Le 12 novembre 2017, Jack Ralite nous quittait. A trois ans de sa disparition, qu’il me soit permis de republier aujourd’hui ces quelques mots d’hommage.
Je n’ai pas côtoyé Jack Ralite. Impossible cependant d’évoquer Aubervilliers sans penser à lui. Impossible d’évoquer la ville et son histoire avec ses habitants sans que son nom ne soit mentionné. Jack Ralite fut un militant communiste, de cette génération à qui notre patrie, et plus spécialement les » banlieues rouges » doivent tant.
Adhérent du Parti Communiste Français à 20 ans à peine, il fut journaliste, chargé des pages cultures de » L’Humanité « , secrétaire de section à Aubervilliers puis membre du Comité central de 1979 à 1994. Visionnaire, il fut des « refondateurs » qui, au début des années 1990, avaient, sans renier le passé, perçu la nécessité de renouveler le camp de l’émancipation et de fédérer de nouvelles forces sociales et politiques. Un combat qui reste plus que jamais actuel aujourd’hui.
Maire adjoint de 1959 à 1981, puis maire de 1984 à 2003 ; député de 1973 à 1981 ; conseiller régional de 1986 à 1992, vice-président de Plaine Commune de 2000 à 2004, et sénateur de la Seine-Saint-Denis de 1995 à 2011 ; il incarna plus d’un demi-siècle durant l’engagement politique au service d’Aubervilliers et de la Seine-Saint-Denis. L’on rapporte que le Théâtre de la Commune, qu’il contribua à fonder en 1960, reçut alors pour seul apport de l’État 30 projecteurs et deux tables à repasser. Inlassable défenseur de son département, de sa ville, ses réalisations les marquent aujourd’hui encore de leur empreinte.
Ministre de la Santé puis ministre délégué chargé de l’emploi dans les gouvernements Mauroy II et III entre 1981 et 1984, son nom est associé aux belles pages d’histoire de l’union de la gauche. Et quoiqu’il ne fut pas ministre de la culture, charge que seuls les équilibres politiques l’empêchèrent d’occuper, il fut pour beaucoup dans la lutte pour l’ « exception culturelle », et pour la préservation de notre modèle face à la marchandisation et aux excès de la mondialisation commerciale. Jack Ralite était de ces hommes et femmes qui voulaient changer la vie, associant transformation sociale et démocratisation culturelle au service d’une seule ambition, l’émancipation populaire.
A lire et écouter les témoignages de celles et ceux qui l’ont côtoyé, les qualités humaines de l’homme, sa simplicité, sa sincérité étaient à la hauteur de la vision du politique. Jacques Marsaud, qui fut pendant plus de quarante ans collaborateur de nombreux élus, en brosse un portrait émouvant dans son bel ouvrage, » Passion Commune » : » Particulièrement sensible aux gens simples qui l’entouraient, il se nourrissait des échanges qu’il avait avec eux (…) C’était un grand bonheur de travailler avec lui, pour toutes les raisons évoquées jusqu’ici, mais aussi parce qu’il avait une qualité d’écoute et un respect de l’administration inégalables. »
Que les combats de Jack Ralite, son dévouement, continuent longtemps de nous inspirer. C’est le plus bel hommage que nous pouvons lui rendre.