Le déconfinement fixé par Emmanuel Macron au 11 mai prochain est particulièrement hasardeux et improvisé. Tout devrait être fait pour rassurer et créer la confiance dont nos concitoyens ont tant besoin pour affronter cette difficile et douloureuse période d’épidémie. Au lieu de quoi, à force de cafouillages, le discours gouvernemental accroit les inquiétudes : je le perçois tous les jours dans les messages que m’adressent les habitants de ma circonscription, à Aubervilliers et Pantin. C’est particulièrement le cas pour ce qui est des écoles, dont la rentrée progressive est prévue le 11 mai. Je l’ai écrit précédemment : le ministre Blanquer n’est pas à la hauteur de la situation. Aujourd’hui, rien n’est rien réglé. Les communautés éducatives s’inquiètent. Les maires sont laissés seuls, devant une situation préoccupante. Ma position est claire : une rentrée concertée et sécurisée, ou pas de rentrée le 11 mai !
Le discours de Philippe et les annonces de Blanquer n’ont rien réglé
Le plan de déconfinement du gouvernement présenté par le Premier ministre Edouard Philippe à l’Assemblée nationale ce 28 avril, pas plus que les annonces du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le lendemain, n’ont réglé aucun des problèmes que pose la rentrée scolaire.
La reprise est toujours prévue de façon échelonnée. Mais le calendrier a changé une nouvelle fois – à partir du 11 mai pour le primaire, du 18 mai pour les classes de 6e et 5e, et de la fin du mois pour les niveaux suivants. La rentrée des enfants est toujours supposée se faire sur la base du volontariat. Mais le volontariat est en trompe l’œil : à partir du 1er juin les parents qui voudront bénéficier continuer à bénéficier du chômage partiel pour assurer la garde de leur enfant devront justifier d’une attestation de l’école affirmant qu’elle n’est pas en mesure de l’accueillir, pour des raisons . Un protocole sanitaire national doit être publié le 1er mai. Mais les préconisations sanitaires qui sont esquissées sont inapplicables et invraisemblables pour quiconque connaît un tant soit peu la réalité des écoles : 15 élèves dans des classes de 50m2 ! un mètre de distance entre les élèves et le respect des gestes barrière…à la maternelle ou en primaire ! Et en vérité aucune des questions n’est vraiment résolue en pratique, que ce soit pour ce qui est de la disponibilité du matériel de protection indispensable (gel, masques) ou pour l’aménagement de l’espace et du temps scolaire. Les syndicats enseignants et les fédérations de parents d’élèves ont exprimé leur plus vive inquiétude, parlant même de « bombe sanitaire ».
Le gouvernement place les maires dans une situation intenable
La gestion inepte de la crise par Macron, Philippe et Blanquer place les maires dans une situation impossible. Le gouvernement se défausse sur les maires. Il parle de « flexibilité » et de « pragmatisme » sur le terrain, pour ne pas dire qu’il les abandonne en première ligne. Il ne donne ni instruction précise ni le temps et les moyens suffisants pour les mettre en œuvre. La situation est plus difficile encore pour les communes de Seine-Saint-Denis, qui souffrent depuis des années d’un manque chronique de moyens qui pèse lourdement sur les services publics, et limite leur capacité à agir. Dans cette position intenable, les maires devraient ainsi prendre seuls la responsabilité d’ouvrir les écoles et de faire courir un risque sanitaire aux enseignants, aux personnels scolaires, aux élèves, aux familles ? Injonction odieuse, dilemme atroce, qu’un élu responsable ne peut trancher : pour éviter d’avoir à faire un tel choix, Stains, suivie de nombreuses communes de Seine-Saint-Denis, ont déjà annoncé leur décision de ne pas rouvrir les écoles le 11. Sage décision sans doute, mais qui accroit encore le chaos et l’arbitraire de la situation : les écoles de certaines villes rouvriront, mais d’autres resteront fermées ; certains écoles seront plus sécurisées que d’autres, dans les communes qui ont davantage de moyens. Tous les enfants n’auront donc pas le même droit à l’école, la même éducation : inégalité insupportable en République !
Ma position : à Aubervilliers et Pantin, une rentrée concertée et sécurisée, ou pas de rentrée !
Au vu des doutes qui planent sur les conditions effective de la rentrée, avec le groupe parlementaire de La France insoumise auquel j’appartiens, je me suis prononcé contre le plan gouvernemental de déconfinement. J’ai exprimé mes réserves sur la réouverture des établissements scolaires le 11 mai, et défendu l’idée que la rentrée devrait être repoussée en septembre.
Cependant, si la rentrée devait malgré tout avoir lieu en mai, je suis naturellement soucieux qu’elle ait lieu dans les meilleures conditions possibles. C’est le sens de mon action dans ma circonscription à Aubervilliers et Pantin. Les maires des deux communes, Meriem Derkaoui et Bertrand Kern ont pour l’heure fait des annonces différentes : la première a exprimé ses réserves sur la réouverture des établissements le 11, le second ne s’est pas encore exprimé, et semble enclin à les ouvrir. L’incertitude des habitants est réelle. J’ai donc adressé un courrier aux maires d’Aubervilliers et de Pantin pour :
- Les assurer de ma compréhension et de ma solidarité en cette période de crise
- Leur dire ma disponibilité à relayer les besoins des villes et de leurs habitants auprès des services de l’État, comme je l’ai fait depuis le début de mon mandat
- Proposer qu’une concertation exceptionnelle réunisse au préalable les acteurs des communautés éducatives pour organiser la rentrée.
- Leur dire ma position selon laquelle la réouverture des établissements scolaires n’est possible que si l’ensemble des garanties sanitaires sont réunies. En l’absence de ces garanties, mieux vaut repousser la rentrée.
Le civisme et la discipline collective nécessaires au bon déroulement de la rentrée des établissements ne pourront être garantis s’ils ne s’appuient pas avant toute chose sur la confiance des citoyens : Une rentrée concertée et sécurisée, ou pas de rentrée !
Retrouvez ci-dessous les courriers que j’ai adressé à Meriem Derkaoui, maire d’Aubervilliers et Betrand Kern, maire de Pantin