Après la diplomatie du panda, la diplomatie du masque

Le système français de santé a été détruit méthodiquement depuis des dizaines d’années par les gouvernements successifs. Il se bat avec des moyens limités pour soigner les malades du Covid19. Après la destruction des stocks stratégiques d’États de masques FFP2 depuis 2013, des millions de masques de protection manquent pour

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Le système français de santé a été détruit méthodiquement depuis des dizaines d’années par les gouvernements successifs. Il se bat avec des moyens limités pour soigner les malades du Covid19. Après la destruction des stocks stratégiques d’États de masques FFP2 depuis 2013, des millions de masques de protection manquent pour les soignants. Les mêmes stocks de masques chirurgicaux ont été réduits considérablement, et manquent pour équiper les malades, et la population en général. Le gouvernement a tenté de dissimuler le manque de masques disponibles. Mais la France ne peut répondre à la forte demande de masques. Le gouvernement a camouflé son incapacité à fournir des masques à la population par une doctrine.

La diplomatie sanitaire de la Chine

La Chine, premier foyer de l’épidémie de coronavirus, est rapidement venue « au secours » des autres pays dépassés par cette maladie, déployant une offensive économique, commerciale et diplomatique de grande ampleur. Sa diplomatie sanitaire repose sur l’exportation de matériel médical et de savoir-faire. Récemment, l’État chinois envoyait des médecins en Italie pour aider à juguler la crise sanitaire. Cette aide est liée à la participation de l’Italie au projet des nouvelles routes de la Soie organisé par la Chine, pour asseoir ses relations commerciales.

Une dynamique similaire l’amenait à offrir à la France un million de masques mi-mars. Cette exportation est rendue possible par les grandes capacités chinoises de productions de masques, permise par la reconversion rapide de son secteur industriel dans la fabrication et l’exportation de cette protection de base.  

La France fait appel à la Chine

La France n’est pas en reste des renforts médicaux chinois. Elle s’est vantée d’avoir commandé plus d’un milliard de masques pour fin juin – même si les chiffres varient selon les sources, et témoignent des approximations à répétition de nos gouvernants. Pour pallier la carence de stocks étatiques, et pour faire face à l’amateurisme coupable du gouvernement, les collectivités locales s’organisent alors toutes seules. Ainsi, nous apprenions par voie de presse que la ville d’Angers a reçu 30 000 masques de sa ville jumelle chinoise Yantai. Après les mensonges sur le nombre de stocks disponibles, après des commandes tardives de masques, l’État ne peut toujours pas protéger sa population. Comme l’illustre la volonté du ministre de l’Intérieur d’annuler les arrêtés municipaux rendant obligatoire le port du masque, leur politique se calque sur la pénurie, et non sur les besoins sanitaires de la population. Comme, sans réquitions, nous ne pouvons produire suffisamment de masques, nous ne pouvons rendre son port obligatoire, et cela nous rend dépendants de la Chine.

Sous le masque providentiel, un faux-ami

Faire appel à la Chine n’est pas la meilleure réponse à la crise que traverse la France. Sous ses airs de sauveur providentiel, l’État chinois, en guerre commerciale avec les États-Unis bien avant la crise du coronavirus, n’oublie pas ses intérêts économiques et commerciaux. Il cherche à asseoir son influence au niveau mondial, en devenant une puissance sanitaire incontournable.

D’abord, la Chine ne saurait faire oublier les premiers moments de sa gestion du coronavirus. En décembre 2019, elle faisait taire les médecins chinois qui tentaient d’alerter sur les dangers de la maladie. Elle a aussi mis sous pression l’OMS et retardé ses prises de décisions dans la reconnaissance du danger de l’épidémie. Enfin, elle a menti sur le nombre de morts chinois engendré par le virus, brouillant les informations sur son ampleur réelle.

