Derrière les colères, une cause commune

J’ai décidé de commencer la rédaction d’un carnet de notes, pas tout à fait un blog ; même si j’espère bien être assez discipliné pour partager ici mes réflexions régulièrement. Le moment s’y prête bien : les informations sont très nombreuses ; les mobilisations sociales aussi. Toutes sortes d’initiatives germent un peu partout. Il est utile de se poser, prendre le temps de tout assimiler et proposer une lecture ordonnée.

Le premier sujet, c’est bien entendu la mobilisation des cheminots. Après les premières journées réussies, la contre-offensive a été violente. Les médias partagent la grille de lecture du pouvoir et cherchent à l’imposer. Pour eux, les grévistes sont des privilégié·e·s qui défendent leur statut. Bien entendu, tout cela est d’une partialité terrible et doit servir à discréditer le mouvement en cours. Mais cette argumentation sert un autre objectif. Occulter la cause centrale de la mobilisation : le refus de l’ouverture de la concurrence et de la privatisation de la SNCF. Car si toute la population du pays venait à avoir une idée claire de ce dont il s’agit, non seulement elle soutiendrait encore plus massivement les cheminots mais en plus elle s’apercevrait que leur lutte a la même cause que celles des étudiant·e·s, des hospitalier·e·s, des personnels des EHPAD et à vrai dire de presque tous les secteurs qui entrent petit à petit en ébullition.

Cette cause globale, c’est le démantèlement de l’État. Depuis quelques décennies maintenant, les idéologues libéraux de Bruxelles donnent la direction et trouvent des relais dans les gouvernements pour anéantir toute capacité d’agir de l’État. Ils croient ou font semblant de croire que sans État tout fonctionne mieux ; que les trains arrivent à l’heure ; que les résultats des enfants à l’école sont meilleurs et que les malades sont mieux soignés. Pourtant, c’est tout le contraire qui se produit quand ils parviennent à appliquer leurs lubies. Des lignes de train ferment parce qu’il n’y a pas assez de clients aux yeux des entreprises ; les enfants dont les parents ne peuvent pas payer sont de moins en moins bien éduqué·e·s et les étudiant·e·s se font trier à l’entrée à l’université ; les malades sont triés en fonction de leurs mutuelles…

C’est contre tout cet absurde gâchis et ce désordre que se battent les cheminot·e·s, les étudiant·e·s, les soignant·e·s des EHPAD et des hôpitaux et bien d’autres…  Que cette idée devienne claire et majoritaire, c’est la condition du succès et c’est l’objectif principal pour la France insoumise. Dans les prochaines semaines, plusieurs journées de mobilisations sont déjà arrêtées. Leur jonction est à portée de main et ferait reculer le gouvernement. Le 14 avril à Marseille, un exemple de cette jonction devrait être visible. Le 5 mai peut aussi venir couronner ce mouvement. D’ici là, il ne faudra surtout pas laisser dire que chacun travaille pour soi. Au contraire, dans ces luttes, tout le monde travaille pour tou·te·s. Cette idée simple est fondamentale et gagne du terrain. Les différentes caisses de grève atteignent désormais un niveau extrêmement encourageant. Elles montrent un niveau élevé d’adhésion au mouvement parmi les usager·e·s puisque, par définition, ce ne sont pas ceux qui font grève qui abondent ces caisses. Les arguments absurdes selon lesquels même ceux qui ne prennent pas le train payent pour la SNCF ont montré toute l’absurdité de ceux qui gouvernent. C’est le propre du service public que d’être payé de cette façon : que vous ayez ou non des enfants, vous participez au financement de l’école ; que vous soyez ou non malade vous faîtes de même avec l’hôpital etc… Pourquoi ? D’abord, parce qu’un jour cela vous sera très certainement utile à vous aussi. Ensuite, parce qu’il vaut mieux vivre dans un pays où le train arrive un peu partout, où il y a des écoles et des hôpitaux un peu partout : dans le cas contraire, c’est toute la société qui se défait ; et vous avez beau être en bonne santé ou avoir de l’argent pour vous soigner, vous ne pouvez plus faire un pas sans être confronté aux désastres que créent les inégalités, les tensions qu’elles font naître dans la société.

Tou·te·s celles et ceux qui luttent en ce moment le savent bien : il y a une cause unique à leur combat. Le moyen de gagner c’est désormais ensemble de faire cause commune.