Grand Débat : Macron fait campagne avec nos impôts !

Le « grand débat » lancé par Emmanuel Macron a saturé les médias. Le public en est déjà lassé. Tout le monde sait bien qu’il n’y a rien à en attendre. Alors pourquoi le gouvernement et Macron s’obstinent-ils ? Pour gagner du temps… du « temps de cerveau disponible »,

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Le « grand débat » lancé par Emmanuel Macron a saturé les médias. Le public en est déjà lassé. Tout le monde sait bien qu’il n’y a rien à en attendre.

Alors pourquoi le gouvernement et Macron s’obstinent-ils ? Pour gagner du temps… du « temps de cerveau disponible », comme disait un ancien dirigeant de TF1.

Du « temps de cerveau disponible »

Pour le pouvoir, il s’agit de saturer l’espace médiatique alors que s’ouvre pour de bon la campagne des élections européennes.

Rappelons-nous qu’il y a un an, le gouvernement a fait voter par sa majorité un texte de loi diminuant le temps d’antenne de l’opposition durant la campagne européenne. Comment ? En fixant le temps d’antenne de la campagne officielle en fonction du nombre de membres des groupes parlementaires, et du crédit accordé par les sondages d’opinion aux différents candidat·e·. De cette façon, la France insoumise verra son temps de parole réduit à presque rien ! À l’inverse, le groupe des « robots marcheurs » à l’Assemblée est pléthorique : c’est tout bénéfice, le temps d’antenne a plus que doublé !

Aujourd’hui, Emmanuel Macron utilise le prétexte de ce « grand débat » pour mettre sa tête dans le poste pendant des heures et des heures. Pour ne rien dire de la couverture de « l’événement » dans la presse locale, qui est, en réalité, beaucoup plus lue que la presse nationale… Ces causeries qui n’en finissent pas sont d’ores et déjà des meetings (mal) déguisés.

Emmanuel Macron mobilise des centaines de fonctionnaires, de police et de gendarmerie, pour faire son show et remobiliser ses troupes, qui bien sûr, sont les seules un peu sensibles à ce grand raout permanent.

Macron met l’État à son service

Pourquoi se gêner ? Emmanuel Macron a déjà procédé de cette façon pour devenir président. Encore ministre de l’Économie, il préparait déjà sa campagne en profitant de sa position à Bercy. L’un des exemples les plus connus est celui de son déplacement à Londres en avril 2016 ; pas encore candidat, mais déjà en campagne, le futur candidat profite de son statut de ministre pour réunir des patrons dont certains vont, comme par magie, financer En Marche… Auparavant, il y avait eu en janvier 2016, le voyage à Las Vegas. En marge d’un salon sur les nouvelles technologies, le « ministre » Macron en avait profité pour rencontrer 80 patrons et fait sa pub : tout ça tait organiser par une agence privée – Havas – sans appel d’offre préalable, mais payé par une agence publique, Business France, dirigée par Muriel Pénicaud, qui allait être chaleureusement remerciée en devenant Ministre du travail. Elle n’est pas belle la vie ?

Dans ces conditions, pas étonnant que Benalla se soit senti autorisé à utiliser sa position pour faire prospérer ses petites affaires. Jouer de ses amitiés et de ses relations pour se faire nommer lieutenant-colonel de réserve ou obtenir des passeports diplomatiques et les utiliser pour son business, quelle différence y a-t-il en réalité avec l’exemple de son mentor de l’Élysée ?

Ces gens considèrent l’État comme un gros gâteau à se partager ! Pour eux, il ne s’agit certainement pas d’un instrument au service des Français·es.

C’est surtout un prétexte pour se remplir les poches ou faire des cadeaux aux ami·e·s, à charge de revanche… Bien sûr, le renvoi d’ascenseur n’a pas toujours la forme grossière d’un pot-de-vin ou d’une nomination. Il peut aussi s’agir de faire passer une loi extrêmement avantageuse pour un groupe de personnes : l’abrogation de l’ISF, les ordonnances travail etc

Le grand débat est organisé par… une entreprise privée !

