Le 19 octobre au soir, alors que l’Assemblée nationale examinait en plénière le texte prolongeant le « passe sanitaire », j’étais en commission des finances pour l’examen du budget 2022 pour la Défense.
Le budget 2022 pour la Défense n’échappe pas à la règle des précédents budgets. Des chiffres sont alignés, mais on ne sait pas pour quelle doctrine d’emploi.
Au minimum une réflexion de doctrine aurait été nécessaire : après les actes de déloyauté de certains partenaires telles que la crise des sous-marins vendus à l’Australie.
L’investissement est insuffisant pour protéger les territoires d’outre mer, de même que pour la surveillance de notre vaste espace maritime.
Lire mon explication de vote :
Le débat budgétaire aurait dû s’inscrire cette année dans le cadre plus large d’une révision de la loi de programmation militaire. Ce n’est malheureusement pas le cas. Le gouvernement a choisi de se borner à faire la liste des livraisons de matériel sans jamais interroger la doctrine. On parle de quantité plus que de qualité.
Un peu de sincérité aurait dû vous inciter à dire si les orientations prises en 2017 avaient été validées par les faits.
Ce bilan d’étape était nécessaire puisque l’histoire s’est considérablement accélérée. Les alliances que vous jugiez les plus solides ont été singulièrement mises à mal. Les certitudes stratégiques ont été ébranlées. Les ruptures technologiques se sont banalisées. Le contexte global a continué de se tendre.
La LPM répondait-elle aux besoins ? Il y a un déficit de réflexion collective et de discussion. Pour le gouvernement la représentation nationale n’a pas à contribuer aux décisions stratégiques. Il postule qu’il doit nous dissimuler les limites de ses choix et espère qu’on ne les verra pas. Eh bien, nous les voyons.
Nous avons ouvert votre boite noire budgétaire. Nous avons bien vu que la magie des années électorales opère : le budget présente une hausse certes mais elle est largement engloutie par celle des restes à payer. Surtout, l’indépendance du pays n’est pas votre boussole. La prolongation du partenariat du MinArm et de nos industriels avec les GAFAM en témoigne. Les trous capacitaires devant nous, en particulier dans la marine, aussi.
De même l’investissement insuffisant pour la protection de nos territoires d’outre-mer et zones maritimes. Notre dépendance à l’export d’armement et la façon dont elle obère notre capacité à satisfaire nos propres besoins est devenue évidente. Le niveau de disponibilité des appareils encore trop bas compte tenu des efforts engagés : nous le voyons.
La déloyauté de nos partenaires et la naïveté de ceux qui lient notre destinée aux leurs : elles sont devenues si énormes que plus personne n’en doute, qu’on parle d’Australie d’Allemagne ou d’Etats-Unis.
Les chiffres sont inaptes à dire ces choses. Mais le gouvernement a tort de compter sur eux pour dissimuler ses insuffisances.