Les bobards du pouvoir d’achat

L’idée est désormais bien installée que la politique d’Emmanuel Macron est au service des riches. Un mouton prévenu en vaut deux : il ne se laisse plus tondre aisément. Voilà donc les membres de la majorité qui s’emploient, contre toute évidence, à expliquer que le « pouvoir d’achat » est

Partager

L’idée est désormais bien installée que la politique     d’Emmanuel Macron est au service des riches. Un mouton prévenu en vaut deux : il ne se laisse plus tondre aisément. Voilà donc les membres de la majorité qui s’emploient, contre toute évidence, à expliquer que le « pouvoir d’achat » est en hausse. Quel
bobard !

Il ne s’agit pas du pouvoir d’acheter n’importe quoi

Tout d’abord, profitons de l’occasion pour réfléchir un instant sur cette idée de « pouvoir acheter ». On ne peut pas avoir pour seul objectif politique de travailler à l’augmentation des achats en général. Que les Français·es puissent acheter des produits naturels, sains et bons est un objectif un peu plus raisonnable que leur donner la possibilité d’acheter plus de produits chargés en plastiques, en pesticides, polluants ou issus de l’exploitation d’enfants, par exemple.

Par ailleurs, il y a toute une série de biens et de services qui ne sont pas des marchandises. Nous ne voulons pas acheter la santé ou l’éducation. Nous voulons être en bonne santé ; nous voulons que nos enfants soient bien éduqués. À vrai dire, ce sont des droits. Le niveau de revenu ne devrait pas vraiment avoir d’influence sur ces aspects de nos vies. Or sous couvert de pouvoir d’achat le gouvernement transforme profondément nos vies et nous obligera bientôt à acheter ce qui auparavant était un service public.

Pouvoir se soigner

Dans le domaine de la santé par exemple, le gouvernement a décidé l’an passé la suppression de l’obligation du tiers payant. De quoi s’agit-il ? Le « tiers payant », c’est quand ce n’est ni le médecin, ni le patient qui assume l’avance du prix des soins, c’est un « tiers », une troisième personne, en l’occurrence l’Etat qui paie. Supprimer le tiers payant va donc avoir des effets désastreux sur ce fameux « pouvoir d’achat » dont on nous rebat les oreilles mais cette suppression va surtout nuire encore plus à la qualité de vie. Des milliers de personnes vont renoncer à se soigner, faute de pouvoir avancer les frais.

C’est bien le calcul cynique du gouvernement qui espère ainsi faire des économies. C’est injuste et stupide ! En ne se soignant pas dans un premier temps, les maladies de ces personnes vont s’aggraver et lorsqu’elles ne pourront plus repousser, elles iront aux urgences ou chez le médecin : l’assurance maladie devra alors rembourser des frais de santé bien plus élevés. Si vous
soignez un rhume, le coût est bien mince ; si vous soignez une pneumonie, le coût est plus élevé. Et je ne parle pas des risques de contagion, de l’impact sur le fonctionnement de la société. Un parent gravement malade est moins disponible pour ses enfants par exemple ; une personne gravement malade arrête de travailler, etc.

Pouvoir compter sur la sécurité sociale

L’ensemble de
ces dépenses sont financées par les cotisation sociales des employeurs et des
salariés. Le gouvernement a déjà largement réduite les cotisations patronales
et mis dans le rouge les comptes de la sécurité sociale. Il vient maintenant de
s’attaquer aux cotisations chômages, ce qui remet en question l’universalité du
droit aux indemnités chômages. Mais le pire c’est qu’il présente ça comme une
augmentation du pouvoir d’achat, en augmentant le salaire net. Qu’est-ce que
cela signifie ? Jusqu’à présent, le salaire est composé d’un montant perçu
directement, le salaire net : c’est le chèque qu’on touche en fin de mois.
Une deuxième partie du salaire est versée dans des caisses communes : ce
sont les cotisations. Cette somme ajouté au salaire net c’est le salaire brut.
Or l’argent mis en commun dans ces « tirelires » que sont les
cotisations font partie de ce fameux pouvoir d’achat, c’est du salaire différé,
que l’on perçoit plus tard, quand on en a besoin. Il sert à faire face au
risque de maladie, de chômage, d’accident du travail, de dépendance ; il
finance aussi les retraites. Le gouvernement a décidé que cet argent ne soit
plus mis au pot commun avec les autres salariés. Il sera perçu directement en
fin de mois. Du coup, il sera immédiatement disponible pour acheter mais
uniquement si vous avez la chance d’être en bonne santé. De fait, le montant de
l’argent cotisé baisse donc les prestations sociales baissent ; au bout du
compte l’argent que le gouvernement prétend donner d’une main il le reprend de
l’autre. Pire encore ! Pour compenser la baisse des prestations sociales,
la plupart des salarié·e·s va devoir se retourner vers les assurances privées
auxquelles le gouvernement offre une clientèle idéale. L’objectif de ces
assurances est bien entendu de faire du profit et de rémunérer des
actionnaires. L’argent qui leur sera confié sera donc ponctionné. Ajoutez à
cela le fait que les prestations de la Sécu baissant, les mutuelles considèrent
que leurs propres dépenses vont augmenter : leurs prix vont donc suivre…
Voilà comment augmente le pouvoir d’achat.

