J’ai interpellé le ministre Clément Beaune ce matin à Aubervilliers.
Évidemment, nous souhaitons tous l’apaisement. Personne ne se réjouit de la tension, des dégradations, de la violence. Quand des bus, des voitures, des commerces, des équipements publics sont endommagés, brûlés, ce sont les habitantes et habitants des quartiers populaires qui sont les premières victimes de la situation.
Mais l’apaisement ne se décrète pas. Il s’obtient moins encore par la répression. On ne résout pas un problème social profond avec des effectifs de police.
Le gouvernement doit écouter ce que disent les habitants des quartiers populaires depuis tant d’années. Regarder enfin en face une situation insupportable, que les politiques d’Emmanuel Macron n’ont fait qu’aggraver. Il doit apporter des réponses politiques pour réparer les blessures.
La justice doit passer. Le coupable de la mort de Nahel doit répondre de ses actes. Au-delà, il faut refonder en profondeur la police pour que ces drames ne se répètent plus. Rebâtir une police républicaine débarrassée du racisme. Abroger l’article 435-1 du Code de la sécurité intérieure modifié en 2017 (loi Cazeneuve), responsable de l’explosion des décès suite à des refus d’obtempérer. Remplacer l’IGPN par un organe de contrôle indépendant. Instaurer une véritable police de proximité. Agir résolument contre les discriminations à tous les niveaux. Mettre un place un plan d’urgence et investir pour répondre à des années de relégation des quartiers populaires. Les services publics. Le logement, l’accès à la santé et à la culture, le financement des associations et de l’école publique, l’emploi.
On ne règlera rien sans s’attaquer aux racines profondes du mal : des décennies d’injustice sociale, de stigmatisation, de racisme.
Il faut la justice si l’on veut garantir la paix civile.
J’étais également ce matin à l’écoute des commerçants et des habitants des Quatre Chemins.
Tous déplorent les dégradations et souhaitent l’apaisement. Mais tous craignent l’escalade répressive, qui ne ferait qu’alimenter les tensions et conduirait à une impasse.
On ne résoudra rien sans justice et sans une réponse politique forte.