A Kewi. Nous ne nous résignons pas.

Le vendredi 4 octobre dernier, un adolescent a été tué dans une altercation, à l’entrée du parc municipal des Lilas, à proximité du collège Marie Curie. Il s’appelait Kewi. Il était originaire du Pré-Saint-Gervais. Il était scolarisé à Aubervilliers, où il venait de commencer l’année scolaire, au Lycée d’Alembert. Il était âgé de 15 ans seulement.

Une marche blanche a lieu ce dimanche matin, du Pré aux Lilas, en hommage à Kewi. Vendredi dernier, les parents d’élèves ont appelé à une journée blanche. Les enseignant·es ont exercé leur droit de retrait, une délégation s’est rendue devant le rectorat de Créteil. En ces heures tragiques, je m’associe à l’émotion et au deuil de toutes celles et ceux qui l’ont connu, de ses camarades, de ses proches, de ses enseignant·es. J’adresse à sa famille mes sincères condoléances, toutes mes pensées et mon affection. 

Rappelons-nous qu’il y a un an presque jour pour jour, un autre jeune homme agé de 13 ans à peine, Aboubakar, disparaissait dans une rixe, aux Lilas encore, en octobre 2018. Comment peut-on en arriver là ? Comment la violence peut elle présente au quotidien jusqu’à ce que la mort frappe ? 

A l’heure où j’écris ces lignes, deux interventions entendues à la radio résonnent dans ma tête. Celle de la sœur de Kewi, qui décrivait la peur innommable qui imprègne son quotidien et réclamait que l’État  » se bouge « . Et celle du ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, qui tout en promettant la fermeté, évoquait un drame qui s’est déroulé  » en dehors de l’enceinte scolaire  » et qui  » renvoie au violences de notre société « . Mots creux, flous. Faut-il en déduire que le ministre ignorera les besoins de la communauté éducative du collège Marie Curie et du lycée Paul Robert des Lilas, où ont eu lieu le drame, et qui demandent un CPE, des assistants d’éducation, le classement REP ? Comme il l’ a fait, tant de fois. 

Tout est dit ou presque. Un département la Seine-Saint-Denis, dont les habitant·es demandent que l’État cesse de les abandonner. Et un gouvernement qui fait la sourde oreille et fait des phrases creuses. Les habitant·es, les associations, les élu·es d’opposition dont je suis tirent depuis des années la sonnette d’alarme. Il y a un plus d’un an, un rapport parlementaire constatait le manque de moyens des services de l’État en Seine-Saint-Denis, dans l’éducation, la police, la justice. Tant d’autres domaines devraient être mentionnés. Que s’est-il passé depuis ? Rien ou presque. Des comités de suivi du rapport. Sans qu’aucun moyen budgétaire substantiel et à la hauteur des besoins n’ait été évoqué. L’on attend toujours les annonces du Premier Ministre. En vain. Bien au contraire, le gouvernement actuel continue de démanteler méthodiquement les services de l’État, guidé par l’idéologie aveugle pour laquelle le service public est toujours  » trop cher « . 

Et ce sont les habitant·es de la Seine-Saint-Denis qui payent le prix. Quand les moyens d’assurer la sécurité manquent, et plus encore, quand toutes les structures qui devraient assurer la prévention et la concorde sociale – à commencer par l’école – ne tiennent bien souvent plus que par le dévouement de fonctionnaires qui n’ont pas les moyens de travailler. Quand la jeunesse n’a ni l’accompagnement nécessaire ni les perspectives d’un avenir meilleur. 

Nous ne nous résignons pas à accepter une société dans laquelle des jeunes de 15 ans meurent ainsi. Nous n’avons pas peur de nommer les causes de cette violence, les politiques libérales qui détruisent le tissus social et les services publics. Ces politiques, nous sommes résolus à les combattre, et à œuvrer pour que chacun·e ait les moyens d’étudier, de vivre en paix et en sécurité, et de se construire un avenir.