J’ai soutenu la proposition de loi du groupe UDI pour l’égalité de traitement des fonctionnaires et militaires ultramarins, car c’est bien le moins que l’on puisse faire.
L’hypocrisie qui fait dire que tout va bien est délétère, alors que les droits les plus élémentaires sont bafoués quotidiennement :
- droit à l’eau
- droit à la santé
- droit à l’éducation
Les outre-mer n’ont pas à supporter cette alternance de paroles mielleuses et d’actes odieux, où face à la contestation sociale qui prend de l’ampleur en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, le gouvernement n’a d’autre réponse que le GIGN et le raid, et une visite de 24h du ministre, une semaine après.
En Nouvelle Calédonie, le référendum d’auto-détermination va se tenir dans des conditions inacceptables, alors que le confinement est prolongé et la campagne n’a pu avoir lieu dans des conditions normales. 30 ans d’un processus négocié sont mis en péril par cette obstination.
Un tel mépris n’est pas acceptable.
Les outre-mer sont pourtant une chance. Ils sont même la matrice d’un universalisme républicain conséquent, celui qui prend acte de la créolisation de notre peuple.
Lire le discours :
Mes chers collègues,
La proposition de loi qui nous est soumise vise à rétablir un peu d’égalité dans le traitement que l’État accorde à nos compatriotes ultra-marins. Ce texte reprend des préconisations émises par la délégation parlementaire pour les Outre-mer
Nous n’aurons donc pas de difficulté à le voter.
Mais comment ne pas déplorer qu’il traite d’un sujet si important d’une façon si étroite. Il ne faut bien sûr pas en accuser nos collègues du groupe UDI Agir. C’est bien le gouvernement qui oblige à traiter ce sujet d’une si grande importance lors d’une niche parlementaire.
Chacun comprend que les moyens d’un groupe n’ont rien à voir avec ceux dont disposerait le gouvernement pour faire voter un projet de loi global en faveur des outre-mer et pour que l’égalité soit enfin une réalité.
Au lieu de cela, nous sommes entrés dans une période où la désinvolture du gouvernement à l’égard des outre-mer se mue en mépris voire en agressivité.
La crise qui est en cours en Guadeloupe en est la manifestation la plus criante et la plus douloureuse. Face à une situation sociale et économique objectivement d’une dureté sans équivalent ou presque dans l’hexagone, le gouvernement choisit la manière forte et donne des coups de menton.
Ce qu’endurent nos compatriotes guadeloupéens est inacceptable ; parvenus au bout de leur patience, ils protestent. Ces protestations sont l’occasion de débordements et le gouvernement en prend prétexte pour menacer et intimider. C’est une erreur et c’est une faute. Gouverner un peuple, ce n’est certainement pas mater une plèbe.
La pauvreté mine les outre-mers ; le chômage et l’absence de perspectives sont comme des couvercles sur les vies et le génie de nos compatriotes. Rétablir un peu d’égalité dans le traitement réservé aux ultra-marins, c’est l’objet de cette proposition de loi et c’est bien le moins qu’on puisse faire. Instaurer une véritable égalité entre tous les citoyens français quel que soit
leur lieu de résidence et de vie, voilà un défi que le gouvernement n’a jamais cherché à relever.
C’est ainsi que selon la collectivité dans laquelle on vit, on doit renoncer à avoir un accès régulier et constant à une eau potable ; on doit renoncer à recevoir des soins de santé de qualité ; on doit renoncer à scolariser ses enfants dans des conditions normales ; on en est à devoir espérer qu’ils auront cours la moitié du temps.
Il est impossible et inacceptable de s’habituer à ces situations. Le gouvernement emploie les mots de République et de républicain à tort et à travers. Mais en 4 ans, qu’a-t-il fait qui justifie cette appellation de la part de nos compatriotes d’outre-mer ?
Peut-on dire que leur citoyenneté n’est pas bafouée quand leurs droits sociaux ne sont pas effectifs ? L’hypocrisie qui fait dire que tout va bien est délétère.
Et j’adresse un message solennel de mise en garde contre des événements dont l’ampleur et la force désoleront tous les Français soucieux de la concorde publique. Le choix de la répression et du mépris sont des provocations qui trouveront des réponses que nous n’aurons plus qu’à déplorer. En Nouvelle Calédonie, la tenue du référendum dans des conditions inadéquates à l’expression sereine et confiante de la volonté générale est une erreur dont les conséquences à payer pourraient être exorbitantes.
Un processus long et délicat est mis en péril par un choix d’obstination qui n’a rien de nécessaire et qui ouvre la voie à des contestations.
Condamner des syndicalistes, envoyer des renforts de gendarmerie, le GIGN, le Raid, ce sont autant de gestes qui attisent la défiance envers l’État et abîment le lien de solidarité et de fraternité qui doit unir les membres de la communauté nationale.
Les outre-mer n’ont pas à supporter cette alternance de paroles mielleuses et d’actes odieux ; présentant d’abord les outre-mer comme une chance pour la France et manifestant qu’on tient plutôt leurs habitants pour une populace menaçante.
Les outre-mer sont effectivement une chance ; ils sont même la matrice d’un universalisme républicain conséquent, celui qui prend acte de la créolisation ; celui qui met le pacte politique et le respect des droits des personnes au cœur de la vie collective et sous cette condition autorise et nourrit le chatoiement des cultures et la réinvention permanente des traditions.
Finalement, comme pour tant d’autres sujets, force est de constater que le mandat d’Emmanuel Macron aura été un gâchis. Nous aurons perdu cinq ans au cours desquels d’explosions sociales en explosions, il n’aura été question que de replâtrage, quand chacun sait qu’il faut une révolution. Cela n’a rien d’étonnant. Le candidat Macron avait donné la mesure de son désintérêt lors de la campagne de 2017. Les mots blessants et les balourdises concernant Mayotte et la Guyane nous informaient du peu de cas qu’il faisait de la France loin de Paris. Je souhaite que l’élection de 2022 permette de tourner la page. Avec Jean-Luc Mélenchon nous aurons la possibilité d’agir à la hauteur des besoins. Il pourra d’ailleurs s’appuyer sur l’expérience et la pugnacité de deux de nos anciens collègues qui ont été élus à la tête de la Guyane et de la Réunion et ont choisi de mener une politique de sursaut et d’insoumission.
Nous votons ce texte pour l’instant et faute de mieux mais il est clair que le meilleur est à venir, pour peu que le peuple s’en mêle.