Depuis le mois de septembre dernier, comme à chaque rentrée scolaire depuis le début de mon mandat, je reçois presque chaque semaine les alertes des établissements scolaires d’Aubervilliers et Pantin confrontés au manque de moyens. Une inégalité scandaleuse dont souffre la jeunesse de notre département, et que je dénonce depuis le début de mon mandat de député, face à une administration de l’éducation nationale de plus en plus sourde.
Les difficultés qui existent depuis des années s’aggravent
Non remplacement des enseignants absents, absence de personnel de direction et de vie scolaire, de CPE, d’infirmière scolaire : ces difficultés existent depuis des années en Seine-Saint-Denis. Mais la situation va en s’aggravant. En cette fin de l’année 2021, elle est plus alarmante que jamais. Quatre mois après la rentrée scolaire, trois des quatre collèges de Pantin, les collèges Lavoisier, Lolive, Jaurès, dont deux classés en REP+, souffrent d’absences d’enseignants de longue durée, dont certaines n’ont pas été remplacées depuis septembre. Le lycée Aubrac, ainsi que plusieurs établissements du premier degré – l’école Méhul, l’école Liberté – sont également touchés. La situation n’est pas meilleure à Aubervilliers, au lycée Le Corbusier, au collège Rosa Luxembourg, à l’école élémentaire Wangari Maathai ou de l’école maternelle Taos Amrouche. La liste n’est pas exhaustive. Elle ne cesse de se rallonger. L’ampleur de ces absences est parfois vertigineuse : ainsi par exemple, au collège Jean Lolive de Pantin, ce sont près de 398 heures de cours qui n’ont pas été remplacées depuis le début de l’année scolaire, en histoire-géographie, en Allemand, en physique chimie, en Français, en Anglais. Les parents d’élèves de l’établissement on lancé une pétition pour pointer cette situation intolérable.
Cette politique injuste prive la jeunesse de notre département des moyens de réussir
On ne le répètera jamais assez : les conséquences de cette situation sont dramatiques pour les élèves, et leurs familles. La FCPE départementale a estimé en 2019 que 20% des heures de cours ne sont pas assurés dans les collèges du département, et qu’un élève de Seine-Saint-Denis cumule jusqu’à un an retard dans sa scolarité du fait des non-remplacements de professeurs absents. Bien trop souvent, l’école inclusive, pour les élèves qui ont besoin d’un suivi particulier, est, faute d’infirmière scolaire ou d’Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap (AESH), loin d’être une réalité. Privée des moyens nécessaires pour étudier dans de bonnes conditions, la jeunesse de notre département est tout simplement privée des moyens de réussir et de la possibilité de se construire un avenir !
Les personnels et les enseignants sont soumis à des conditions de travail intolérables
Quant aux personnels et aux enseignants des établissements, ils sont contraints de travailler dans des conditions de tension extrêmes, faute de moyens suffisants. Parfois, tout leur dévouement ne suffit pas à affronter des situations intenables, et la pression à laquelle ils et elles sont exposés se muent en drames indicibles – d’autant que la médecine du travail, qui devrait prévenir ces situations, est elle aussi sinistrée dans l’éducation nationale, une situation que je dénonce depuis des années. Tous et toutes ont encore en mémoire le suicide de Christine Renon, directrice de l’école Méhul à Pantin, en septembre 2018, qui avait laissé une lettre poignante, dans laquelle elle se disait « épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée », du fait de manque de moyens. Ses mots ont résonné dans l’ensemble des communautés de France. Je les ai lu, à la tribune de l’assemblée nationale. J’attends encore une vraie réponse du ministre de l’éducation nationale.
Le gouvernement et l’administration de l’éducation nationale sont alertés depuis des années
Cette situation scandaleuse est connue de toutes et tous, depuis longtemps. Les représentants de parents d’élèves, les syndicats des personnels et des enseignants, les élus, la dénoncent depuis des années. Depuis le début de mon mandat de député, j’alerte sans cesse la direction départementale des services académiques de l’éducation nationale en Seine-Saint-Denis (DSDEN) ainsi que le rectorat de Créteil sur ces difficultés que rencontrent les communautés éducatives de ma circonscription. Je ne compte plus les mobilisations, les questions écrites et orales posées au gouvernement, les courriers, que j’ai adressé au ministre de l’éducation nationale, au recteur de l’Académie, année après année, rentrée après rentrée, semaine après semaine (vous pouvez retrouver mes interventions sur l’éducation, ici). Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas.
Leur réponse ? Le déni et le mépris
Mais malgré ces alertes, les responsables se murent dans le déni…quand ils ne répondent pas avec mépris. Le ministre Blanquer se félicite de son bilan. Quant au rectorat de l’académie de Créteil et à la DSDEN, elles font la sourde oreille quand les parents d’élèves l’interpellent, ou quand je m’adresse à elle pour relayer leurs alertes et leurs revendications. Les postes vacants ou les remplacements sont pourvus au compte-goutte, et des mois se passent sans que les élèves n’aient cours. Pire, l’administration ne cesse de minimiser l’ampleur des difficultés, voire de nier leur existence. Ainsi, lors de sa traditionnelle réunion de rentrée devant les parlementaires, à laquelle j’assistais, le recteur de l’académie a fait distribuer une brochure, qui prétend démontrer qu’il est faux d’affirmer que les établissement scolaires de Seine-Saint-Denis disposent de moins de moyens que ceux de Paris : il nie ainsi purement et simplement les conclusions du rapport parlementaire sur l’action de l’État en Seine-Saint-Denis, remis en 2018 par les députés Cornut-Gentille et Kokouendo…conclusions pourtant irréfutables puisqu’elles s’appuient sur des chiffres de la cour des comptes. Comment peut-on discuter, comment peut-on avancer vers des solutions, quand le constat le plus élémentaire n’est pas partagé ? Dans la continuité de cette politique de déni, la DSDEN a même déclaré au journal Le Parisien, en novembre dernier que « dans l’immense majorité des près de 200 établissements de Seine-Saint-Denis, il n’y a pas de problématique particulière liée au remplacement ». Un comble ! Doit-on en conclure que ce sont les parents d’élèves qui rêvent et imaginent que leurs enfants n’ont pas cours ? Quel mépris ! Le « devoir de satisfaire aux demandes d’information du public », qui incombe aux fonctionnaires en vertu de la Loi n°83-634 du 13 juillet 1983, article 27 est-il encore respecté, quand l’administration semble avoir pour politique de nier systématiquement les difficultés ?
Nous ne demandons rien d’autre que l’égalité. Et nous nous battrons pour l’obtenir.
Je refuse de me résigner à accepter cet état de fait, synonyme d’une inégalité insupportable pour la jeunesse de Seine-Saint-Denis, d’une dégradation de la continuité et de la qualité du service public d’éducation, et à une rupture d’égalité entre les élèves dans l’accès à l’instruction. Je continuerai à me battre, en soutenant l’ensemble des mobilisations des communautés éducatives d’Aubervilliers et Pantin, en interpellant le ministère de de l’éducation nationale et le rectorat de l’académie de Créteil. J’ai encore interpellé le recteur, dernièrement, en lui demandant de recevoir les parents d’élèves d’Aubervilliers et Pantin, pour entendre leurs revendications. Notre département mérite une institution scolaire à la hauteur des efforts des élèves, des espoirs des parents, du dévouement des personnels et des enseignants. Nous ne demandons rien d’autre que l’égalité, et nous nous battrons pour l’obtenir.