C’est une histoire qui dit beaucoup sur la France de Macron.
Laye Fodé Traoré, mineur isolé sans papiers, arrivé en France à 16 ans après un périple douloureux, était bien parti dans la vie. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, grâce à ses efforts, son travail méritant, il est apprenti boulanger en CAP à Besançon. Mais à sa majorité, 18 ans, son parcours se brise : la préfecture de la Haute-Saône refuse de lui donner un titre de séjour, lui adresse une obligation de quitter le territoire français. Laye doit être expulsé.
Solidaire, son entourage se mobilise. Stéphane Ravacley, son patron, se met en grève de la faim pour obtenir sa régularisation. L’histoire fait le tour des réseaux sociaux, des médias. Une pétition en ligne recueille presque 250 000 signatures. Devant l’émotion, le pouvoir recule et cède. La préfecture accepte finalement de régulariser Laye Fodé Traoré. Il va pouvoir rester en France, continuer à se construire l’avenir auquel il a droit. C’est le courage de Laye Fodé Traoré, la détermination de ses proches et la mobilisation qui ont permis cette victoire.
Mais la signification des faits est terrible : il a fallu une mobilisation nationale pour obtenir UNE régularisation. D’ordinaire, dans la France de Macron, l’État maltraite ignoblement les réfugiés, les étrangers, tous les jours. Je le vois dans ma circonscription, en Seine-Saint-Denis, à Aubervilliers et Pantin. Combien de jeunes majeurs étrangers sont abandonnés, brisés par l’Etat, privés de titres de séjour ? Combien d’étrangers résidants depuis des années, parfois des décennies parfois sur le sol français, sont condamnés à l’irrégularité, expulsés ? Combien de réfugiés sont délaissés, persécutés ?
Le pouvoir distribue à tour de bras les obligations de quitter le territoire français, déchire les tentes des migrants. Ils luttent, tous les jours. Nous tentons de leur apporter notre soutien. Mais Macron et son pouvoir s’en fichent et continuent leur politique impitoyable et inhumaine. Comment ne pas avoir la nausée quand « les jeunes avec Macron » font semblant de se réjouir de la régularisation de Laye Fodé Traoré, comme si de rien n’était ?
Dans la France de Macron, il y a le courage des uns. Et il y a le cynisme des autres. Notre cœur est avec les premiers. Les seconds ne méritent que notre mépris. Nous nous battrons pour que les uns aient enfin la justice. Et pour que les autres dégagent.
