Numérique : les bonnes intentions ne sauveront pas le climat

Bastien Lachaud a pris la parole à propos de la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental du numérique.


Il a dénoncé la fausse idée selon laquelle le numérique permettrait une dématérialisation : le numérique a une autre matérialité, qui nécessite des matières premières pour la fabrication, de l’énergie, des métaux, des terres rares. Le numérique se matérialise dans des immenses hangars de serveurs, qui utilisent beaucoup d’énergie, des sols. Il se matérialise par la montagne de déchets de produits high tech rapidement démodés et obsolètes.

Aussi, il est urgent d’opérer dans le domaine numérique une bifurcation écologique, comme dans le reste de l’activité humaine.

Nous proposons des mesures contraignantes pour la réparabilité des objets numériques.
Nous proposons un moratoire sur la 5G.
Nous proposons un moratoire sur Star Link qui pollue l’espace et la nuit.
Nous proposons un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins.

LREM a tout rejeté.

Lire le texte du discours sur l’empreinte du numérique :

Nous abordons une proposition de loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique. Je ne peux que soutenir une telle intention, car elle va dans le bon sens. En effet, à l’heure de l’urgence climatique, nous devons tout faire pour enrayer le bouleversement climatique, et préserver le seul écosystème compatible avec la vie humaine.

Les technologies numériques ont pour réputation, fausse et pourtant tenace, d’être plus écologiques. On se rend compte de la quantité de papier que l’on envoie par courrier. Il est moins aisé de se rendre compte immédiatement du coût écologique d’un mail, car il a l’air immédiat et virtuel, sans impact.

Le lexique entretient cette confusion : on utilise volontiers le mot de « dématérialisation ». Or, il n’en est rien : le numérique a une autre matérialité : des serveurs, qui sont dans des bâtiments, qui produisent de la chaleur, sont alimentés en électricité, etc.

Ainsi, est-il crucial de s’interroger sur l’impact environnemental de ces technologies. L’électricité nécessaire à leur fonctionnement est produite dans des conditions très matérielles. Les objets numériques demandent des process de fabrication complexe, des matières premières, des métaux, des terres rares. L’extraction de ces minerais a un fort impact écologique. Ce n’est pas parce que les objets sont de plus en plus petits qu’ils ont moins d’impact !

L’évolution rapide des objets technologiques, produit des montagnes de déchets très matériels. La pointe de la technologie est obsolète en quelques années. Leur conception quasiment « jetable » conduit à rendre difficile leur réparation, de façon à inciter au remplacement des objets, toujours plus chers et sophistiqués.

Aussi, dans le domaine numérique, comme dans le reste, il faut engager une bifurcation écologique. Cela commence par faire prendre conscience de l’impact écologique du numérique dans son utilisation et sa fabrication. Ensuite, il faut que la législation définisse des normes contraignantes. C’est là où cette proposition de loi doit être améliorée, car les belles intentions ne suffisent pas pour répondre à l’urgence écologique. Enfin, il faut agir au niveau de la production, davantage que du consommateur, prendre le problème à ses causes et par ses conséquences.

C’est pourquoi nous proposons de renforcer l’éducation aux impacts technologiques, et aux moyens de le limiter. C’est pourquoi nous proposons de faciliter la réparation des objets et la disponibilité des pièces détachées, pour éviter l’obsolescence programmée, y compris l’obsolescence logicielle.

C’est pourquoi nous voulons un accès au numérique à tous, avec la réduction de la fracture numérique, et un moratoire sur la 5G, et le réseau Starlink. Nous avons proposé par amendement un moratoire sur l’artificialisation des sols pour l’implantation de data center, mais pour LREM, bétonniser le sol serait « hors sujet ». L’arbitraire et l’application abusive de l’article 45 a encore frappé. De même, nous ne débattrons pas de l’exploitation des fonds marins pour extraire les matières premières pour la fabrication d’objets connectés. Un écosystème fragile pourrait être irrémédiablement détruit pour construire des gadgets jetables numériques, c’est hors sujet ! Avec LREM, où le lobby passe, le débat parlementaire trépasse.