Dans le cas du « grand débat », les journalistes ont posé toutes sortes de question. Il y en a une pourtant qui n’a semble-t-il pas effleuré grand monde : quelle est la société prestataire pour l’organisation ? Une rapide visite du site internet dédié nous l’apprend : il s’agit de l’entreprise « Cap Collectif ». Je me permets de suggérer aux journalistes de se renseigner sur les conditions dans lesquelles cette entreprise a pu être chargée de l’organisation du débat. Par exemple, a-t-elle été appelée avant ou après que la Commission National du Débat Public (CNDP) a été écartée suite à la polémique sur la rémunération de sa présidente. A-t-elle répondu à un appel d’offre public ? Si la CNDP n’était pas capable d’organiser ce débat, pourquoi l’administration n’était-elle pas capable de le faire ? Combien cela va-t-il coûter ?

Dans la « start-up nation » de Macron, la démocratie est avant toute chose un bien marchand. On prend de grands airs inspirés en parlant de « transparence », de « société ouverte », de « disruption », on saupoudre d’anglicismes et d’abréviations et on se retrouve à facturer l’organisation d’une banale réunion publique dans un gymnase municipal !

Les sociétés privées récupèrent ce qui devrait être public

De là à confier l’organisation des élections à des sociétés privées, il n’y a qu’un pas… Ce ne serait guère surprenant si l’on se rappelle que lors des dernières élections législatives, l’envoi des professions de foi avait été retiré aux préfectures et confié à des prestataires. De nombreux·euses candidat·e·s n’avaient d’ailleurs pas pu envoyer leurs professions de foi à temps…

Le problème se pose d’ailleurs pour le travail législatif lui-même. En effet, le gouvernement a récemment sous-traité à des cabinets d’avocat l’écriture de l’exposé des motifs de sa loi sur les mobilités !

C’est absurde et dangereux : l’État ne serait donc plus capable d’écrire la loi ; ce sera bientôt un business à part entière… Les mêmes écriront la loi, plaideront en justice et feront du lobbying en fonction des cas qu’ils auront traités….

La privatisation des autoroutes, emblème de la gabegie

Il est important de constater que le libéralisme de Macron ne cherche pas forcément la disparition de l’État. Il vise plutôt à son appropriation. L’État sous Macron est le pourvoyeur de marchés juteux. Il n’est pas au service des citoyen.ne.s mais des entreprises et donc, en fin de compte, de leurs actionnaires

L’exemple typique de cette gabegie est donné par la privatisation des autoroutes. Elle a été décidée bien avant Macron, certes. Néanmoins, lorsqu’il était ministre de l’Économie, Macron a signé des accords secrets avec les sociétés autorisant des hausses tarifaires jusqu’en 2023 ! Parmi les PDG signataires de ces accords, on retrouve bien sûr, celui de la Sanef… l’inénarrable Alain Minc ! Que celui-ci soit un proche d’Emmanuel Macron, un soutien actif de sa campagne présidentielle, ne semble pas interpeler grand monde.

Pour ma part, cela m’interroge beaucoup. J’ai demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la privatisation. Voilà une des questions auxquelles elle devrait répondre. Elle examinerait aussi qui sont les réels bénéficiaires de ces privatisations. La réponse est connue d’avance, ce sont les actionnaires ! Même la théorie économique la plus « classique » reconnaît que des infrastructures de ce type devraient être un monopole public.

Des élections pour dire NON

Les grands bavards du grand débat, bien sûr, n’aborderont pas les sujets de ce genre. Ils feront des simagrées mais ne diront pas qu’ils se nourrissent sur la bête, que tout est bon pour nourrir les copains ou s’attacher l’amitié de quelques un·e·s dont on suppose qu’un jour ils pourront financer une campagne ou influencer la population.

Évidemment, un grand débat n’y changera rien… Pour celles et ceux qui ne voudront pas de cette discussion à perte de vue et persistent, comme les Insoumis·es, à dire « stop à Macron », il reste la mobilisation et au mois de mai les élections !

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