Industrie : l’Union européenne empêche une politique de l’emploi

Le 29 avril 2019, dans le cadre d’un débat sur la politique industrielle, Bastien Lachaud a dénoncé l’absence de politique industrielle ambitieuse menée par le gouvernement, à cause des traités européens qui empêchent toute politique de l’emploi, tout protectionnisme solidaire, toute instauration d’une transition écologique.

Il a commencé par rendre hommage aux salariés morts au travail et à cause du travail. Puis a rappelé que la politique de dépeçage des fleurons industriels et des services publics au profit du privé relève d’une volonté délibérée de l’oligarchie au cœur de la République.

Lire le texte du discours :

Madame la Présidente, Madame la Ministre, Mes chers collègues,

Avant d’évoquer la politique industrielle du pays, je souhaite que nous rendions hommage à ce salarié de l’entreprise ArjoWiggins qui a mis fin à ses jours la semaine dernière, ainsi qu’à toutes les personnes mortes au travail ou à cause de leur travail. Leur nombre est immense : plus de 1 600 chaque année ; elles demeurent anonymes le plus souvent.

Pour parler de politique industrielle, il faut commencer par penser aux femmes et aux hommes qui ont façonné et font vivre l’industrie. En dépit de leurs protestations d’amitié condescendantes, beaucoup de nos dirigeants professent un profond mépris à l’endroit de la classe ouvrière. Emmanuel Macron en a souvent donné le plus éclatant et le plus triste exemple. Qu’on se souvienne de ses mots insultants au sujet des « ouvrières » de Gad !

Il faut regarder cette réalité déplaisante pour comprendre d’où vient la crise industrielle que nous traversons. L’aveuglement idéologique des libéraux les a fait abandonner l’industrie depuis des années. Mais cet aveuglement trouve sa source dans leur mépris pour celles et ceux qui produisent les richesses. Désormais, il n’y a plus que des chiffres, des graphiques, des cours de bourse. Les producteurs et ce qu’ils produisent : qui s’en soucie ? Ce qui préoccupe les gouvernements, ce sont les actionnaires, les investisseurs… Ce sont ces rapaces qu’il faut contenter.

Pour satisfaire cette rapacité, les libéraux ont inventé un chantage diabolique. Ils ont ouvert les frontières tout grand et décrété que le capital investi devait rapporter toujours plus, sinon, il trouverait à s’investir ailleurs.

L’Union européenne a été décisive dans l’instauration de ce chantage. Elle a gravé dans le marbre une doctrine d’escrocs : la concurrence libre et non faussée. Désormais, les Etats ne pourraient plus soutenir leur industrie. Les investissements publics seraient venus au privé pour une bouchée de pain. Les gros mangeraient les petits. Sous couvert d’empêcher les monopoles, l’Union européenne a créé les conditions pour installer des oligopoles. Quelques grosses entreprises se partagent les marchés et s’entendent sur le dos de leurs employés.

L’Union européenne a créé les conditions pour prendre à la gorge les salariés. Des centaines, des milliers, des dizaines de milliers d’entre eux ont déjà entendu dire : vous coûtez trop chers, la boîte va délocaliser. Ou alors, il va falloir fusionner pour tenir le coup. Et à chaque fois, des centaines, des milliers, des dizaines de milliers ont perdu leur emploi. Au fil des ans, la France s’est vidée de ses emplois industriels : elle a laissé couper ses mains.

Les services publics sont progressivement vendus à la découpe. Les grandes entreprises tournent autour comme des vautours. Il y a des rentes à accaparer : les prix flambent pour verser de gros dividendes, les salaires s’effondrent. Les usagers et les salariés se retrouvent face à face bernés et la rage au cœur. Pendant ce temps-là, ceux qui tirent les ficelles récupèrent le magot et vont le planquer dans des paradis fiscaux. L’Union européenne, toujours elle, a tout prévu : les paradis fiscaux, elle en laisse prospérer quelques-uns en son sein : Luxembourg, Malte, Irlande, Pays-Bas…

Au milieu de tout ça, que fait le gouvernement ? Rien, voire même, il aggrave la situation.

Pour les privatisations, chacun est au courant. Il vend la poule aux œufs d’or à ses petits copains du CAC 40. Les oligarques se font des cadeaux – tout ça est à charge de revanche. Ce n’est pas de la corruption : non, non ! c’est une politique de classe ! les loups ne se mangent pas entre eux, ils se nourrissent les uns les autres.

Bien sûr, il y a Aéroport de Paris, Gaz de France, la Française des Jeux : dans ce grand banquet des charognards, il y en aura pour tout le monde : les banques d’affaires, les avocats, les cabinets de stratégie, les conseillers en communication tout le monde sera servi. Il y aura même des journalistes pour faire le service après-vente et trouver tout ça formidable. Comment pourraient-ils ne pas y croire ? ils sont au sommet de la pyramide se tiennent tous entre eux : frères, sœurs, cousins, amis, copains de promo, ou tout simplement mari et épouse… c’est l’oligarchie au cœur de la République.

Les autres industries, ferment une par une, et le gouvernement les laisse faire. General Electric a dépecé Alstom : le rachat avait été autorisé par Emmanuel Macron. Les licenciements sont maquillés en départs volontaires ! Nokia laisse péricliter les anciens sites d’Alcatel. Le gouvernement est incapable d’impulser une dynamique. Et ainsi de suite pour Vallourec, les Fonderies du Poitou, Ford, le haut fourneau de Pont-à-Mousson, et tant d’autres.

Relancer l’industrie en France est une nécessité absolue. C’est la condition de toute transition écologique. Il faut arrêter de faire venir du bout du monde les produits dont nous avons besoin. Il faut transformer la totalité de la production pour la rendre écologiquement soutenable. Cela suppose la mise aux pas des financiers, une action volontaire et planificatrice de l’Etat, la protection des marchés, des investissements public massifs, le soutien des entreprises par la commande publique. Bref, tout ce que l’Union européenne nous empêche de faire et tout ce que notre président-banquier refuse.

Il faut sortir des traités européens, pour pouvoir instaurer le protectionnisme solidaire et qu’advienne l’écologie populaire.