Réforme des retraites : la bataille est mal engagée pour le gouvernement

Le gouvernement fait face à une forte mobilisation populaire considérable

Le peuple français refuse massivement le report de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. 80% des français sont contre ce report, et 72% sont opposés à la réforme telle que présentée par le gouvernement.

Le coup d’envoi populaire de la mobilisation a été très important, avec la mobilisation du 19 janvier dernier, à l’initiative des organisations interprofessionnelles qui a réuni plus de 2 millions de manifestants en France, puis le 21 janvier, à l’initiative des organisations de jeunesse, qui a rassemblé 150 000 personnes à Paris.

La mobilisation s’est encore amplifiée le 31 janvier dernier, avec une nouvelle mobilisation interprofessionnelle, qui a rassemblé 2,8 millions de personnes dans toute la France, et a atteint les niveaux de mobilisation de 1995 qui avaient fait, à l’époque, reculer Alain Juppé sur sa réforme des retraites.

Nous pouvons faire battre le gouvernement en retraite !

La commission de la Défense nationale a rejeté le report de l’âge légal à 64 ans

Premier coup d’arrêt parlementaire à la réforme des retraites, le vote de la Commission de la défense nationale et des forces armées contre l’article 7, celui qui repousse l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

En effet, la commission de la Défense nationale s’est saisie pour avis de cet article 7, parce qu’il touche aussi aux retraites de militaires. Or, les militaires n’ont pas un travail qui a les mêmes caractéristiques que dans le monde civil. Les armées ont un impératif de jeunesse pour des raisons évidentes qui tiennent à leurs missions et aux capacités physiques qu’elles impliquent.

Les armées ont donc une politique de recrutement et de gestion des carrières adaptées à cet objectif et cet impératif. Les militaires ont des limites d’âge, qui empêchent de servir dans certaines fonctions à partir d’un certain âge, et heureusement ! Ils ne sont donc pas susceptibles de travailler plus longtemps, et d’ailleurs le gouvernement n’entend pas toucher aux limites d’âge.

Ainsi, l’effet principal sur les retraites des militaires serait, avec cette réforme, une baisse directe des pensions, avec un report de l’âge auquel la personne peut toucher sa pension à liquidation différée. 2 ans de pension en moins ! c’est énorme !

C’est donc une cruelle baisse des pensions des anciens militaires que le gouvernement souhaite faire, et en catimini ! car sur leur simulateur officiel, ils prétendent que rien de change pour les militaires. C’est faux !

En plus, aucun des arguments avancés par le gouvernement (qui par ailleurs sont faux) sur un pseudo déficit du système de retraites n’est opérant, car les retraites des militaires sont principalement financées par l’impôt.

Revoir mon intervention en commission de la Défense nationale et des forces armées

La commission des affaires sociales a échoué à adopter le report de l’âge légal, et la loi

Le gouvernement a choisi une procédure permettant de raccourcir les débats au maximum. L’Assemblée nationale ne dispose que de 20 jours pour examiner un texte aussi important pour la vie des français. Aussi, la commission saisie sur le fond du texte, la commission des Affaires sociales, n’avait que 3 jours de discussion pour examiner l’ensemble du texte. C’est évidemment impossible, aussi elle a échoué à se prononcer sur le report de l’âge légal, ni la loi dans son ensemble.

En effet, le gouvernement dispose de l’article 47-1 de la Constitution, qui est permis dans le cadre d’un projet de loi de finances rectificative de la sécurité sociale. Selon cet article, l’Assemblée nationale a 20 jours pour statuer, faute de quoi, même sans vote, le gouvernement peut saisir le Sénat qui doit statuer sous 15 jours.

Il se trouve que le 9 février est prévu de longue date la journée réservée du groupe socialiste. Le groupe a demandé à reporter sa journée afin de pouvoir disposer de plus de temps de discussion pour la bataille des retraites. Mais cela lui a été refusé par une alliance de LREM et du RN ! Nous perdons donc 3 séances entières pour la bataille des retraites par leur décision.

