Rencontre avec les réfugiés du quai Jean-Marie Tjibaou à Aubervilliers

Ce samedi 16 mai 2020, j’ai rencontré à leur demande, les réfugiés installés quai Jean-Marie Tjibaou à Aubervilliers.

Des conditions d’hébergement révoltantes

J’ai visité l’installation de fortune qui accueille près de 130 personnes – la plus jeune âgée de 16 ans à peine – , originaires de différents pas d’Afrique, du Maghreb, de Syrie. Les conditions d’hébergement sont effrayantes, révoltantes, tant du point de vue du confort le plus élémentaire que du point de vue sanitaire. Les réfugié·es partagent une grande pièce pour dormir et vivre. Une seule salle d’eau, sommaire, leur est accessible. Ce n’est qu’avec la crise du COVID-19 que la mairie de Paris, qui a l’autorité sur le quai, a finalement fait installer des sanitaires à l’extérieur. Une cuisine rudimentaire est également installée à l’extérieur.

Des vies privées de tout

J’ai pu passer une heure avec les habitants du squat ; l’occasion d’échanges bouleversants sur leurs conditions de vie. Ils vivent là depuis deux ans, privés de tout. Dormir, se laver, faire la cuisine : autant de besoins et droits élémentaires dont les réfugiés sont privés. Aucune solution d’hébergement pérenne ne leur a été proposée. Bien que presque tous soient demandeurs d’asile, leur situation administrative est toujours bloquée. La crise du Covid-19 a encore aggravé leur condition : si des distributions alimentaires ont eu lieu régulièrement grâce au soutien des bénévoles, les réfugiés n’ont pas reçu suffisamment de masques – et les conditions d’insalubrité auxquelles ils sont exposés les rendent particulièrement vulnérables. Le groupe est endeuillé. L’un des réfugiés a disparu dans des circonstances obscures avant d’être retrouvé mort, dans des circonstances que l’enquête n’a pas encore éclairci.

Ne jamais faillir à notre devoir d’humanité : c’est notre engagement, notre obligation

Le cœur se serre quand l’on écoute ces récits. Comment notre pays peut-il traiter ainsi ceux qui viennent y chercher refuge ? Comment l’Etat peut-il se défausser de ses responsabilités envers ceux que la France se devrait d’accueillir ? Comment peut-il laisser aux seuls bénévoles associatifs la responsabilité d’assurer des missions qui relèvent du devoir d’assistance le plus élémentaire du service public ? Nous ne pouvons nous y résoudre. Je m’engage à apporter aux réfugiés tout le soutien en mon pouvoir, en appuyant leurs démarches de régularisation, en intervenant auprès du procureur pour que toute la lumière soit faite sur la disparition de leur camarade. La France insoumise n’acceptera jamais de voir notre pays manquer ainsi à son devoir d’humanité. La solidarité envers ceux qui souffrent : c’est notre engagement, notre obligation.