Une nouvelle diplomatie du panda

Ensuite, ses aides aux pays étrangers ne sont pas sans arrière-pensée. Comme la Chine pratiquait auparavant la diplomatie du panda, prêtant ces prestigieux animaux à des pays étrangers en marque d’estime, on peut voir là une diplomatie du masque.

Ce rapport de force entre la Chine et la France se ressent à d’autres niveaux. Par exemple, si les ambassades chinoises n’ont eu de cesse de communiquer sur les aides aux pays occidentaux, leur propagande n’hésite pas à critiquer la France. L’Ambassade de Chine en France considère ainsi que « certains médias français cherchent à calomnier et à noircir la Chine ». Plus généralement, les critiques étrangères concernant le gouvernement chinois sont dénoncées dans ce pays, notamment par le Quotidien du peuple. L’aide ne se fait pas sans contrepartie pour la France.

De plus, la Chine n’offre pas de garantie sur la qualité de ses masques. Le gouvernement chinois se refuse à ralentir les exportations, et ne contrôle pas la qualité des masques ni leur homologation. Certaines entreprises chinoises n’ont pas assez de personnels qualifiés pour fabriquer les pièces sophistiquées, ce qui diminue la qualité du matériel et donc la sécurité de ceux qui les portent. Les petits producteurs chinois, qui ont senti le vent de la demande et l’attrait pour un marché en croissance rapide, fabriquent ainsi vite et parfois mal. Cela est illustré par la commande de 600 000 masques des Pays-Bas à la Chine, qui se sont révélés à la livraison ne pas être des masques FFP2 conformes.

L’État français défaillant

Enfin, l’aide apportée par l’État chinois révèle la faiblesse de partenariats français traditionnels et les défaillances de notre propre État. Nous ne pouvons compter ni sur nos propres industries, complètement insuffisantes, ni sur ce que certains voient comme des partenaires naturels, les États-Unis ou l’Union européenne, pour une solidarité sanitaire. Surtout, elle met en lumière la dépendance sanitaire et économique dans laquelle les dirigeants successifs nous ont plongés. Aujourd’hui, la France est dépendante du bon vouloir des décideurs politiques chinois et de la volonté des milliardaires de ce même pays pour nous fournir des masques. Même si le gouvernement français a passé des commandes tardives à la Chine, l’expérience montre que les stocks destinés à la France peuvent ensuite être rachetés par d’autres pays. Notons aussi que les entreprises chinoises au carnet de commandes rempli ne sont pas à l’abri de ne pouvoir remplir leurs obligations. Les matières premières nécessaires à la fabrication des masques peuvent venir à manquer. Sans parler de la qualité très variable de ce qui nous sera fourni, si un jour ces masques arrivent.

Pour une nouvelle souveraineté industrielle et sanitaire

Contre ce fiasco gouvernemental, il est grand temps de revenir à une production française de masques et d’équipements de santé. Il faut reconstituer des stocks stratégiques d’États, pour être prêts à répondre à la prochaine crise sanitaire. Aujourd’hui, il reste dans l’hexagone 4 producteurs de masques, les autres entreprises ont été fermées, par manque de soutien de l’État. Le gouvernement de François Hollande puis celui d’Emmanuel Macron ont ainsi vendu notre souveraineté dans la gestion de crises et notre capacité de résilience aux autres pays, et notamment à la Chine. Le coronavirus aura eu l’avantage de montrer au grand jour les failles du gouvernement : son action est une réaction aux crises, à l’inverse de l’anticipation et de la préparation dont nous avions besoin.

A contrario, la France insoumise martèle depuis des semaines la nécessité de la réquisition des industries en capacité de produire des masques. En outre, la planification de la production massive de masques et l’organisation d’un système de distribution à grande échelle sont impératives pour une sortie de crise.

Sans tests ni masques généralisés, aucune sortie du confinement ne peut-être envisagée. Le gouvernement l’aura compris trop tard, avoir des stocks suffisants de masques, combinés à des dépistages massifs, est l’un des piliers d’une politique de protection sanitaire efficace. Demain, commence aujourd’hui.

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