compatriotes, descendants de ceux qui ont combattu pour notre patrie témoigne de l’héritage sombre que nous a laissé la colonisation. Nous avons beaucoup à faire pour construire une République réellement à la hauteur de sa devise de liberté, égalité et fraternité. C’est aussi cela, rendre hommage aux combattants du 15 août 1944.