Donc nous avons jusqu’au 17 février à minuit pour débattre de ce texte : tout est fait pour nous empêcher de porter la contestation dans l’hémicycle et défendre nos propositions de fond, pour une autre réforme des retraites. Car le groupe de la France insoumise – NUPES a un contre projet pour, au contraire, baisser l’âge légal de départ à la retraite et le remettre à 60 ans.

Dernière fourberie : si le parlement ne se prononce pas sous 50 jours, alors le texte peut être mis en œuvre par ordonnances ! sans vote !

Cette procédure est une sorte de 49-3 déguisé, pour pouvoir se garder un 49-3 sous le coude pour un autre texte qui ne nous réjouira pas davantage.

Cerise sur le gâteau : cette procédure pourrait être anticonstitutionnelle ! En effet, des juristes s’interrogent, car en théorie un projet de loi de finance rectificatif de la sécurité social est dédié à une situation d’urgence et de dérapage incontrôlé, nécessitant, avant la prochaine loi de finances annuelle, un rectificatif. Mais il n’y a aucune d’urgence à adopter ce texte dans l’année, puisqu’à l’heure actuelle le système des retraites est excédentaire. Le texte porte au contraire sur les décennies à venir ! Les constitutionnalistes y voient un donc détournement de procédure, qui devrait normalement pouvoir être sanctionné par le Conseil Constitutionnel.

Nouvelles mobilisations à venir et bataille parlementaire dans l’hémicycle

La mobilisation va continuer à prendre de l’ampleur, avec deux nouvelles dates annoncées, les 7 et 11 février devraient être l’occasion de manifestations historiques contre cette réforme dont personne ne veut.

Le gouvernement dit qu’il doit faire plus de pédagogie pour expliquer, mais plus il explique, plus les gens se rendent compte de ce que leur réforme va faire, et plus ils s’y opposent ! La première ministre invitée toute une soirée sur la télévision publique n’a convaincu personne.

Les quelques éléments avancés comme une « compensation » ont volé en éclat : la retraite minimale à 1200€ ne concernerait presque personne, la réforme ne va pas améliorer la condition des femmes, au contraire, même les ministres ont dû l’admettre. Les tartufferies sur la pénibilité au travail n’ont convaincu personne, surtout que c’est le même Macron qui a supprimé dès 2017 des critères de pénibilité au travail pouvant être pris en compte pour le calcul de la pension.

La bataille parlementaire s’annonce rude pour la majorité. Après une première défaite en commission de la Défense, il pourrait y en avoir de nouvelles en séance publique. Déjà en octobre, les pauvres députés macronistes étaient fatigués de siéger. Nous ne sommes pas fatigués, et les députés LFI siègeront jour et nuit et autant de temps que nécessaire pour défendre leurs amendements et arracher des victoires contre le gouvernement.

La NUPES a déposé 17 913 amendements, dont 12 986 rien que pour le groupe de la France insoumise. Le RN, cette opposition de pacotille, a trouvé le moyen de déposer moins d’amendements que le groupe LREM ! quelle farce ! ils n’ont rien à dire, parce qu’ils ne veulent pas de la retraite à 60 ans non plus, alors ils se cachent.

Les LR eux, étaient dans tous les votes les supplétifs des macronistes pour faire passer les articles de la réforme. Tout en disant qu’ils ne peuvent pas voter la réforme en l’état, c’est pourtant bien ce qu’ils font.

Les députés macronistes commencent à s’offusquer qu’on leur demande de travailler. Ils estiment qu’il faudrait 4 mois pour examiner l’ensemble des amendements, et que c’est trop. Ils demandent aux français de travailler 2 ans de plus et de faire des efforts, mais 4 mois ça serait trop pour eux ? quelle indécence !

Personne ne veut de cette réforme injuste, inutile et cruelle. Nous devons continuer à lutter pour faire battre le gouvernement en retraite. C’est possible. C’est à portée de main.