Il y a plus de dix ans, dans un livre devenu célèbre, l’activiste Naomi Klein décrivait la « stratégie du choc » par laquelle les néolibéraux profitent des crises pour accélérer leurs « réformes » destructrices, en utilisant des méthodes de plus en plus autoritaires pour les imposer. Une offensive antisociale et anti démocratique. Est-ce cela que nous vivons aujourd’hui ?
Macron poursuit son offensive antisociale et antidémocratique
L’offensive antisociale et antidémocratique de Macron se poursuit. Le même président qui nous avait promis au printemps « le monde d’après » se sert au contraire de la pandémie de COVID-19 pour intensifier sa politique destructrice.
C’est en tout cas l’impression que laisse la sombre journée que nous avons vécu hier, mardi 17 novembre, à l’assemblée nationale et dans la rue. Mais nous ne céderons jamais. Et nous finirons par l’emporter. Comme l’écrivait Hugo : « Quoi que fassent ceux qui règnent chez eux par la violence et hors de chez eux par la menace, quoi que fassent ceux qui se croient les maîtres des peuples et qui ne sont que les tyrans des consciences, l’homme qui lutte pour la justice et la vérité trouvera toujours le moyen d’accomplir son devoir tout entier.La toute-puissance du mal n’a jamais abouti qu’à des efforts inutiles. La pensée échappe toujours à qui tente de l’étouffer ».
État, université, libertés : ils veulent tout casser !
Étouffer la pensée. Tyranniser les consciences. Tout casser. C’est bien que s’emploient à faire Macron et ses sbires — Darmanin, Vidal, Blanquer et tous les autres. À 17 h, le budget 2021 a été adopté par la majorité macroniste. Un budget qui poursuit la politique de cadeaux aux plus riches, de creusement des inégalités sociales, d’inaction face à l’urgence écologique. De destruction de l’État social qui devrait garantir la solidarité, de l’égalité, et de l’avenir de notre pays.
À 19 h 30, la « loi de programmation pluriannuelle de la recherche » (LPPR) était votée. Une loi de destruction, qui poursuit le sous-financement des universités et des laboratoires, la préconisation des chercheurs et des enseignants. La ministre Vidal a osé se féliciter au nom des chercheurs. Digne d’Orwell. Le mensonge c’est la vérité. Écœurant.
À 21 h a commencé l’examen de la « loi sur la sécurité globale » proposée par LREM. Au programme : interdiction de filmer les policiers, drones, reconnaissance faciale, confusion entre police et armée, ordre public et sécurité privée. Une carte blanche pour l’arbitraire policier et les bavures. La destruction de nos libertés. La loi n’est pas encore votée qu’elle s’applique déjà dans la rue : devant l’assemblée, les manifestants et les journalistes rassemblés pour protester ont été victimes de violences policières. Une répétition des scènes que nous voyons depuis des années : gilets jaunes éborgnés, jeunes des quartiers populaires étouffés, manifestants malmenés, journalistes intimidés. Le sinistre visage du pouvoir dans la France de Macron. La stratégie du choc en marche.
La France insoumise a déposé une motion de rejet, défendue par Jean-Luc Mélenchon, mais elle n’a pas pu être adoptée.
Face à la stratégie du choc, la résistance populaire ne fléchit pas
Mais cette offensive brutale ne doit pas nous faire perdre l’espoir. La résistance populaire est là et bien là, sous de multiples formes.
La journée d’hier marquait le deuxième anniversaire de la naissance du mouvement des Gilets Jaunes. Le Peuple faisait irruption sur la scène, là où Macron et l’oligarchie voulaient régner seuls, pour reprendre ce qui lui appartient : la souveraineté populaire et la justice sociale.
Cette journée démontre aussi que malgré les intimidations du pouvoir, les mobilisations ne fléchissent pas. Les étudiants et les enseignants-chercheurs étaient dans la rue Place de la Sorbonne à Paris, pour dire non à la destruction de l’enseignement supérieur. Devant l’Assemblée nationale, les gilets jaunes, les syndicalistes, les militants associatifs, les journalistes aussi, étaient très nombreux pour défendre les libertés publiques face à la dérive autoritaire de Macron.
En Seine–Saint-Denis aussi, le mouvement social ne fléchit pas. Les profs des collèges et des lycées étaient en grève et dans la rue, pour dire leur ras-le-bol des mensonges de Blanquer, et réclamer un plan d’urgence pour l’éducation. Les militants écologistes aussi ne baissent pas les bras. Ils manifestaient hier à Saint-Ouen, pour dire non aux grands projets inutiles des Jeux olympiques 2024, dont les puissants veulent faire un prétexte pour détruire et polluer la nature, pour spéculer et gentrifier au détriment des habitants — la même logique de l’argent roi, du profit à tout prix, et à toute force, qui est derrière les réformes de Macron.
Notre devoir de militants : soutenir les luttes et proposer un avenir meilleur à notre peuple, jusqu’à la victoire.
Ces luttes que mènent toutes celles et ceux qui disent non à la politique destructrice de Macron, ce sont les nôtres, à La France insoumise. Notre devoir de militants insoumis — et parfois d’élus, comme je le suis — est de soutenir ces combats, et de les mener jusqu’au bout, jusqu’à la victoire. La stratégie du choc vise à profiter d’un effet du sidération. Notre devoir est d’expliquer pour permettre de raisonner et de résister.
C’est ce que faisons tous les jours à l’assemblée, en votant contre les projets de la majorité, en faisant entendre la voix de ceux qui disent non, face à leur rouleau compresseur. C’est que nous faisons dans la rue, aux côtés de ceux qui manifestent — nous y étions encore hier.
C’est ce que nous nous efforçons de faire enfin, à plus long terme, en construisant une alternative au chaos macroniste, autour du programme l’Avenir en Commun et de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022. Certains nous ont reproché le moment choisi pour présenter cette candidature, arguant qu’il est trop tôt pour envisager les futures échéances. Nous pensons au contraire que le besoin de politique n’a jamais été aussi grand que maintenant, à l’heure où Macron voudrait se servir de la pandémie pour étouffer toute contestation.
Que c’est dès maintenant qu’il faut mettre sur la table un programme alternatif et en débattre ! Que c’est dès maintenant qu’il faut commencer à construire ensemble un débouché victorieux à l’ensemble des luttes de toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie, à la justice sociale, à la cause écologiste ! Refuser le glissement vers le pire, proposer un avenir meilleur : c’est notre conviction, notre ambition pour notre peuple. Nous n’y renoncerons jamais.