Sauvons l’enseignement des langues anciennes !

L’enseignement des langues anciennes est en chute libre depuis l’arrivée de Jean-Michel Blanquer comme ministre de l’Éducation nationale. Malgré la volonté d’affichage de ce dernier de revaloriser cet enseignement, les conditions de l’enseignement de ces langues sont particulièrement dissuasives pour les élèves.

Suite à une première question écrite au début du mandat, il est temps de faire le bilan de ce quinquennat pour cet enseignement.

Question écrite au gouvernement, posé le 05/10/2021 :

M. Bastien Lachaud appelle l’attention de  M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur la situation catastrophique de l’enseignement des langues anciennes dans le secondaire. En effet, malgré les postures du ministre et sa supposée volonté de restaurer cet enseignement, les conséquences des réformes du collège et du lycée sur cet enseignement sont désastreuses.

Dans les lycées le nombre des hellénistes a baissé de 28 % et celui des latinistes de 13 %. Alors même que le choix d’étudier ces langues n’était initialement plus pris en compte dans les résultats du baccalauréat, une infime revalorisation ne sera pas de nature à contrer la concurrence d’options jugées plus avantageuses pour l’orientation post-bac.

D’autre part, la formation des professeurs de langues anciennes fait également l’objet de réformes qui ne manqueront pas de porter atteinte à la spécificité de cet enseignement et continuera de tarir le vivier des candidatures, déjà pourtant gravement diminué ces dernières années. Le nombre de postes ouverts au CAPES cette année a presque été divisé par deux depuis 2017 et atteint un niveau historiquement bas en 2021 (134 postes ouverts, contre 230 en 2017). La crise du recrutement est telle que sur les 134 postes mis aux concours, il n’y a eu que 84 admissibles, et 66 admis, la moitié des postes restant donc vacants.

Cette euthanasie discrète de l’enseignement des langues anciennes mérite d’être vigoureusement dénoncée d’autant qu’elle est bien souvent le fait des chantres hypocrites de l’excellence voire même de la conservation d’une identité française largement fantasmée.

Dans la mesure où l’enseignement des langues anciennes contribue indiscutablement à une plus grande maîtrise de la langue française, y compris pour les élèves en difficulté ou d’origine étrangère, qu’il offre même une occasion particulièrement riche de questionner, comprendre et vivre les situations d’appartenance sociale multiple ; qu’il permet également de poser des questions d’une actualité brûlante concernant la pérennité des identités collectives, le rapport que les individus et la société peuvent entretenir avec les textes anciens, leur transmission, leur appropriation ou leur fétichisation, il est particulièrement dommageable au bien public d’en priver les futurs citoyens.

Aucun enseignement moral ou civique, aussi légitime soit-il, ne saurait participer à la formation de citoyens éclairés s’il ne se fonde sur une véritable exigence intellectuelle et la transmission de la connaissance. L’École de la République ne peut se résoudre à former des adultes employables ou des consommateurs dociles : elle a pour mission la formation de citoyens émancipés grâce au savoir et dont la culture largement partagée permet qu’ils vivent ensemble harmonieusement. L’enseignement des langues anciennes est la pierre de touche de cette déclaration de principe.

C’est pourquoi monsieur Lachaud souhaite apprendre de Monsieur le Ministre quelles actions il compte accomplir afin d’en réellement faire bénéficier le plus grand nombre d’élèves possible de l’enseignement de langues anciennes.

Image :Bibi Saint-Pol — Own work (using Wikisource for text), Domaine public.