La Chine, cet exemple qui n’en est pas un

Les mesures de confinement prises par la majorité des pays touchés par l’épidémie de Covid-19 ont été fondées sur l’exemple chinois. Pourtant, les informations qui sont divulguées progressivement de Chine sur la gestion de la crise permettent de douter de la pertinence de ce panurgisme. En définitive, cet alignement témoigne

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Les mesures de confinement prises par la majorité des pays touchés par l’épidémie de Covid-19 ont été fondées sur l’exemple chinois. Pourtant, les informations qui sont divulguées progressivement de Chine sur la gestion de la crise permettent de douter de la pertinence de ce panurgisme. En définitive, cet alignement témoigne plus d’une appétence des gouvernements pour l’autoritarisme que d’une démonstration de la capacité à endiguer la pandémie.

Un départ de l’épidémie camouflé

Selon les données actuelles, transmises par les autorités chinoises, l’épidémie a émergé dans la ville de Wuhan en décembre dernier. Le 9 janvier, la Chine et l’OMS ont annoncé officiellement la découverte de ce nouveau virus, mais l’OMS n’a caractérisé le phénomène de pandémie que le 11 mars. Or, selon ABC News, les autorités américaines étaient informées dès novembre de la propagation d’un nouveau coronavirus dans la région de Wuhan. Cette information aurait été discutée au sein du gouvernement courant décembre avant que l’état de la menace fasse l’objet d’un rapport remis au président Trump. Mais fidèle à son scepticisme, celui-ci n’a rien dit ni rien fait.

Des lanceurs d’alerte chinois réduits au silence

Des médecins chinois avaient alerté fin décembre de l’apparition d’un nouveau virus proche du SRAS à Wuhan. Mais les autorités chinoises se sont empressées de les faire taire. Le décès du docteur Li Wenliang ne peut être imputé au gouvernement chinois. La disparition, début avril, de sa cheffe la docteure Ai Fen démontre la volonté du gouvernement chinois de maîtriser par tous les moyens la diffusion de l’information. Et il y est parvenu.

L’OMS bâillonnée

Alors que l’OMS apprenait dès le 9 janvier l’existence du Covid-19, elle n’a déclaré la pandémie que 2 mois plus tard. Pourtant, le premier cas hors de Chine a été détecté le 11 janvier. Et fin janvier, on comptait déjà au moins 20 pays touchés. Aussi, en dépit de ses protestations, le retard de l’OMS dans la qualification officielle de pandémie est incontestablement politique et semble motivé par la volonté de préserver les autorités chinoises et ses partenaires économiques.

La condamnation est venue de Trump. Avec toute la mesure qu’on lui connaît, il a menacé de couper les financements de l’OMS en raison de son attentisme. Mais c’est surtout la complicité de cette organisation dans la dissimulation de la gravité de l’épidémie en Chine que souhaitait dénoncer le président américain.

Les accusations ne sont pas infondées et l’OMS, comme l’ensemble des gouvernements ayant minoré la gravité de cette crise, devra rendre des comptes. Car ils ont mis en danger la vie de milliers de personnes. La Chine a menti sur la gravité de la situation à Wuhan. Elle a tenté de camoufler l’épidémie, empêchant par là les pays de se préparer. Mais ce n’est pas une surprise. La Chine est une dictature. Le plus déplorable est que la transparence que nous exigeons des Chinois devrait être celle que nos gouvernements démocratiques sont censés nous garantir. Or, tel n’est manifestement pas le cas.

Pas 2500, mais des dizaines de milliers de morts

Selon les autorités chinoises, entre 2500 et 3000 personnes sont mortes en Chine du Covid-19. Or, depuis que les habitants sont autorisés à venir récupérer les urnes funéraires de leur proche décédé, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui déferlent dans les crématoriums. Selon certaines estimations, la Chine compterait non pas 2500, mais entre 40 000 et 120 000 morts.

Nulle possibilité de confirmer ce chiffre à ce jour. La dictature chinoise verrouille savamment tous les réseaux de dissémination de l’information. Mais, si les premiers cas datent du mois de novembre, comme l’ont rapporté des autorités américaines, alors l’estimation de 40 000 morts est tout à fait crédible. Car, dans ce cas, le confinement décrété le 23 janvier est intervenu 2 mois après le début de l’épidémie, comme en Italie ou en France. La Chine devrait donc en toute logique déplorer plus de 10 000 victimes, comme notre bilan risque de le démontrer.

Mais la propagande du gouvernement chinois, appuyée par la démonstration de force que constituait la construction d’un hôpital en 10 jours, a eu raison de la précaution habituelle des gouvernements et des médias occidentaux. La prétendue efficacité des mesures radicales prises par cette dictature, certifiée par des chiffres truqués, s’est ainsi imposée comme la seule méthode à même d’endiguer l’épidémie. Or, cette focalisation sur le dispositif autoritaire chinois conduit à nous faire accepter des atteintes démesurées à nos libertés. Alors que d’autres pays comme le Viet Nam parviennent à empêcher la propagation du virus sans recourir à l’enfermement général de sa population.

Des exemples évincés

Depuis l’épidémie du SRAS de 2003, les pays asiatiques touchés ont mis en place des protocoles de lutte contre les épidémies de coronavirus. Ils ont fait des stocks de masques. Ils ont installé des laboratoires à même de produire des tests en masse. Ils disposent de structures qui, bien que moins bien équipées que la France, sont en mesure de recevoir un grand nombre de patients. Mais surtout, ils prennent les choses au sérieux contrairement aux dirigeants occidentaux. Les autorités vietnamiennes ont rapidement pris des mesures. Elles ont protégé la population (généralisation du port du masque, dépistage systématique et suivi de toutes les personnes infectées). Elles ont restreint les interactions sociales (distanciation sociale, arrêt des transports publics, suspension des routes aériennes). Cela a permis d’éviter une crise sanitaire. À ce jour, le Viet Nam compte 245 personnes infectées, mais aucun décès dû au Covid-19. Et il n’utilise aucun dispositif de surveillance numérique comme l’envisage l’équipe gouvernementale de Macron ou le pratiquent la majorité des pays asiatiques.

Alors pourquoi cet exemple est-il passé sous silence ?

L’autoritarisme ou la planification ?

La réponse est simple. Elle permet de faire passer les mesures liberticides prises par le gouvernement, en se fondant sur la Chine, présentées comme seule solution possible : l’autoritarisme.

Sans masque et sans tests, Macron et son gouvernement se sont retrouvés dans la même situation que les autorités chinoises en janvier : incapables de lutter contre un virus qui s’était déjà largement propagé. Alors, comme le gouvernement chinois, nos dirigeants ont opté pour la méthode autoritaire : le confinement général. Et ils sont prêts à utiliser tous les moyens, même les plus liberticides, comme le pistage de la population, pour pallier leur retard et leur incapacité à prendre les mesures qui s’imposent. Il est impératif de planifier et de réquisitionner des entreprises textiles et pharmaceutiques pour produire des masques et des tests pour l’ensemble de la population.

Force est alors de reconnaître que les penchants autoritaires de nos dirigeants l’ont emporté sur la raison scientifique, contrairement à ce qu’ils prétendent. Plutôt que d’organiser la planification avec ceux qui savent les scientifiques et les travailleurs. Ce qui n’a pas été fait pour l’entrée dans l’épidémie doit maintenant être fait pour organiser le déconfinement.

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