Pouvoir se déplacer

Ce genre
d’absurdité se retrouve partout dans la politique du gouvernement. On parle de
la hausse du prix du gazole. Evidemment c’est un choix pseudo-écologique qui
pénalise précisément celles et ceux qui comptaient sur le diésel pour payer
moins. D’ailleurs cette question cristallise ces derniers jours beaucoup de la
rancœur à l’égard du gouvernement. Elle pourrait même être l’étincelle d’un
mouvement social d’ampleur. Spontanément, des appels à mobilisation ont été
lancés pour le 17 novembre. Comme ce fut le cas lors de l’appel qui a suivi la
démission de Nicolas Hulot, la France insoumise se placera en soutien de
ce mouvement et refusera aussi bien de le récupérer que d’être récupéré. Toute
initiative du peuple pour prendre ses affaires en mains mérite d’être
encouragée. C’est aussi la condition pour faire progresser la prise de
conscience écologique : la transformation écologique de la société ne
passer pas par la somme des bonnes volontés individuelles mais par l’action
résolue des pouvoirs publics. Les principales causes de la pollution au CO2
sont l’industrie et le transport aérien : que fait le gouvernement ?
Rien. C’est d’une planification à grande échelle pour sortir des énergies
carbonées dont nous avons besoin. Des investissements massifs sont
indispensables pour mettre à disposition des transports publics gratuits et en
quantité suffisante. Le développement des énergies renouvelables doit être
soutenu. Or, il n’en est rien. Un exemple parmi d’autres : en juillet
dernier, l’entreprise Naval Energies qui développait un parc
d’hydroliennes dans la Manche a annoncé l’arrêt, du projet alors que le site de
production venait d’ouvrir quelques mois plus tôt. Elle regrettait le manque de
soutien de l’Etat.

En fait, le
gouvernement considère que tout est affaire de choix individuel et non pas de
décision collective. Ce qui évite de poser les questions qui fâchent et de
secouer les gros intérêts financiers. Dans le domaine des transports, l’exemple
le plus colossal de la gabegie est celui du prix des autoroutes. En réalité,
les péages pourraient disparaître. Le coût des autoroutes est largement amorti
depuis leur création. L’argent des autoroutes est une rente offerte à des
exploitants privés, du style Vinci, Eiffage etc… Et comme si ce
n’était pas suffisant, la baisse des limitations de vitesse pourrait bien
augmenter le trafic sur les autoroutes. Et dire que le sieur de Rugy, ministre
de l’Ecologie, passe son temps à dire qu’il refuse « l’écologie
punitive ». Si cette expression, assez absurde au demeurant, mérite un
jour d’être utilisée, incontestablement ce sera pour qualifier la politique du
gouvernement.

Pouvoir choisir l’indépendance énergétique

Cela m’amène
à la question de l’Arabie Saoudite. J’ai posé la semaine dernière une question
au gouvernement sur le sordide assassinat du journaliste saoudien Jamal
Khashoggi. Le rapport ? Le pétrole ! au nom des approvisionnements en
pétrole de la France, et la dépendance énergétique, le gouvernement
s’auto-contraint à toute sortes de contorsions pour justifier sa politique
étrangère vis-à-vis de cette monarchie pétrolière. Tant que la transition
énergétique n’est pas engagée, et nos économies si dépendantes du prix du
baril, nous sommes pieds et poings liés. La France n’a même pas le courage
élémentaire de protester. Ni de cesser ses exportations d’armes à ce pays qui
commet probablement des crimes de guerre avec ces mêmes armes, alors même que
c’est exigé par le traité sur le commerce des armes (TCA) que la France a
ratifié.

Il faut engager la transition écologique, vite !

Au lieu de
forcer les gens à payer plus pour les obliger à dépenser moins – arithmétique
absurde –   le gouvernement ferait mieux
de réellement donner les moyens aux Français.es de subvenir à leurs besoins. La
première mesure écologique d’un gouvernement France insoumise sera
l’augmentation du SMIC : cet argent-là, nous le savons, il n’ira pas
dormir ou faire des petits dans les paradis fiscaux. Il sera utilisé très
largement et prioritairement pour acheter des produits issus de l’agriculture
paysanne de proximité et soutiendra les filières durables. Faire payer les
gros, rassurer les petits, voilà la vraie écologie. Les Marcheurs se
moquent : ce n’est pas assez subtil pour eux. On leur laisse le soin
d’être subtil. Nous nous contenterons d’être justes et efficaces.

La transition
écologique est une nécessité d’intérêt général humain, elle correspond à un
intérêt social et de santé publique, mais sera aussi salutaire pour désengager
la France de sa dépendance à des régimes criminels et condamnables.

Recherche
Contactez-moi

Écrivez-moi un message dans la boîte contact ci-dessous !